Des pirates informatiques chinois ont infiltré le système informatique du Conseil national de recherches du Canada (CNRC), le forçant à fermer son réseau pour une période prolongée.

La cyberattaque a suscité des critiques incisives contre le gouvernement chinois par Ottawa - alors même que le ministre des Affaires étrangères, John Baird, est en Chine pour ouvrir la voie à une visite du premier ministre Stephen Harper cet automne.

M. Baird, qui visite ces jours-ci trois pays asiatiques, a fait état des inquiétudes à l'égard de cette faille de la sécurité auprès de responsables gouvernementaux chinois à Pékin, mardi, a affirmé un porte-parole du ministre.

«Le ministre a profité de l'occasion pour discuter de la situation avec son homologue, et ils ont eu un échange de points de vue sur la question en toute franchise», a dit Adam Hodge. Le gouvernement prend très au sérieux cet enjeu et nous l'abordons aux plus hauts niveaux tant à Pékin qu'à Ottawa», a-t-il ajouté.

L'ambassade chinoise au Canada a démenti que son pays puisse être impliqué dans cette cyberattaque. «Le gouvernement chinois s'oppose et lutte contre les cyberattaques en concordance avec la loi. En fait, la Chine est une victime importante des pirates informatiques», a déclaré un porte-parole, Yang Yundong, par voie de communiqué. Nous n'acceptons pas les accusations sans fondement contre une prétendue implication de la Chine dans une cyberattaque.»

Cette cyberattaque survient à un moment mal choisi pour Ottawa, puisque M. Harper prévoyait une visite officielle en Chine en novembre, coïncidant avec un sommet économique asiatique à Pékin à la fin de ce mois.

Le Canada et la Chine sont aux prises avec plusieurs enjeux délicats - tels que le délai de signature du Canada d'un traité commercial avec la Chine et de nouvelles règles canadiennes imposées aux sociétés étrangères étatiques -, et la cyberattaque ne rend pas plus harmonieux le ballet diplomatique.

Étrangement, l'agence travaillait ces temps-ci sur un système de chiffrement informatique avancé supposé prévenir de telles attaques.

Le CNRC travaillait avec le secteur privé et des équipes de recherche universitaires sur un système de chiffrement à la fine pointe basé sur la physique.

«Le champ émergent de la communication quantique promet une communication sécuritaire et inviolable qui peut être appliquée pour protéger notre infrastructure numérique», indique-t-on sur le site Web.

L'agence de recherche espérait qu'une telle technologie ferait du Canada un leader mondial dans le champ de la cybersécurité quantique.

Le secrétariat du Conseil du Trésor a précisé qu'aucune preuve ne permet de croire que des atteintes à la sécurité des données puissent s'être produites dans le réseau global du gouvernement du Canada.

Les réseaux du CNRC ont malgré tout été isolés du réseau du gouvernement par mesure de précaution. Le conseil admet par ailleurs qu'il faudra du temps avant qu'un nouveau système, plus sécuritaire, soit mis en place.

Par communiqué, le CNRC a indiqué qu'il continuait «de travailler en étroite collaboration avec ses experts des TI et ses partenaires spécialisés en sécurité afin de mettre en place une nouvelle infrastructure des TI sécurisée», ajoutant que «cette tâche devrait prendre un an environ» et qu'«aucun effort ne sera ménagé pour minimiser les perturbations pendant cette période».

Dans un autre communiqué, le gouvernement révèle que la cyberintrusion a été détectée et confirmée par le Centre de la sécurité des télécommunications. Selon le secrétariat du Conseil du Trésor, l'auteur de l'attaque est «un acteur hautement perfectionné parrainé par l'État chinois».

Le CNRC affirme avoir informé le Commissariat à la protection de la vie privée, les clients et les parties intéressées de l'attaque, mais que pour des raisons de sécurité et de confidentialité, aucun autre détail ne peut être communiqué pour l'instant. Il prévoit cependant faire le point sur la situation ce jeudi.

Le Conseil national de recherches se décrit comme étant «le principal organe de recherche et de développement du gouvernement canadien», qui «s'associe à l'industrie canadienne pour sortir la recherche du laboratoire et lui trouver des applications commerciales».