Rares sont les consommateurs qui aiment spontanément le champagne.

Comme pour d'autres aliments, solides ou liquides (par exemple les olives, les artichauts, etc.), c'est seulement à l'usage, à force d'en goûter, qu'on se met, malgré soi... à en raffoler!

Car le bon champagne et, surtout, le grand champagne, déploient une telle complexité et un tel charme qu'on ne peut être que conquis.

On pourrait dire, en forçant un peu la comparaison, qu'ils sont comme ces femmes, dites fatales, et ces hommes irrésistibles (pensez à Clooney et à son épouse Amal!) qu'on ne peut faire autrement qu'aimer...

Or donc, comme tous les ans, l'Association québécoise des agences de vins, bières et spiritueux (AQAVBS) a tenu fin octobre une dégustation marathon de 38 champagnes, blancs et rosés, auxquels se sont ajoutés, la même journée, 41 mousseux.

Autrement dit, les membres de la presse spécialisée, très nombreux (près d'une vingtaine), avaient à goûter ce jour-là 79 vins, en deux séances, l'une le matin, l'autre l'après-midi... C'est beaucoup, et même trop, mais, comme on dit, il fallait faire avec.

Bref, et aussi bien le répéter, les risques d'erreurs sont bien présents dans de telles circonstances, essentiellement à cause de la fatigue du palais.

Le champagne, on le sait, est un merveilleux apéritif et, à mon avis, c'est à ce moment-là, avant de passer à table, qu'il faut le déguster pour lui-même, en lui laissant donc occuper tout le terrain.

Des bouchées, par exemple de foie gras servi sur des canapés, l'accompagnent très bien. Mais on peut tout aussi bien se contenter de noix, ou encore... de chips, comme n'hésite pas à le recommander la sommelière Véronique Rivest, médaillée d'argent au Concours du meilleur sommelier du monde 2013, qui s'est tenu à Tokyo.

Parmi ces 38 champagnes, j'ai retenu les 10 que j'ai personnellement le mieux notés, en allant des mieux notés et des moins chers aux plus chers.

Enfin, et comme toujours en pareil cas, j'ai goûté tous ces vins à l'aveugle et j'ai noté bas.

Finalement, j'ai retenu uniquement les vins présents dans au moins une vingtaine de succursales, et j'ai donc écarté les autres. (Exemple, le Thiénot 2004 - 216,75$, code: 12410162 -, noté 17,5 sur 20, mais dont il n'y avait plus environ que deux douzaines de bouteilles vendues uniquement aux deux boutiques Signature au moment de la rédaction de ces lignes.)

Derniers points: je n'ai pas indiqué la teneur en alcool, normalement de 12 ou 12,5% dans le cas des champagnes ni le potentiel de garde, tous ces vins étant destinés à être bus pendant les fêtes de fin d'année.

Cristal Brut 2006 Louis Roederer, 285,25$ (268755)

On est... dans la dentelle, le bouquet nuancé, gracieux, n'ayant rien de rancio (des notes de nature oxydative que recherchent certaines maisons). Fin, distingué, il a une très bonne persistance et brille par son élégance. Mais le prix... (127 caisses)

17,2

Charles Heidsieck, 58,50$ (11450533)

Le bouquet est complexe, ample, harmonieux, avec des notes évoquant le beurre frais. Suit une bouche consistante, équilibrée, avec une bonne longueur en bouche. Savoureux. (28 caisses)

17

Henriot Rosé, 74,50$ (10839635)

Des huit champagnes rosés dégustés ce jour-là, c'est, à mon avis, celui qui remportait la palme. Vin de corps moyen, sans rien de rancio, d'une complexité que présentent peu de champagnes rosés. Noté 17,8 lors d'une précédente dégustation, à bouteille découverte celle-là. Superbe. (18 caisses)

17

Joseph Perrier 2002, 78,75$ (10654796)

D'un très bon millésime pour la Champagne, il déploie un bouquet complexe, au rancio délicat et raffiné, toutes choses que l'on retrouve en bouche. Grande distinction. (48 caisses)

17

Chanoine Frères, 42,25$ (11766571)

Champagne délicat, léger, dépourvu lui aussi de toute note rancio, au bouquet marqué par un effluve citronné et avec une assez bonne persistance. (290 caisses)

16,8

Paul Goerg Blanc de Blancs, 44,75$ (11766597)

Le bouquet est d'ampleur moyenne, nuancé, avec dans ce cas une note rancio discrète. Du charme, de facture classique, il n'est fait que de Chardonnay, comme l'indique la mention blanc de blancs. (319 caisses)

16,8

Nicolas Feuillate Brut Réserve, 46,50$ (578187)

Le bouquet est complexe, fin, net. Moyennement corsé, il a du caractère. Un «beau style», ai-je noté. Goûté quelques semaines plus tôt, également à l'aveugle, je lui avais attribué la note de 17/20. Très bon. (2221 caisses)

16,8

Lallier Grand Cru, 47,75$ (11374251)

Rien de rancio, mais, comme c'est assez fréquent dans les champagnes, son beau bouquet comporte des notes biscuitées (briochées, dit-on aussi) et comme de beurre. De corps moyen, on retrouve les mêmes arômes en bouche. (656 caisses)

16,8

Tarlant Zéro Brut Nature, 50,25$ (11902763)

D'ampleur moyenne, son bouquet s'affiche avec un rancio bien présent, sans que ce soit exagéré. Vin moyennement corsé, d'une bonne persistance, on y détecte là encore des notes comme de beurre. Très bon. (62 caisses)

16,8

Canard-Duchêne Rosé, 54,50$ (11572830)

Le bouquet est délicat, franc, dépourvu de toute note rancio. De corps moyen, goûteux, il ne manque pas de caractère et il offre une bonne longueur en bouche. (87 caisses)

16,8

Encore plus de champagnes!

Bon nombre d'autres champagnes de qualité, goûtés à l'aveugle ce jour-là, mais aussi précédemment à bouteille découverte, auraient mérité de figurer dans ce palmarès. Mais... étant plus chers que les précédents, ils en sont absents. En voici quelques-uns, sous la barre des 70$: Gosset Grande Réserve (68,75$, 10839619); Roederer Brut Premier (65$, 268771) et, enfin, Taittinger Brut Réserve (62,25$, 10968752).