Uber, cible d'une polémique depuis qu'un de ses dirigeants a menacé de fouiller dans la vie privée des journalistes qui critiquent son service de voiturage, a annoncé jeudi l'embauche d'une équipe pour mieux protéger les données personnelles de ses clients.

Uber a précisé que cette équipe serait menée par Harriet Pearson, avocate de la firme Hogan Lovells.

Cette démarche entend faire taire les critiques de ceux qui s'inquiètent qu'Uber espionne les utilisateurs de son service et surveille notamment les allées et venues de journalistes qui rencontrent des sources en secret.

«Notre activité dépend de la confiance de millions de passagers et conducteurs qui utilisent Uber», a souligné la société technologique au succès phénoménal, dans un message sur son blogue officiel.

«L'historique des déplacements de nos clients est une information importante et nous comprenons que nous devons la traiter avec attention et respect», ajoute-t-elle.

La nouvelle équipe va donc «mener une évaluation en profondeur de notre système en place pour protéger les données privées et fera des recommandations pour l'améliorer».

La polémique est née des propos récemment tenus lors d'une réception à New York par un des vice-présidents d'Uber, Emil Michael, qui avait appelé à fouiller dans la vie des journalistes à la recherche d'éléments compromettants afin de faire taire leurs critiques contre le groupe.

Face au tollé, il s'est excusé sur Twitter, assurant que cela n'avait jamais été une idée envisagée chez Uber et n'en serait jamais une.

La controverse a encore enflé quand le site internet BuzzFeed a écrit que les cadres dirigeants d'Uber avaient toute latitude pour consulter où des clients et des conducteurs se trouvent à un moment donné.

Le patron d'Uber, Travis Kalanick, est monté au créneau mardi afin de tenter de redorer l'image de son groupe, dont l'essor a suscité des mouvements de protestation des taxis.

«Les commentaires d'Emil à un récent dîner étaient calamiteux et ne représentent pas le groupe», a-t-il écrit dans un de ses messages sur Twitter.

L'affaire a pris un tour politique mercredi quand le sénateur américain Al Franken, président d'une sous-commission sur la vie privée, la technologie et la loi, a écrit une lettre à Kalanick avec une série de questions sur les commentaires d'Emil Michael et sur l'accès des dirigeants d'Uber aux données relatives aux déplacements de leurs clients.

Uber, dont le siège se trouve à San Francisco et qui permet à ses clients, grâce à une application pour téléphones intelligents, de commander des taxis ou voitures privées pour des tarifs très abordables, connaît un succès phénoménal.

La société est évaluée à entre 25 et 30 milliards de dollars d'après plusieurs tours de collectes de fonds.

Fondée en 2009, elle est maintenant présente dans 200 villes et 45 pays, causant au passage des tensions avec les taxis professionnels, particulièrement en Europe.