Si la période des Fêtes peut être le théâtre de moments difficiles dans les familles où la tension et les conflits sont présents, le Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence croit qu'il ne faut pas y voir une excuse pour tolérer l'intolérable.

Nathalie Villeneuve, présidente du Regroupement, estime que plusieurs femmes hésitent à quitter un domicile où les cris et les coups font partie du quotidien. La pression est grande et la culpabilité s'installe rapidement lorsque vient le moment de discuter de la période des Fêtes.

Parmi les phrases qui reviennent le plus souvent, des femmes rechignent à quitter de peur de «briser le Noël de leurs enfants» ou encore de «gâcher la période des Fêtes».

Nathalie Villeneuve leur propose de voir la situation autrement en s'offrant à elles-mêmes et à leurs enfants un moment de répit pour Noël.

Jusqu'au 6 décembre, une campagne contre la violence faite aux femmes invite les victimes à dénoncer et quitter un milieu de vie qui représente une menace pour elles et pour leurs enfants.

Demeurer dans un climat de violence conjugale peut entraîner des conséquences qui vont au-delà des problèmes physiques et de maltraitance.

«Les résultats scolaires, les conséquences physiques, mais aussi la santé mentale des enfants peuvent être affectés par cette violence. À la question "est-ce que je peux séparer mes enfants de leur père", la réponse est oui», a affirmé Nathalie Villeneuve.

Elle soutient que plusieurs femmes, qui font le choix de sortir de leur milieu pour aller faire un séjour dans une maison d'hébergement, sont elles-mêmes étonnées de la réaction de leurs enfants.

«Plusieurs enfants sont soulagés de quitter la violence, les cris et la chicane qui revient tout le temps. Loin de cette tension, ces enfants respirent. C'est ce que nous avons le goût de partager à celles qui hésitent», insiste Mme Villeneuve.

Le regroupement a également lancé un site internet qui regroupe des centaines de témoignages de femmes et d'enfants victimes de violence. On y retrouve également les propos de policiers ou de travailleurs sociaux qui entendent au quotidien de véritables récits d'horreurs.

«En incitant les femmes victimes de violence conjugale à prendre la parole, le Regroupement poursuit un double objectif : donner accès à la population à cette réalité méconnue et aussi permettre à d'autres femmes de voir qu'elles ne sont pas seules à subir la violence de leur conjoint», explique Nathalie Villeneuve.

Pour l'année 2012, plus de 5700 femmes ont fréquenté les maisons du regroupement.

«Ces chiffres sont importants, mais ils ne représentent que les femmes qui ont fréquenté notre réseau. Elles n'incluent pas toutes les autres qui subissent la violence en silence avec leurs enfants», estime Mme Villeneuve.