Comme il doit être pénible de se savoir l'égal de Dieu et de devoir quotidiennement côtoyer ces inférieurs qu'on nomme «citoyens» et qui ne savent même pas que l'unique justification de leur médiocre existence est de vous glorifier.

Ne vous y trompez pas monsieur Lévesque.

Le dégoût que nous ressentons aujourd'hui n'a finalement rien à voir avec votre si précieux Trois-Rivières sur Saint-Laurent.

Il procède de cette nouvelle démonstration des valeurs fondamentales que vous chérissez et qui vous définissent: l'orgueil, l'arrogance, l'intolérance et la démagogie.

Le dictateur roumain Ceausescu se voyait comme le «firmament de l'humanité»; à cette échelle, vous n'apparaissez guère autrement que comme le «plafond bien bas du sous-sol de votre petitesse».

Nul n'est surpris que vous ayez trouvé une entourloupette aussi légale qu'immorale pour ignorer l'insupportable audace de ces petites gens qui respirent sans votre consentement.

Nul n'est surpris que vos pathétiques courtisans déguisés en conseillers aient encore choisi de s'aplatir: nous les savions sans échine, nous les découvrons maintenant sans moralité.

Vous affirmez que ce n'est pas le processus qui compte, mais le projet.

Vous avez tort.

Ce qui compte essentiellement, c'est le droit fondamental d'un citoyen à pouvoir exprimer son opinion, même dissidente, et à être respecté.

Cela s'appelle la démocratie et, même drapé dans votre supériorité et dans vos certitudes, vous ne pouvez souiller la fonction élective de maire et la rabaisser à une monarchie absolue de droit divin exclusivement dédiée à encenser votre propre magnificence.

Être un élu est d'abord un devoir civique mis au service de ses commettants.

C'est un exercice fort noble qui exige parfois renoncement et humilité.

Or, c'est justement cela que vous, monsieur Lévesque, n'avez jamais compris.

Je fais partie de ces gens ordinaires, de ces minables ignorants et bornés qui n'arrivent même pas à comprendre votre grandeur et votre splendeur.

Mais, de vous, j'aurais toutefois appris une chose très, très laide: le mépris.

Jean Beaudet

Trois-Rivières