D'entrée de jeu, admettons qu'il est illusoire de penser que 100 % des élèves de l'Outaouais et du Québec obtiendront leur diplôme du secondaire dans les cinq années normales. Admettons également qu'il n'est pas facile de fixer un taux acceptable de diplomation pour le Québec dans son ensemble ou pour une région en particulier. Mais à 50 %, c'est franchement inquiétant.

D'entrée de jeu, admettons qu'il est illusoire de penser que 100 % des élèves de l'Outaouais et du Québec obtiendront leur diplôme du secondaire dans les cinq années normales. Admettons également qu'il n'est pas facile de fixer un taux acceptable de diplomation pour le Québec dans son ensemble ou pour une région en particulier. Mais à 50 %, c'est franchement inquiétant.

Le Québec et l'Outaouais ont bien peu de raisons de se réjouir des résultats obtenus et des tendances observées tant aux épreuves uniques de 2007 que pour l'ensemble des études secondaires. Il est vrai que, dans l'ensemble les résultats obtenus aux examens sont acceptables, que les écarts de réussite entre les garçons et les filles ne sont pas hors normes, que l'écart entre le public et le privé demeure toujours très significatif et que les différences entre les francophones et les anglophones ne sortent pas du lot. Par contre, il faut se demander comment se fait-il que le taux de diplomation "normal" de cinq ans soit aussi faible.

Seulement la moitié des jeunes de la région complètent leur secondaire dans les cinq ans prescrits. On doit s'inquiéter que l'écart de diplomation avec la moyenne provinciale de 58,8 % soit très significatif. Il faut se préoccuper que l'écart de diplomation "normale" entre les garçons et les filles, tant au Québec qu'en Outaouais, tant au privé qu'au public, atteigne des seuils critiques qui ne se referment pas.

Ainsi, dans l'ensemble du Québec, 60 % des filles qui ont commencé en 2002 au public ont réussi leur secondaire en 5 ans, mais seulement 46 % des garçons. C'est dramatique. L'écart est de 10 points de pourcentage au privé. C'est tout aussi grave. En Outaouais, l'écart entre les garçons et les filles est de 11 points. Moins de la moitié des garçons ne font leur secondaire dans les délais prescrits. Dans la commission scolaire des Draveurs, 39 % des garçons ne complètent pas leur secondaire en 5 ans et c'est 36 % dans les Hauts-Bois-de-l'Outaouais en Haute-Gatineau.

Ce qui est tout aussi préoccupant, c'est que de tels écarts se constatent à tous les niveaux du parcours scolaire, du primaire à l'université. Ainsi la Fédération des commissions scolaires du Québec n'est pas insensible à ce problème. Elle souligne que la promotion et la valorisation de la formation professionnelle est une des clés de l'augmentation de la réussite, des garçons en particuliers. C'est une solution, mais le problème est beaucoup plus profond car il touche toute la société. Comment apprendre à des jeunes, garçons et filles, la valeur du savoir, de la formation et de l'apprentissage si la connaissance, la discipline ou le travail sont dévalorisés tout autour d'eux ?

N'oublions pas que le décrochage scolaire a des effets pervers et pernicieux puisqu'il crée des ghettos d'emplois mal rémunérés, peu gratifiants et qu'il ne fait que grossir les rangs des analphabètes fonctionnels.

Le mois dernier, le Conseil canadien sur l'apprentissage publiait un rapport troublant sur le nombre d'adultes canadiens de faible niveau de littératie, c'est-à-dire les connaissances en lecture et en écriture pour être fonctionnel dans la société moderne. Ce rapport, intitulé Lire l'avenir, révélait qu'au rythme où vont les choses, d'ici 2031, on prévoit que le nombre d'adultes de faible niveau de littératie va passer de 3 à 15 millions.

Déjà en 2008, près de la moitié (48 %) des adultes ont des problèmes de littératie et que la situation va rester la même au cours des 20 prochaines années. Le rapport note que ces adultes sont plus souvent malades, se trompent dans leur médication, ont davantage d'accident de travail, sont moins bien rémunérés et ont une espérance de vie moindre. Le rapport note que le bien-être économique et social, le secteur de la santé et notre compétitivité internationale sont intimement liés à notre niveau de littératie.

L'Outaouais n'a pas les moyens de se satisfaire que ses jeunes prennent déjà du retard dans leur formation secondaire, un retard qu'ils ne combleront jamais tout au long de leur vie. On ne parle pas seulement de l'importance d'un diplôme, mais des outils nécessaires pour cheminer dans la vie. Voilà un chantier social qui dépasse, et de loin, tous les Rapibus, complexes sportifs et autres petits trains de notre région.

pbergeron@ledroit.com