Non, le père Noël n'est pas qu'un donneur de cadeaux. C'est d'abord un vieux sage. Et ça n'est pas moi qui le dit, mais lui: Nicolas Noël, le père Noël de la Place Rosemère. Un discours inspirant, en ces jours de grisaille économique pas franchement festifs.

Il a écrit un conte pour expliquer la genèse du père Noël, inventé une suite songée à la chanson Petit Papa Noël, et mijote une série télé, pour accompagner les tout petits à l'année.

Décidément, Daniel Blondin, alias Nicolas Noël, n'est pas un père Noël comme les autres.

Celui qui accueille les enfants depuis maintenant 15 ans Place Rosemère à Noël, qui passe ses journées à les animer, à leur parler de valeurs humaines, de partage et de tolérance (avant même de jaser cadeaux), espère poursuivre son discours humaniste à l'année. Après ses livres (peut-être l'avez-vous aperçu au Salon), il mijote avec son coauteur et ami réalisateur François Tardif une émission pour enfants, sur le modèle de la Fanfreluche de notre enfance. «Parce que le père Nicolas Noël, on ne le range pas dans le placard au mois de janvier!», dit-il à la blague,

L'objectif? «Sans vouloir tomber dans la nostalgie, les Bobino de notre enfance manquent à l'appel», dit-il. Où sont-ils, les grands-pères sages, transmetteurs de connaissances, de valeurs et de confiance en soi? Selon lui, le père Noël, peut (pardon: doit) jouer aujourd'hui ce rôle.

C'est aussi celui qu'il a adopté en se faisant pousser la barbe dès janvier. Car s'il avait fallu qu'il se limite au jeu du petit gros à la barbe synthétique et au coussin qui dépasse, il aurait raccroché son sac de jouet aussi sec. Pas dans ses valeurs. «Tant d'emphase sur une grande fête, sans valeur derrière, je trouve que c'est vide.»

C'est ainsi qu'il a fouillé dans les archives, découvert les origines de son vieux bonhomme («ça remonte à la nuit des temps, l'idée de ce vieux sage qui veut transmettre la connaissance à la jeunesse»), appris à souhaiter Joyeux Noël dans trente langues différentes, incluant le langage des signes. «Il fallait donner de la crédibilité au personnage.»

Quand il prend un enfant sur ses genoux, c'est d'abord pour lui proposer un défi: «qu'est-ce que tu penses que tu pourrais faire cette année pour t'améliorer?»

Selon l'âge de l'enfant, il le félicite ensuite pour avoir été sur le pot, ou lui suggère de ne pas perdre patience pendant ses leçons. «Sois toujours fier de toi», répète-t-il.

Aux demandes de iPod, d'épées laser ou de téléphones cellulaires, il répond: «Peu importe le cadeau que je choisirais, je l'aurai puisé dans le coeur de maman et papa. Pense toujours qu'ils t'apprécient, et trouve comment tu pourrais faire toi, pour t'améliorer.»

Pour lui, Noël («qui veut dire nouveau soleil en vieux celte»), c'est ça: «la conclusion de quelque chose, l'analyse, et le départ vers autre chose.»

Et pour les enfants qui chantonnent Petit papa Noël «quand tu descendras tu ciel», il a inventé une suite, sa suite:

«Quand je descendrai du ciel,

avec mes cadeaux par milliers,

n'oublie pas ce qu'est l'amitié.

Et avant de découvrir,

le cadeau que tu désires,

regarde bien, autour de toi,

tout l'amour, que tu reçois!»

«Parce que c'est ça le message», conclut-il. C'est ça, Noël. Avec ou pas de jouets par milliers.

Photo: Rémi Lemée, La Presse