Un jeu de dames à base de bâtonnets de café et de capsules de bière. Un tracteur dans un carton d'oeufs. Un mini-billard avec des billes. Qui a dit qu'il ne faut pas jouer dans les poubelles?

Certainement pas le Club 2/3, la division jeunesse d'Oxfam-Québec, qui invite les jeunes d'ici et d'ailleurs depuis 16 ans déjà à construire des jouets à partir de matériaux récupérés.

Seize années à sensibiliser les jeunes, à les inciter à participer à un vaste concours international, histoire de concevoir le jouet le plus original, pacifiste (pas de pistolets ici) et coopératif (les projets de groupe sont valorisés). Au total, ce sont plus de 10 000 jeunes qui ont ainsi vidé leurs poubelles pour bricoler un jouet.

D'année en année, une constante: les petites filles cousent des poupées, les garçons construisent des véhicules. Certaines choses ne changent pas.

Une nouveauté, par contre: si, jadis, les juges pouvaient deviner d'où provenait un jouet, d'Afrique ou du Canada par exemple, mondialisation oblige, les cartes sont désormais brouillées. Ou presque: ici, les jouets s'apparentent davantage à des bibelots tandis que les enfants du Sud continuent d'inventer des jouets plus ludiques. «Ils n'en ont pas, des jouets, ils les font», commente Jean-Pierre Denis, cofondateur du Club 2/3 et instigateur du concours, rencontré la semaine dernière lors du gala des lauréats, au Biodôme.

Sept pays cette année

 

Cette année, sept pays ont participé au concours: des jeunes du Canada, mais aussi du Rwanda, du Paraguay, du Pérou, du Burkina Faso, du Sénégal et du Népal, pour un total de 300 jouets, en provenance de plus de 100 écoles (chaque école ne devant retenir que trois jouets).

Rouleaux de papier hygiénique, boîtes de conserve, barquettes de fruits, tout est bon pour construire une maison de poupée, un avion ou une marionnette. Une dénonciation à peine voilée de notre surconsommation. «On utilise les jeunes pour sensibiliser les parents au gaspillage», glisse Jean-Pierre Denis.

Parmi les lauréats: un jeu de baby-foot, imaginé par deux jeunes de 11 et 12 ans de l'école Marie-Clarac, Giuseppe Magliocco et Raphaël Vézina. «Dans les poubelles, on a trouvé des télés, des antiquités, ça n'a pas d'allure!» dit Raphaël. «Sûrement qu'on aurait pu réparer tout ça», ajoute Giuseppe. Leur jeu, eux, ils l'ont conçu dans un vieux tiroir de bois avec des bouteilles vides de Yop. À voir.