Strasbourg ouvre vendredi son marché de Noël, l'un des plus anciens et réputés d'Europe, en promettant de rester pointilleux sur le respect des traditions. Avec une petite entorse cette année: les frites, tolérées au nom de l'invitée d'honneur, la Belgique.

L'opération Strasbourg, Capitale de Noël s'étalera jusqu'au 31 décembre et devrait attirer près de 2 millions de visiteurs selon les organisateurs, pas peu fiers de souligner que le «Christkindelsmärik» (Marché de l'enfant Jésus) en est à sa 444e édition.

Le petit marché de Noël organisé en 1570 près de la cathédrale a depuis changé de dimension: 300 chalets proposant des produits artisanaux et alimentaires typiques seront répartis cette année sur onze sites de la ville, illuminée par des dizaines de kilomètres de guirlandes.

Le coup d'envoi de ces illuminations aura lieu vendredi soir au pied d'un grand sapin de 30 mètres de haut planté dans l'hypercentre, en présence d'un enfant du pays, le chanteur M. Pokora. Jusqu'à fin décembre, plus de 500 manifestations culturelles sont au programme, avec des concerts, des expositions et des animations pour les enfants.

Comme chaque année, hôteliers, restaurateurs et commerçants se frottent les mains: les retombées économiques du marché de Noël pour l'économie locale sont évaluées à 250 millions d'euros par l'Observatoire régional du tourisme d'Alsace, pour un coût net d'environ 2,5 millions d'euros porté par la collectivité.

«Il y a 50 millions d'euros pour l'hébergement, 60 millions pour la restauration et 50 millions dépensés sur le marché lui-même», souligne le premier adjoint au maire PS, Alain Fontanel. Mais face aux dérives commerciales épinglées par certains, «nous avons toujours cet objectif de renforcer le respect de la tradition», assure-t-il.

Éviter le «grand barnum»

Et pour éviter que le marché de Noël se «transforme en grand barnum généralisé», le maire Roland Ries estime disposer d'une «arme redoutable»: la possibilité de ne pas réattribuer d'emplacement sur le marché aux commerçants peu respectueux du cahier des charges et des listes de produits «fortement suggérés». Sachant que les candidats sont deux fois plus nombreux que les chalets disponibles.

Les poteries, nappages, bibelots en verre, jouets en bois, mais aussi les pâtisseries alsaciennes et le vin chaud sont donc sous surveillance des autorités municipales, qui ont déjà bouté les «churros» et autres «paninis» hors du marché de Noël il y a quelques années.

Il y aura toutefois une exception cette année, en l'honneur du pays invité pour l'événement, la Belgique, qui disposera d'une quinzaine de chalets sur une place de la ville pour mettre en avant des produits du plat pays.

«Les visiteurs pourront goûter les vraies frites belges, que certains appellent les french fries», plaisante Dirk Van Eeckhout, ambassadeur de la Belgique auprès du Conseil de l'Europe à Strasbourg, promettant aussi gaufres, bonbons à la guimauve, chocolats et boudins.

Mais si Roland Ries évoque en souriant un marché de Noël «sous le signe de la frite», son premier adjoint prend soin d'avertir qu'il n'est pas question d'«une généralisation sur l'ensemble du marché de Noël».

Strasbourg ne sera pas la seule à profiter du succès touristique de son événement phare. «C'est un aspirateur de clientèle, mais aussi de plus en plus un diffuseur», constate Benoît Gangneux, responsable de l'Observatoire régional du tourisme, soulignant que les petits marchés de la région ont tendance à se «thématiser», avec succès, pour attirer les visiteurs du marché strasbourgeois.