Les Britanniques peuvent souffler: malgré le Brexit, dinde, champagne et autres saucisses cocktails garniront bien leurs tables de Noël sans faire un trou dans leur portefeuille, grâce notamment à la guerre des prix que se livrent les grandes enseignes.

Le premier effet de la décision des Britanniques de sortir de l'Union européenne a été la chute de la livre, 18% plus basse qu'il y a un an.

Une baisse qui a, du même coup, rendu les importations britanniques plus chères et suscité des inquiétudes sur le coût des ingrédients d'un Noël réussi, comme le champagne venu de France ou le prosecco d'Italie.

Mais pour le moment, «le Brexit n'a pas eu d'effet significatif» sur les prix de ces boissons «parce que les magasins britanniques n'ont pas répercuté les hausses de coût liées à la livre faible», a expliqué à l'AFP Toby Magill, spécialiste des alcools chez IRI, un cabinet d'expertise.

La spécificité de ces ventes saisonnières et la guerre des prix que se livrent les grandes enseignes britanniques de la distribution à l'approche des Fêtes en sont la principale raison.

Les Anglais sont en effet les champions d'Europe des promotions avec 49,8% des biens alimentaires vendus à prix réduits toute l'année, et encore plus à l'approche des fêtes, selon une étude IRI publiée fin novembre.

Christmas Pudding plus cher

La qualité risque toutefois de pâtir, en ce qui concerne le prosecco notamment, où les marques sont relativement interchangeables, explique Toby Magill. L'expert constate en effet que les revendeurs préfèrent proposer des bouteilles de moins bonne qualité pour maintenir le prix moyen à l'unité autour de sept livres, tarif que les consommateurs britanniques sont prêts à débourser.

Du côté des desserts, la livre faible et des quantités moindres ont cependant donné lieu à une hausse de 21% du prix des ingrédients pour confectionner le traditionnel Christmas Pudding: raisins, beurre, farine et sucre, selon le cabinet d'expertise en matières premières Mintec.

Mais le prix des dindes, toutes aussi incontournables et occupant une part plus conséquente dans le budget des ménages, a lui baissé de 2% par rapport à l'année dernière où une épidémie de grippe aviaire avait fait grimper la facture.

Globalement, le prix d'un repas de Noël moyen, avec dinde, légumes et les saucisses enrobées de bacon qui constituent un must des fêtes de fin d'année, n'a augmenté que de 1% sur un an et reste inférieur à ceux des Noëls de 2013 et 2014, selon l'indice Mintec qui le calcule chaque année.

Le cabinet d'analyse spécialisé dans la consommation Fung Global Retail table lui sur une hausse des dépenses de bouche des Britanniques de 2% pour les deux derniers mois de l'année, par rapport à l'année dernière.

Les ventes des commerces alimentaires ont en effet enregistré en novembre «leur cinquième mois consécutif de croissance et cette croissance s'est accélérée sur les derniers mois», note-t-il.

Pour un Noël «100% British»

«Pour ce Noël, nous n'anticipons aucun ralentissement des ventes de détail provoqué par le vote en faveur du Brexit», affirme encore le cabinet.

Un dynamisme qui pourrait bénéficier aux producteurs nationaux voulant tirer avantage de la livre faible pour concurrencer les produits d'importation.

C'est en tout cas l'intention de la NFU, l'association des fermiers britanniques, qui a lancé, sur fond de patriotisme renforcé par le Brexit, une campagne mi-novembre pour appeler les Britanniques à «soutenir» les producteurs nationaux.

Le site de l'association fourmille de liens vers les producteurs de dindes, de fromage de vache ou de vin pétillant, et même les recettes pour concocter les meilleurs choux de Bruxelles sont réunies pour passer le plus merveilleux des Noël «100% British».

Cependant gare au retour de bâton en janvier, prévient Toby Magill, qui estime que le début d'année 2017 pourrait voir les prix monter simultanément dans toutes les enseignes.

«Ils vont laisser passer Noël et les augmentations auront lieu l'année prochaine», prédit-il alors que le gouvernement anticipe également des jours plus difficiles en 2017 en terme de croissance économique.