Depuis des générations, un concours pour la plus belle crèche de Noël de Cracovie attire des centaines d'artistes de tous les âges, une tradition en temps de l'avent devenue un des grands symboles de l'ancienne capitale royale de Pologne.

Faites entièrement à la main, en bois, en carton ou en papier d'aluminium de toutes les couleurs, ces crèches sont de véritables oeuvres d'art qui exigent un travail de moine et une précision d'ingénieur.

Leszek Zarzycki, 57 ans, conjugue les deux. Cet ingénieur en mécanique de précision de Cracovie est un génial bâtisseur de crèches. Cette année, il a de nouveau décroché le Grand Prix, pour la 11e fois. «Une crèche de Cracovie doit nécessairement reproduire les éléments d'architecture de la ville, le clocher de l'église Notre Dame et son trompettiste, les remparts, la porte de Florence, les dômes dorés des chapelles royales du château de Wawel», explique-t-il.

Des crèches, il y en a de grandes, jusqu'à deux mètres de haut, et de toutes petites, d'une vingtaine de centimètres à peine.

Certaines, plus rares, sont en dentelle, d'autres, résolument écologiques, sont faites de feuilles de lauriers, d'oranges séchées ou de haricots secs.

Toutes attirent des foules de visiteurs admiratifs. L'histoire des crèches remonte au temps de Saint-François-d'Assise, qui avait créé la première au XIIIe siècle, et ce sont les moines franciscains qui en ont instauré la tradition en Pologne.

Les Polonais l'ont modifiée à leur guise. À côté de la Sainte Famille, des bergers et des rois Mages, ils y font vivre leurs propres Saints, comme Sainte Faustine, Saint Maximilien Kolbe et bien sûr le pape défunt Jean Paul II le bienheureux, déjà vénéré comme un Saint dans sa patrie. Les auteurs des crèches aiment également y placer des figures emblématiques de la Pologne. Cette année, à l'occasion de l'année Marie Slodowska-Curie, la scientifique polonaise la plus célèbre a été représentée dans son laboratoire de chimie.

Les temps forts de l'histoire peuvent également être évoqués dans ces crèches.

Le 30e anniversaire de l'instauration de l'État de siège en Pologne par le général Wojciech Jaruzelski le 13 décembre 1981 pour écraser le syndicat Solidarité n'a pas été oublié dans certaines. L'aigle blanc, emblème de la Pologne, et son drapeau blanc et rouge y apportent une touche patriotique.

«Certaines crèches sont trop politiques à mes yeux, une crèche devrait surtout faire passer un message religieux», souligne Anna Marczyk-Stankowska, 33 ans, mère de la petite Natalka qui a réalisé une crèche pour le concours.

Près de la moitié des crèches sont réalisées par des enfants, avec des classes entières qui participent au concours.

Les enfants font alors renaître la légende du dragon de Cracovie ou celle du chevalier tartare Lajkonik, un personnage du folklore local. La diaspora polonaise aux États-Unis envoie également ses crèches à Cracovie, une manière de garder des traditions en dehors du pays. «C'est fantastique, nous n'avons rien de ce genre au Royaume-Uni», soulignent Beryl Chetwynd et Trudy Hall, deux retraités britanniques en visite à Cracovie. «C'est merveilleux de garder des traditions», ajoutent-elles, soulignant que «la Pologne reste un pays catholique».

En France, l'abbaye de Maillezais en Vendée (ouest) exposera des crèches de Cracovie du 17 décembre au 8 janvier (abbayes.vendee.fr/animations/fiche.asp?SPC-ID    33).

La tradition n'échappe pas pour autant à la modernité. Le Musée historique de la ville, organisateur du concours des crèches, a lancé il y a trois ans un concours spécial pour des crèches multimédias. «Une crèche virtuelle ne gagnera jamais contre la nôtre», estime cependant Leszek Zarzycki. «La crèche traditionnelle a un charme magique, elle vous enchante et vous émerveille. Chacune a son propre coeur et son âme, sa beauté», dit-il.