Le joyeux temps des Fêtes n'est plus synonyme de famille, cadeaux et joie pour bien des femmes. C'est le mot « stress » qui leur vient en premier à l'idée. Qui faut-il blâmer ? Une hormone en serait en partie responsable, en plus de la lourdeur des tâches associées à la célébration des fêtes de Noël et du Nouvel An.

Récurer la maison, décorer et prévoir une belle table, cuisiner des fournées de pâtés et de beignes ou faire le tour des traiteurs à la recherche des meilleures bouchées et tourtières, se battre pour une place de stationnement au centre commercial, choisir des cadeaux « songés », faire la file à la caisse...

Cette liste des activités stressantes associées à Noël vous semble longue ? Parions que bien des femmes ne la jugeront même pas complète !

La fluctuation cyclique du taux d'oestrogène amplifierait la réponse des femmes à ce stress, selon une recherche menée à l'Université Yale au Connecticut. D'autres études américaines signalent que près de la moitié des femmes (44 %) sont stressées, voire déprimées pendant le temps des Fêtes contre 34 % des hommes.

Une enquête Décima, parmi la population québécoise, indique que la moitié des gens de plus de 18 ans sont stressés par le magasinage des Fêtes. La pire source de stress ? Le cadeau destiné au conjoint.

Bref, l'approche des Fêtes, c'est la goutte qui fait déborder le vase, dit le psychologue Jean-Martin Bouchard.

S'y prendre tôt

Comment s'en sortir ? Selon certains, comme le psychologue Pierre Faubert, il faut commencer les préparatifs de Noël plus tôt en automne. Tout le monde a une fin d'année chargée alors que le temps vire au gris et au froid. « Si nous étions sages comme certains animaux, lance M. Faubert, nous hibernerions à la fin d'octobre. Nous, on fait plutôt des excès pour oublier la fatigue. »

À mesure que le décompte avance, la vague de Noël balaie tout sur son passage. « On est dedans, même si on ne le veut pas. Noël perce même les carapaces impénétrables. On peut en avoir perdu le sens et n'y voir qu'une coquille vide, mais c'est aussi un rappel de l'importance de l'amour, de l'amitié et du partage », continue le psy, emporté dans son élan.

Le stress résulte, à son avis, « de la tension entre ce qui doit être fait et ce qu'on veut faire ». À chacun de partager entre ses obligations réelles et celles qu'il s'impose pour correspondre à un « moi idéalisé », qui est une image hypertrophiée de soi-même, explique le psy. Ce moi idéalisé entretient des relations idéales avec les gens et dispose d'un budget royal pour ses cadeaux. « Les femmes tombent plus facilement dans ce piège ; elles sont plus à la merci des attentes de tout le monde. »

La seule façon de s'en sortir, selon Jean-Martin Bouchard, est de casser le moule anxiogène. Cesser de vouloir faire plaisir à tous et de chercher le cadeau idéal. « Tout ce stress entraîne une énorme perte d'énergie. » Pierre Faubert poursuit : on peut choisir son attitude, se donner une marge de liberté pour avoir le sentiment de conserver la maîtrise de sa vie.

Par ailleurs, la tristesse qu'éprouvent certains à l'approche de Noël n'est pas étonnante. C'est le moment où resurgissent les deuils et les pertes, dit M. Bouchard.

Ces sentiments ne disparaîtront pas par magie. « Il faut en prendre la responsabilité. Les gens ne peuvent pas deviner notre peine. Il faut la partager. » C'est le temps de reconnaître ses besoins insatisfaits et de se résoudre à aller chercher un support social, avance Jean-Martin Bouchard. « La réalité a changé, il faut s'y adapter. »

Et surtout ne pas oublier de se faire plaisir : aller au cinéma, prendre un café avec un ami, organiser une partie de cartes, faire du sport. Ce psychologue estime qu'il ne sert à rien de se sauver dans le Sud pour tenter d'échapper à ses problèmes, à la tristesse d'un divorce ou aux tensions dans la famille.

La psychologue Johanne Fortier insiste elle aussi sur « l'importance de contribuer » pour se sortir d'un état négatif ou d'une « écoeurite » face à Noël. Plutôt que de se retirer dans la solitude, il faut viser à rencontrer de nouvelles personnes, profiter des sorties pour se faire mieux connaître et « focuser sur du positif plutôt que sur le négatif ».