Le fleuron japonais de l'électronique Sony ne renoncera pas à son activité de téléviseurs, malgré l'ancrage de cette division dans le rouge depuis dix ans, a déclaré à la presse nippone son PDG Kazuo Hirai qui veut redonner au groupe sa capacité de créer des produits «sentimentalement attachants».

«Il est nécessaire de poursuivre» la fabrication de téléviseurs, a-t-il expliqué selon les propos rapportés entre autres par le quotidien économique Nikkei.

Sony a placé dans une société à part cette activité pour lui donner plus de dynamique et mieux superviser indépendamment ses comptes.

Toutefois, a insisté M. Hirai, «créer une société séparée ne signifie pas la volonté de s'en défaire un jour».

Selon lui, «même si la situation du secteur n'a pas changé et reste difficile, pour Sony qui ne propose pas de produits électroménagers, le téléviseur est l'appareil qui lie l'entreprise aux familles».

En outre, pour la première fois en 11 ans, l'activité devrait revenir dans le vert durant l'exercice actuel qui sera terminé fin mars, selon les dirigeants de Sony.

Le schéma d'une plus grande autonomie de gestion et d'une responsabilité plus forte choisi pour les téléviseurs (et avant elles, pour les mobiles, les jeux, le cinéma, la musique ou les services financiers) sera reproduit pour plusieurs autres activités, avait prévenu la semaine passée M. Hirai.

Est concernée en premier lieu la division des instruments audio qui s'oriente vers une ligne plus restreinte et plus haut de gamme.

«Dans un monde où les appareils électroniques deviennent des consommables, comment devons-nous réagir ?», s'est interrogé M. Hirai.

Selon lui, la solution réside dans les investissements pour développer des produits faciles à utiliser mais dont les spécifications soient élevées et l'esthétique léchée afin que les clients «s'y attachent et aient envie de les montrer à leurs amis», comme ce fut le cas dans le passé.

Et de citer en exemple son plus récent Walkman, le NW-ZX2, un produit très onéreux (environ 1400$ CAN) mais qui, grâce à une finition soignée et à la qualité «haute résolution audio» (supérieure à celle du CD) que promeut Sony à tout-va, ce baladeur «touche la sensibilité» des audiophiles, selon M. Hirai.

Cette capacité de susciter une sorte d'attachement sentimental envers des produits, Sony l'avait au départ (tout comme l'américain Apple aujourd'hui).

«Nous l'avions peut-être perdue un temps, mais nous devons la remontrer encore et encore», a souligné M. Hirai.

Il réaffirme en outre sa volonté de privilégier la rentabilité durable sur la quête des parts de marché en volume, en concentrant ses forces sur les domaines les plus porteurs et réduisant les risques encourus sur les activités les plus volatiles.