Beaucoup de chocolat, des bonbons, des biscuits sucrés, de rares conserves de poisson. C'est ce que La Presse a trouvé, hier, dans une boîte servant à recueillir les denrées destinées aux paniers de Noël.

«Il faudrait penser à donner des aliments nourrissants, affirme Stéphanie Côté, nutritionniste d'Extenso, le centre de référence en nutrition de l'Université de Montréal. Les gens qui ont peu de moyens pour se nourrir ont de la misère à mettre des aliments sur la table, c'est vrai. Mais ils ont encore plus de mal à mettre des aliments sains sur la table.»

Paradoxalement, la faim et l'obésité sont liées. Les aliments riches en calories, mais faibles en nutriments, sont souvent abordables. Conséquence: près du quart (24%) des enfants de 6 ans vivant dans une famille défavorisée souffrent d'embonpoint au Québec, comparativement à à peine 9% chez ceux de position sociale élevée. Les adultes à faible revenu sont, quant à eux, les Canadiens ayant la moins bonne santé. Or, tant les diabétiques que les gens souffrant de maladies cardiovasculaires doivent espérer mieux que des pères Noël en chocolat dans leur panier.

Après la grande guignolée des médias, l'an dernier, Moisson Montréal a trié 2500 sacs d'épicerie. «À peu près la moitié était constituée de conserves, indique Sandra O'Connor, directrice des communications de la banque alimentaire. Le reste était très varié: céréales, barres tendres, pâtes sèches. Ce qu'on a moins, ce sont des denrées de base, comme de l'huile, de la farine, du sucre. Les gens donnent plutôt des aliments préparés.»

Seuls l'alcool et le tabac sont refusés par Moisson Montréal, qui accepte donc les dons de boissons gazeuses et de croustilles. «On redistribue tout ce qu'on reçoit, mais on n'enverra pas les bouteilles de Coke dans un organisme qui aide les femmes enceintes, dit Mme O'Connor. On les donnera à une maison de jeunes.»

Le Dr Yoni Freedhoff, médecin spécialiste de l'obésité, reconnaît qu'on ne peut demander aux banques alimentaires de jeter de la nourriture. «Mais je pense qu'elles pourraient décourager les dons de malbouffe, en mettant sur les boîtes des affiches énumérant les aliments souhaitables et les aliments à proscrire», suggère-t-il.

Besoin de protéines

Avis à ceux qui seront généreux demain à l'occasion de la grande guignolée: les nutritionnistes d'Extenso ont préparé une liste des 10 meilleurs aliments à donner. Légumineuses, poissons et fruits de mer en conserve en font partie. «Les protéines sont les plus difficiles à acheter pour les gens qui ont peu de moyens financiers, la viande étant chère», souligne Mme O'Connor.

«On peut ajouter un peu de fantaisie, avec des aliments plus chers, que les familles défavorisées n'achètent pas d'elles-mêmes», propose Mme Côté. Huile d'olive, noix de cajou, sirop d'érable ou épices sont les bienvenus.

«J'ai eu une fois un panier de Noël, affirme un Québécois dans le forum Doctissimo.ca. Et on a quasiment tout jeté dedans... C'était de la cochonnerie (Kraft Dinner, nouilles avec de la petite poudre), des trucs qu'on ne savait même pas ce que c'était, de la crème de noix de coco, de la sauce thaï je ne sais pas quoi, et beaucoup de passé date.»

Dix aliments nutritifs à donner à la guignolée

> Légumineuses en conserve: lentilles, pois chiches, haricots noirs, rouges ou blancs, doliques, etc.

> Poissons et fruits de mer en conserve, qui fournissent des oméga-3, indispensables au développement optimal des enfants.

> Pâtes de blé entier et sauces (privilégiez les moins salées, comme la sauce Catelli explosion de basilic et de tomates, la sauce à pizza Gattuso ou la sauce tomate Heinz).

> Soupes en conserve pas trop riches en sel, comme la soupe Menu bleu Le Choix du président aux champignons et à l'orge ou la soupe Campbell's Demande santé boeuf, légumes et orge.

> Craquelins santé comme les Triscuit, les Finn Crisp originaux ou les Ryvita multigrains.

> Fruits en conserve ou compotes en portions individuelles, sans sucre ajouté (les pots de verre ne sont pas acceptés).

> Beurre d'arachide ou beurre d'amande (plus cher, c'est un luxe que les plus démunis peuvent rarement s'offrir).

> Céréales de grains entiers pas trop sucrées (Cheerios, Weetabix, Shredded Wheat).

> Préparation pour nourrissons.

> Lait Grand Pré et boisson de soya enrichie.

Source: Extenso, centre de référence en nutrition de l'Université de Montréal