La très grande majorité des établissements regroupés au sein de la Fédération des établissements d'enseignement privés (FEEP) ne se reconnaît pas dans le dossier à charge de La Presse du samedi 10 octobre, coiffé du titre-choc «Pas de pitié pour les faibles».

La très grande majorité des établissements regroupés au sein de la Fédération des établissements d'enseignement privés (FEEP) ne se reconnaît pas dans le dossier à charge de La Presse du samedi 10 octobre, coiffé du titre-choc «Pas de pitié pour les faibles».

Les journalistes y décrivent un monde impitoyable qui ne s'embarrasse pas d'états d'âme quand vient le temps d'expulser des élèves. Des témoignages de parents et d'élèves présentés comme des victimes d'un système cruel viennent étayer un propos dévastateur. Bref, l'image projetée est celle d'éducateurs n'ayant que peu de valeurs, sinon celle de l'excellence à tout prix, sans aucune préoccupation pour ceux qui ne cadrent pas dans un univers rongé par le vice de l'élitisme et corrompu par l'irrépressible besoin de réussir aux palmarès.

Rappelons d'abord les prises de position de la FEEP en ce qui concerne ces palmarès que nous avons dénoncés dès leur apparition dans les médias. Nous décrions depuis toujours leur méthodologie et partageons le point de vue selon lequel leurs effets sont néfastes pour l'ensemble du milieu de l'éducation. Nous n'accordons pas de valeur à ce genre d'analyse effectuée loin de la réalité de chaque école, par des chercheurs installés devant leurs écrans d'ordinateur, compulsant des données sophistiquées et se livrant à de savants calculs, qui posent à distance des diagnostics abstraits et décrètent que l'équipe de telle école est supérieure à telle autre. Nous profitons de l'occasion pour saluer la relâche de cette année et espérons que cette pause sera définitive.

L'analogie de Roch Chouinard, citée dans ce dossier, comparant les établissements privés à des hôpitaux qui mettraient prématurément fin aux soins que requièrent leurs malades, vaut pour l'ensemble du système d'éducation. Cette analogie s'applique malheureusement tout autant aux commissions scolaires qu'aux cégeps et aux facultés universitaires, en mal de retenir leurs élèves ou leurs étudiants les plus fragiles. La réalité est cependant tout autre. La majorité des établissements que représente la FEEP n'hésite pas à déployer tous les efforts requis pour que les élèves poursuivent leur parcours scolaire avec le moins de heurts possible.

Depuis la période 1998-2002, le taux de persévérance dans les établissements privés est passé de 67% à 73,3% selon les données du ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport. On est encore loin de la perfection, mais la tendance est là, vers une amélioration significative. On ne peut par ailleurs assimiler les 26,5% d'élèves manquants à des décrocheurs puisque la très grande majorité demeure scolarisée et obtient son diplôme. L'exemple cité du Collège Mont-Saint-Louis où un changement de mentalité se serait opéré est loin d'être unique. Un nombre grandissant de collèges a adopté au fil des ans des moyens non seulement pour retenir leurs élèves, mais aussi pour offrir l'appui pédagogique à ceux qui font face à des difficultés. Nous pourrions citer de nombreux exemples où des professionnels ont été embauchés afin d'intervenir auprès d'élèves en difficulté d'apprentissage ou qui éprouvent des problèmes de comportement, dont certains proviennent du secteur public.

Les établissements que notre fédération regroupe sont reconnus pour la qualité de l'encadrement offert à leurs élèves. Tous reçoivent des témoignages – que l'on pourrait opposer à ceux du dossier de La Presse – de parents enchantés des mesures mises en place pour assurer un suivi régulier et assidu de leur enfant. Il s'agit bien souvent de mesures simples, mais efficaces qui font la différence entre réussite et échec, entre persévérance et décrochage. Des élèves «faibles» et «rebelles» en ont profité. Ils en remercient aujourd'hui les éducateurs qui ne les ont pas abandonnés. On est loin de la violence d'expulsions basées sur l'application de règlements bébêtes dont le dossier de La Presse fait état.

Faut-il rappeler aussi que la caricature du «cancre» accepté dans un établissement privé parce que provenant d'un milieu aisé ne résiste pas à la réalité. Bien au contraire, grâce à des programmes de bourses soutenus par des fondations, les établissements privés sont plus accessibles que jamais.

L'enseignement privé, loin de l'image monolithique que l'on se plait à cultiver en certains milieux, évolue, s'adapte à un monde changeant et assume ses responsabilités envers les parents et les élèves qui le choisissent. Le réseau privé n'a pas le monopole de l'excellence, tout comme le réseau public n'a pas celui du coeur, de l'éthique sociale et de l'aide aux plus faibles.

Dommage qu'on n'ait pas profité de cette «Semaine de valorisation de l'école publique» pour faire connaître les bons coups et les succès de l'école publique, cherchant ainsi à rétablir le lien de confiance entre les parents et l'école publique. Au lieu de cela on a fait le choix d'attaquer l'école privée et de culpabiliser les parents qui le choisissent. Quelle belle occasion ratée!

L'auteur est directeur général du Collège Bourget et président de la Fédération des établissements d'enseignement privés (FEEP).

UNE MINORITÉ DE COLLÈGES

Marie Allard

La Presse


M. St-Jacques, je me réjouis comme vous du fait que le taux de persévérance dans les collèges privés soit passé de 67% à 73,3%, mais je constate que cela laisse encore place à l'amélioration. Évidemment, le système public perd aussi des élèves – cet inquiétant décrochage fait régulièrement les manchettes – mais sans les avoir expulsés, ni sélectionnés à l'entrée, ce qui est très différent.

Je conviens que seule une portion des écoles privées est réservée à l'élite, aux élèves forts. D'autres prennent aussi les élèves moyens, mais rarement des faibles. Seuls 35 des 273 collèges privés du Québec ont admis au moins 10% d'élèves en retard scolaire l'an dernier, ce qui leur donne droit à une subvention supplémentaire pour les aider. Est-il faux d'écrire que le privé n'a «pas de pitié pour les faibles» quand on sait que les autres refusent cette subvention gouvernementale et les responsabilités qui viennent avec?