Il fut un temps, vraiment pas si lointain, où l'on prenait la mesure des catastrophes qu'une fois qu'elles avaient semé la destruction. Dans le cas de l'ouragan Gustav qui a frappé la région de la Nouvelle-Orléans, il en aura coûté 97 milliards $ pour réaliser jusqu'à quel point, non seulement la force destructrice de la nature doit être respectée, mais encore ses conséquences peuvent être limitées par une gestion efficace de la part des autorités civiles et politiques.

Il fut un temps, vraiment pas si lointain, où l'on prenait la mesure des catastrophes qu'une fois qu'elles avaient semé la destruction. Dans le cas de l'ouragan Gustav qui a frappé la région de la Nouvelle-Orléans, il en aura coûté 97 milliards $ pour réaliser jusqu'à quel point, non seulement la force destructrice de la nature doit être respectée, mais encore ses conséquences peuvent être limitées par une gestion efficace de la part des autorités civiles et politiques.

En 2005, l'ouragan Katrina a doublement frappé la Nouvelle-Orléans, d'abord par le déferlement de sa furie, et tout autant par les effets combinés d'une préparation inadéquate, de mesures d'urgence mal enclenchées, d'une évacuation insuffisante, de protections inadéquates et de l'insensibilité de certains politiciens, à commencer par le président Bush. Quant aux autorités de la Federal Emergency Preparation Agency, elles avaient été carrément dépassées par les événements. Ironiquement, le site de la FEMA annonçait hier que septembre est le mois de la "National Preparedness".

Trois ans plus tard, on constate que l'on a pris très au sérieux les effets dévastateurs de Katrina et qu'à tout le moins, une catastrophe sanitaire et humanitaire ne viendra pas s'ajouter à une catastrophe naturelle. Il est trop tard pour déménager la Nouvelle-Orléans, en refaire la configuration. Tout au plus pourra-t-on renforcer un système de digues de 500 km dont les faiblesses structurelles ont été des éléments déclencheurs du désastre après le désastre. Elles ne pourront jamais endiguer totalement les assauts de tempêtes plus fréquentes et plus puissantes.

Un responsable militaire lors de la catastrophe de Katrina en 2005 affirmait qu'il faut développer une "culture de l'état de préparation" à une foule de désastres qui peuvent survenir à tout moment. Il ajoutait que, pour chaque dollar de préparation à un désastre, on en épargne neuf en dommages après le désastre.

Cette leçon est importante tant pour les autorités civiles, les systèmes de santé et les pouvoirs publics que pour les individus. Cette "culture de l'état de préparation" ne signifie pas qu'on peut tout éviter simplement parce qu'on s'y est préparé et qu'on a tout prévu. Elle est surtout une exhortation à ne jamais minimiser l'importance des mesures préventives, de la gestion de crise, des communications et du leadership des autorités civiles, sanitaires et politiques.

Une catastrophe naturelle ou un accident peut facilement se transformer en un désastre politique si la population n'est pas bien avertie, informée, aidée et confortée. Des crises comme les inondations au Saguenay et au Manitoba, le grand verglas ou le SRAS, l'explosion d'un dépôt de propane à Toronto et, maintenant, la listériose, démontrent à un autre registre que les autorités politiques et les responsables locaux ne peuvent se soustraire à leurs responsabilités publiques ou entretenir la perception qu'ils sont insensibles au triste sort des populations ou des individus touchés. C'est un message que les représentants des partis républicain et démocrate ont saisi en déclarant une trêve à la campagne présidentielle et en réduisant substantiellement les activités de la convention républicaine. Le président Bush a d'ailleurs annulé le discours qu'il devait prononcer à la convention pour se déplacer au Texas et suivre de près les opérations de gestion de cette crise.

Plus près de nous, on a constaté lors du glissement de terrain appréhendé de la rue Lafrance, à Gatineau, que la population s'attend à ce que les autorités publiques soient présentes et contrôle la situation.

À cet effet les médias, nouveaux et traditionnels, et la présence des chaînes continues d'information, jouent un rôle capital et souvent controversé puisqu'ils sont à la fois des courroies de transmission de l'information et des acteurs à l'occasion de ces événements. Il n'est donc plus possible pour les autorités publiques de se soustraire à leurs responsabilités puisqu'elles opèrent sous la loupe et devant le miroir déformant de l'actualité. Le passage de l'ouragan Gustav démontre que beaucoup de dures leçons ont porté et qu'on est jamais trop prêt devant l'inévitable.

pbergeron@ledroit.com