Au Québec, une personne devient séropositive toutes les six heures. Plus de 25 000 Québécois consomment de la drogue injectable. Ces usagers forment, ici même, un des groupes les plus touchés par le VIH.

À Montréal, 20 % d'entre eux en sont atteints.

Ces personnes peuvent également être infectées de l'hépatite C.

Ajoutons que ces maladies sont transmissibles et qu'elles sont souvent sans traitements.

Il y a aussi les cas d'overdose.

Et, autre aspect de la problématique, de nombreuses seringues souillées traînent et menacent la salubrité publique.

Voici pourtant qu'une avenue se présente, une avenue qui pourrait non pas régler en totalité tous ces problèmes, mais qui pourrait faire la différence.

Pourquoi ne pas implanter un centre d'injections spécialisées?

Cette question, hélas, a été éludée par notre cher ministre fédéral de la Santé, Tony Clément, et par le très crédible ministre québécois de la Santé, Yves Bolduc.

Ceux-ci semblent camoufler leur laxisme en prétendant attendre des études additionnelles à ce sujet.

Ne pourraient-ils pas s'inspirer des louables initiatives du centre de Vancouver?

Ce dernier ayant contribué à la diminution des cas d'overdose, de la criminalité, de la transmission de maladies infectieuses et des seringues qui traînent.

Cela est-il trop peu probant pour notre ministre de la Santé ou cela ne heurte-t-il pas plutôt son idéologie de droite?

J'opte pour cette avenue lorsque je vois dans le journal un article sur l'ADQ, parti dont l'idéologie se rapproche fortement de celle des conservateurs, et qui clame haut et fort que les organismes visant à aider les usagers de la drogue ne font que les aider à se tuer et que ces sites ne servent donc à rien.

De toute manière, si l'ADQ prend le pouvoir, disent ses «responsables», les fonds fournis à ces organismes seront révisés.

Pourquoi ne pas conclure, tant qu'à y être, que ces laissés-pour-compte mourront tôt où tard, que c'est tant pis pour eux?

Pourquoi ne pas faire comme s'ils n'existaient pas?

Cette réalité, aussi malheureuse soit-elle, fait partie de notre société.

Non seulement elle existe, mais elle prend des proportions de plus en plus alarmantes.

Nous devons y faire face, même si cela ne nous touche pas personnellement.

Nous ne pouvons rester insensibles puisque ce monde de la marge fait partie intégrante de notre monde.

Une fois que le phénomène de la dépendance à la drogue s'enclenche, c'est non seulement le côté psychologique de la personne qui est affecté, mais également sa physiologie.

Bien sûr, on sait bien que la drogue n'est pas bonne à prendre.

Toutefois, ce serait faire preuve de démagogie que de prétendre que ces centres de transition sont des incitatifs à consommer.

Au contraire, il s'agit de prévenir le mal et ses conséquences: les maladies, les overdoses, les seringues porteuses qui traînent.

Si cela peut amener des répercussions positives, alors je ne vois pas pourquoi nous devrions reculer à cause de nos préjugés et de nos idéologies.

Ces centres n'inciteront pas les gens à prendre de la drogue, ils en prennent déjà.

Avec ces «piqueries», les injections seront tout simplement plus sécuritaires pour ces exclus, mais aussi plus sécuritaires pour nous tous.

Bref, nous devons cesser de faire l'autruche et prendre position en regard de ce type d'aide que sont les centres d'injections supervisées.

Nous devons laisser derrière nous nos idées conservatrices.

En assumant socialement un certain contrôle sur les injections, ne pourrions-nous pas mieux informer les usagers des drogues et les diriger vers des traitements pour les aider à surmonter leur consommation?

Ne devrions-nous pas être plus sensibles à cette aide bénéfique et préventive?

Stéphanie Turcotte

Étudiante en Cultures

Droits et mondialisation

Collège Laflèche