Les marchés de Noël alsaciens en France, dont le plus emblématique et le plus ancien s'est ouvert samedi à Strasbourg, devraient attirer cette année encore quelque deux millions de visiteurs, un succès que la région veut maintenir en mettant l'accent sur la «qualité» et la «tradition».

Cabanons de bois, vin chaud, artisanat et friandises sur fond de ruelles illuminées et de sapin géant: la recette a généré en 2008 un chiffre d'affaires de l'ordre de 300 à 400 millions d'euros, selon le Comité régional du tourisme (CRT) d'Alsace.

Pour le seul «Christkindlmärik» de la capitale régionale, qui fermera ses portes le 31 décembre, les retombées sont évaluées par l'office de tourisme de Strasbourg à 160 millions d'euros.

Selon le CRT, le nombre de visiteurs est grosso modo stable depuis plusieurs années. 2009 a toutefois été un particulièrement bon cru, selon la région et l'office de tourisme de Strasbourg. L'an dernier, 42% des visiteurs étaient alsaciens et 16% étrangers, précise le CRT.

La crise a à peine écorné ce succès, comme en témoignent les très bons chiffres des hôteliers: leurs chambres étaient occupées l'an dernier à 69% - contre 36% en 1993.

«Ces deux dernières années, on a plutôt mieux tiré notre épingle du jeu que d'autres destinations», se félicite Philippe Choukroun, président du CRT.

Le baromètre Deloitte sur les performances hôtelières en France le confirme pour Strasbourg: le revenu moyen par chambre disponible (RevPAR) y a grimpé de plus 3% entre décembre 2008 et décembre 2009, alors qu'au niveau national la baisse moyenne sur la même période a été de 2,2 à 5,0%, suivant la catégorie d'hôtels.

La capitale alsacienne a bénéficié en outre de la prolongation de la fête, tous les marchés étant désormais ouverts jusqu'à la Saint-Sylvestre, souligne le cabinet d'audit et de conseil.

Le succès de la destination Alsace ne doit rien au hasard: il découle d'une politique volontariste, avec en 1991 le lancement par la région du concept «Noël a un pays, l'Alsace», et à la fin des années 1990 des «Sept pays de Noël», adoptant chacun un thème, comme celui des «Mystères» dans le nord de la région, des «Sapins» autour de Sélestat, des «Etoiles» à Colmar ou des «Etoffes» dans la ville industrielle de Mulhouse.

L'objectif des collectivités - la ville de Strasbourg a investi cette année 2,5 millions d'euros dans l'opération, la région de son côté 522.000 euros - n'est plus désormais d'accroître la fréquentation mais plutôt de miser sur la qualité, la tradition et l'authenticité pour que l'Alsace continue à tirer son épingle du jeu.

«Sur Noël et le mois de décembre on a atteint les objectifs», affirme M. Choukroun. Le risque est même plutôt le trop-plein, avec des rues saturées de touristes et des restaurants archi-pleins.

Les professionnels du tourisme sont invités à creuser le sillon de la tradition, et à préférer l'artisanat au «made in China», les «bredele» (petits gâteaux alsaciens) aux saveurs exotiques.

La mairie de Strasbourg a ainsi adopté un nouveau règlement, qui prévoit qu'à partir de 2011, «un comité de sélection examinera la qualité des produits proposés de chaque candidature, afin de garantir toujours plus de qualité et de respect des traditions de Noël».



Mais le «tour de vis» se fait sentir dès cette année: d'ores et déjà, l'interdiction de vendre des «paninis» ou des «churros» a fait grincer les dents de quelques forains.