L'auteure, Paule Brunelle, est la députée de Trois-Rivières. Lettre à Josée Verner, ministre du Patrimoine canadien.

La décision du CRTC d'approuver la vente du réseau Télévision Quatre Saisons (TQS) au groupe Remstar crée un dangereux précédent.

Dans mon comté, à Trois-Rivières, les employés ont reçu leur avis de licenciement pour la fin du mois d'août et les perspectives de retrouver leur emploi dans «le nouveau TQS» qui fera peut-être appel à la sous-traitance sera un combat de longue haleine guère réjouissant et valorisant.

La porte est désormais grande ouverte aux entreprises de presse désireuses d'amortir leurs coûts d'exploitation en ayant recours à une suppression massive d'emplois dans les salles de nouvelles.

Le principe sacré du droit du public à l'information est ainsi sérieusement attaqué. Ce principe repose sur la diversité des sources d'informations, mais aussi sur la qualité de l'information diffusée et publiée.

Or, dans le dossier de TQS, le nouvel acquéreur, Remstar, n'a pas fait la démonstration non équivoque, lors des audiences du CRTC, que le nouveau modèle d'informations qui sera mis en ondes prochainement respectera les principes d'éthique professionnelle qui guident les journalistes dans leur travail quotidien. Cette trouée n'augure rien de bon pour l'avenir.

Elle fragilise davantage les emplois dans un milieu où évolue des artisans menacés de perdre leur gagne-pain en raison des cotes d'écoute.

Isoler le dossier TQS comme un cas particulier est une erreur flagrante. Les observations de divers groupes entendus par les commissaires du CRTC vont dans le sens d'une crainte justifiée d'un effet domino sur le reste de la profession.

Preuve a été faite que les dirigeants de Remstar n'ont pas acquis une solide expertise dans le monde télévisuel et encore moins dans celui de l'information.

La tendance d'une percée du divertissement dans le secteur de l'information s'accentue et prend une nouvelle forme encore plus aggravante.

L'information-spectacle, avec toute la dérision entendue (ex: CHOI-FM /Jeff Filion), des analyses courtes, où la rumeur devient une nouvelle, une opinion émise sur des faits partiels, voire même non fondés, appelle à une sérieuse prise de conscience.

Les ondes sont publiques et n'appartiennent pas à une entreprise privée. Bref, on ne peut faire ce que l'on veut tout simplement pour demeurer en affaires. Certains emplois de TQS sont préservés et nous pouvons nous en réjouir.

Cependant, c'est l'inquiétude totale pour les personnels du service de l'information et du service commercial (publicité).

En région, comme ici à Trois-Rivières, nous sommes inquiets de ce nivellement vers le bas annoncé et qui reçoit l'assentiment des commissaires du CRTC. La rigueur passée, défendue par le gouvernement, a toujours sa place.

Ainsi, des orientations claires et mieux définies doivent avoir préséance pour la suite des choses dans ce dossier.

L'intervention gouvernementale n'est pas impossible. Ce serait pure invention de prétendre le contraire. La politique a pour fondement d'aider, de contribuer à faire avancer les choses, de trouver des moyens pour changer les choses.

Selon ce qui précède, nous pouvons évaluer l'intervention du CRTC comme étant incomplète et dans cette optique, votre intervention est plus que nécessaire pour enrayer l'inévitable nivellement vers le bas des futures informations au réseau TQS et des conséquences ravageuses sur le reste de l'industrie et auprès du public. Le slogan de TQS est «parce que vous avez droit de savoir».

Savoir exige une rectitude, des moyens, des équipes chevronnées et non des gérants d'estrade de l'information. Nous avons sûrement à apprendre de la dissidence du commissaire, Michel Morin, un ex-journaliste de Radio-Canada, réputé pour la qualité de ses sources d'information et de ses recherches de la véracité des faits.

Je souhaite, que vous pourrez intervenir en faveur de la diffusion d'une information de qualité et de la sauvegarde d'emplois régionaux.