Il a 76 ans, une longue barbe blanche et veut qu'on l'appelle «le père Noël». Depuis près de dix ans, Romuald Madrakiewicz, sans domicile fixe, parcourt la Pologne pour aider les défavorisés et pas seulement en période de fête.

«Le père Noël, le père Noël!», s'écrient les enfants de l'école primaire de Kostowiec, à une trentaine de kilomètres au sud de Varsovie.Il est bien là, habillé en rouge de pied en cap, une hotte sur le dos, une longue canne à la main. Et surtout une longue barbe toute blanche que les enfants n'hésitent pas à tirer. Pas de doute, elle est bien vraie, tout comme les sourires émerveillés des enfants lorsqu'il distribue les sucreries et les petits souvenirs sortis de sa grande hotte.

Mais la visite du père Noël dans cette école a aussi un autre but. Car s'il vient offrir des cadeaux, il vient aussi en chercher.

Les enfants de Kostowiec ont préparé quatre grands paquets, remplis de produits alimentaires, sucreries, articles d'hygiène et jouets qu'ils vont envoyer dans un orphelinat à Krosno (sud).

«C'est le père Noël qui nous a donné l'an dernier l'adresse de cet orphelinat, ainsi que les adresses de quelques familles pauvres qui ont besoin d'aide», déclare à l'AFP Zbigniew Reluga, directeur de l'école de Kostowiec.

«Depuis, les enfants les aident dans la mesure de leurs possibilités, et le père Noël vient nous rendre visite quelques fois par an», ajoute-t-il.

«Mes visites consistent à faire comprendre aux enfants que dans la vie on peut partager tout ce qu'on a», explique M. Madrakiewicz. Et il sait être convaincant. «Parfois, les enfants mettent dans les paquets leur mascotte préférée», ajoute-t-il ému.

Car la véritable magie de ce père Noël c'est de contaminer les autres avec sa générosité sans limites.

Derrière son sourire, Romuald n'en est pas moins un homme fragile. Ancien animateur social, il vit de sa petite retraite et n'a pas vraiment de chez lui. L'année dernière, il avait séjourné dans un refuge pour les sans-abri à Varsovie, et cette année, il loge chez des amis.

Parfois, pour pouvoir acheter les cadeaux pour les personnes qu'il aide, il ramasse des bouteilles et des métaux. Il refuse qu'on l'appelle «sans domicile fixe», préfère «bénévole», et reste très secret sur sa vie privée.

«Le père Noël distribue des cadeaux sans rien attendre en retour et qui plus est, il donne tout ce qu'il a», déclare-t-il, une flamme dans les yeux.

Il dit s'être imprégné de ces valeurs dans sa maison familiale dans le sud-est, puis chez les scouts: «On reste scout toute sa vie et un scout fait chaque jour une bonne action».

De plus en plus de gens savent reconnaître le travail du père Noël à sa juste valeur. En 2007, Romuald a reçu le prix du bénévole de l'année pour son action «un grand paquet pour l'enfant qui a faim».

M. Madrakiewicz a de plus en plus de travail. Chaque jour, il reçoit des dizaine de lettres que les gens lui envoient à la rédaction du magazine pour sans-abri Homo Mizerus située dans un quartier pauvre de Varsovie.

«Je reçois énormément de lettres et je les transmets à des personnes qui travaillent avec moi car je ne peux pas les lire toutes, sans parler d'aider tous ces gens qui ont besoin de moi. Cela coûte cher et les paquets sont devenus trop lourds pour moi», explique-t-il.

Aujourd'hui, son travail consiste également à trouver ses futurs remplaçants.

«Qui peut devenir père Noël?», demande-t-il aux enfants de Kostowiec. «Quelqu'un qui est bon pour les autres», lui répond Filip, 6 ans.

«Tout le monde peut devenir un père Noël, à condition qu'il sache partager», lui confirme Romuald.