Lécho d'un peuple vivrait ses derniers moments. Cinq années d'espoir, quelques années de labeur de plus avant de lancer ce grand bateau, voilà ce qui est en jeu ces jours-ci. Mais il y a plus encore sur la table : il y a toute la fierté de la communauté franco-ontarienne qui se dessine en filigrane. Car L'écho d'un peuple, c'est un peu un projet qui est venu prendre le relais de SOS Montfort dans l'éveil de la conscience franco-ontarienne, au tournant de 2000.

Lécho d'un peuple vivrait ses derniers moments. Cinq années d'espoir, quelques années de labeur de plus avant de lancer ce grand bateau, voilà ce qui est en jeu ces jours-ci. Mais il y a plus encore sur la table : il y a toute la fierté de la communauté franco-ontarienne qui se dessine en filigrane. Car L'écho d'un peuple, c'est un peu un projet qui est venu prendre le relais de SOS Montfort dans l'éveil de la conscience franco-ontarienne, au tournant de 2000.

Tout n'est pas perdu, non. Mais l'aventure approche de la fin. Les dernières années ont été difficiles. Ce fut de sauvetage en sauvetage. Hier, le président de la corporation L'écho d'un peuple Inc., Ronald Caza, a lancé un autre appel à la communauté. Les spectateurs n'ont tout simplement pas été au rendez-vous de L'écho d'un peuple en assez grand nombre pour continuer l'aventure. Il a cité un chiffre : "[...] à peine 400 personnes [certains soirs], soit moins de 25 % du seuil pour survivre financièrement". Ce nombre est atrocement bas et il est illusoire de croire en l'avenir d'un événement avec une si faible fréquentation. Ce serait tenter de berner les partenaires financiers, les milliers de bénévoles... et la communauté franco-ontarienne à l'effet que L'écho d'un peuple rayonne de vivacité. La réalité, expose M. Caza, prouve le contraire.

Nous pouvons supputer sur plusieurs causes potentielles des difficultés vécues par L'écho d'un peuple. Certaines ne sont pas trop ardues à identifier. Il y avait le lieu même du spectacle, sur la ferme Drouin, dans la municipalité de La Nation. À un peu moins d'une heure de la région de la capitale, à 90 minutes de Montréal, la ferme Drouin est sans doute une belle propriété agricole et un lieu porteur d'histoire, mais pour un événement culturel, c'était au milieu de nulle part. Cela n'était pas un obstacle infranchissable, mais ça ne facilitait pas les choses. Il n'est pas étonnant que certains aient à un moment donné jonglé avec l'idée de déménager L'écho d'un peuple plus près d'Ottawa, ou au coeur d'Ottawa même.

Il y avait aussi un charme certain à l'idée de présenter un spectacle en plein air. Mais cela comportait son lot d'incertitudes, avec les risques de pluie et de vents frisquets. Lorsque l'on parle du succès pérenne de La Fabuleuse, un spectacle à grand déploiement au Saguenay, on ne se rappelle pas tous du fait qu'il s'agit d'un spectacle intérieur.

La trame de l'histoire a aussi suggéré qu'il faille attendre la pénombre du soleil couchant pour amorcer la soirée. Dans les semaines qui suivent le solstice d'été, cela signifiait des débuts bien après 21 h... et des tombées de rideau passé minuit. Plusieurs spectateurs se sont plaints de ne retourner à la maison qu'aux petites heures du matin. Si on habite Casselman, ça va, mais lorsqu'est venu le temps de courtiser les foules de Gatineau, Montréal ou Joliette, cela créait un obstacle de plus.

La compétition avec d'autres spectacles à grand déploiement n'a pas aidé non plus. En 2008, la Mauricie, Drummondville, Saguenay et l'Abitibi en offrent aussi. Il n'était pas facile de renverser cette compétition en un atout en proposant des forfaits multiples. Divers problèmes de gestion, au fil des équipes qui se sont succédé à la barre de L'écho d'un peuple, n'ont pas aidé à créer un climat de confiance derrière l'événement.

L'écho d'un peuple aura souffert de ces quelques maux. Et se dressait devant un défi plus grand encore, celui de renouveler le spectacle de fond en comble après quelques années. Car une fois qu'un spectateur l'a vu une ou deux fois, où était l'intérêt d'y retourner ? Il fallait raviver les forces créatrices derrière L'écho d'un peuple pour offrir au public un événement autre, plus grand encore, plus nouveau, plus tourné vers l'avenir. Dans le contexte financier difficile des quatre dernières années, cela aurait été illusoire de mandater des créateurs dans ce chemin.

Il reste encore une petite chance, une toute petite occasion pour que L'écho d'un peuple renaisse de ce feu qui est en train de le laisser en cendres. À défaut de cela, le plus important derrière tout cela, c'est le souvenir que laissera L'écho d'un peuple à la communauté franco-ontarienne. Elle n'a pas souvent été favorisée par le sort, elle a souvent dû se battre. Mais elle a toujours su survivre. Elle survivra à L'écho d'un peuple. Avec le souvenir d'avoir au moins tenté une belle aventure, une aventure à la hauteur de son désir de vivre.

pjury@ledroit.com