La Journée mondiale des enseignants, qui se tient chaque année le 5 octobre, célèbre l'anniversaire de la signature de la Recommandation concernant la condition du personnel enseignant adoptée par l'UNESCO en 1966. Cette recommandation apparaît d'actualité, puisque plusieurs partenaires du monde de l'éducation cherchent à valoriser la profession enseignante. Mais, au-delà des discours, que fait-on vraiment?

La Journée mondiale des enseignants, qui se tient chaque année le 5 octobre, célèbre l'anniversaire de la signature de la Recommandation concernant la condition du personnel enseignant adoptée par l'UNESCO en 1966. Cette recommandation apparaît d'actualité, puisque plusieurs partenaires du monde de l'éducation cherchent à valoriser la profession enseignante. Mais, au-delà des discours, que fait-on vraiment?

Prenons le temps de regarder les différentes facettes du travail enseignant. Que font réellement les enseignantes et enseignants durant tout ce temps passé avec leurs élèves? Bien sûr, ils enseignent le programme officiel, mais ils le font en choisissant des moyens visuels et sonores d'actualité qui stimuleront ces derniers; en reformulant dans un langage adapté, concret, imagé pour que chacun s'y reconnaisse; en lisant sur les visages les interrogations, les doutes, le découragement; en attirant l'attention sur les faits marquants, les concepts importants. Et quand les élèves sont partis à la maison, ces mêmes personnes retournent à leurs cahiers pour préparer le contenu du prochain cours, trier les exercices appropriés, corriger les copies, etc.

Le temps et l'énergie que les enseignantes et enseignants mettent dans leur travail, les choix qu'ils font et les actions qu'ils accomplissent vont au-delà du savoir théorique des manuels et des modes pédagogiques. Ce savoir spécifique, difficile à cerner, ne se résume pas à la maîtrise de sa discipline et à une facilité à communiquer. L'enseignement est plus complexe. C'est un travail interactif, sur et avec l'humain. C'est un travail de conviction, de valeurs, de réflexion. C'est un travail qui nous suit partout, parce qu'on y met une grande part de nous-mêmes.

Les enseignantes et enseignants s'engagent entièrement dans leur travail et ils sont d'autant plus remarquables qu'ils enseignent souvent dans des conditions difficiles, que ce soit les élèves en difficulté d'apprentissage, la violence verbale et parfois physique qui nuit au climat de classe ou, encore, les écarts importants entre les élèves de la classe. Comment accepter le sentiment d'impuissance que témoigne le personnel enseignant devant le peu de moyens dont il dispose pour amener les élèves vers la réussite? Il faut croire en ce que l'on fait pour persévérer dans ce métier.

Différentes enquêtes confirment que la tâche des enseignantes et enseignants est de plus en plus lourde. Cet alourdissement est particulièrement constaté dans le travail hors classe, par exemple pour siéger aux comités et aux lieux de décision, pour organiser des campagnes de financement, pour mettre en place de nombreux plans d'action ou pour accomplir des tâches bureaucratiques.

Selon Claude Lessard, ces tâches «énergivores et consommatrices de ressources [...] expliquent l'essoufflement des enseignants et le discours sur l'alourdissement de la tâche. Le cri du coeur de plusieurs à l'effet que l'école et ses travailleurs ont besoin d'oxygène exprime le sentiment de surcharge et d'impossibilité de répondre à toutes les demandes et à toutes les attentes»(1). On demande aux enseignantes et enseignants de tout accomplir, y compris ce qui relève davantage de la famille et de la société que de l'école. De plus, on fixe la barre très haute, sans leur donner les moyens de l'atteindre.

Les enseignantes et enseignants sont tous les jours sur la ligne de feu. Il est impératif et urgent de valoriser leur travail, notamment en tenant compte de leurs opinions, en respectant leur autonomie professionnelle, en leur donnant tous les outils pour accomplir leur travail et en leur permettant d'exprimer leur jugement et leur créativité professionnelle dans leur travail. En considérant les enseignantes et enseignants pour ce qu'ils sont, de véritables professionnels, on enverra le signal que l'éducation est une réelle priorité.

(1) Claude Lessard, Réformes en éducation, condition enseignante et métier enseignant: un point de vue nord-américain, Communication au colloque du CSFEF, 13 juin 2008.

* Manon Bernard, Gaétan Bell, Lynda Berthiaume, Francine Boily, Daniel Charest, Huguette Faille, Jacques Jacob, Laurent Lamontagne, Serge Laurendeau, Gaston Leclerc, Stéphan Lenoir, Mario Morin, Lise Proulx, Mario Sévigny, Micheline Shinck