Pères Noël impertinents, à vos hottes! Pour épicer le réveillon, prenez un traité de philosophie charcutière, ajoutez un guide pour se soigner par le vin, des conseils pour tacler ses enfants, un florilège d'injures politiques et une pincée de Mickey au pays de Socrate.

Vous avez une angine? Buvez du médoc. Vous êtes cardiaque? Optez pour le champagne. Des problèmes de vue? Bourgogne. Ballonné? Vin d'Alsace. Des calculs? Privilégiez le sancerre. Enceinte? Deux verres de bordeaux à chaque repas...

Ces conseils (avinés) sont tirés de Soignez-vous par le vin du docteur Maury, un guide stupéfiant, publié pour la première fois en 1974 et devenu alors un ouvrage à succès. Sans choquer quiconque, ce qui en dit long sur l'époque!

Introuvable depuis quinze ans, ce guide contraire au politiquement correct, et... à la loi Evin, est réédité par NiL Editions, qui remonte de la cave ce grand cru du fou rire. Dans son introduction, le bon docteur s'insurge aussi contre les discours anti-oenologiques et dénonce les silences coupables sur la boisson la plus dangereuse: l'eau!

C'est aux parents, sobres ou non, qui ne ne veulent plus se laisser marcher sur les pieds par leurs enfants, que s'adresse le cynique Mouchons nos morveux (JC Lattès) de Jean-Louis Fournier, rempli d'horribles sentences, de plus ou moins mauvais goût -c'est la loi du genre-, agrémentées de dessins de Gilles Gay.

Quelques extraits explicites: «Il faut toujours remettre au lendemain l'enfant qu'on pourrait faire le jour même», «Avantages de l'animal de compagnie sur l'enfant», «Soyons pédophobes, détestons les enfants!»

Ce livre a inspiré la pièce Tout enfant abandonné sera détruit, montée au Théâtre du Rond-Point.

Cochon

On savait que le Père Noël était une ordure: deux bandes dessinées de Marc Dubuisson, La Nostalgie de Dieu et Le Complexe de Dieu (Diantre éditions), elles aussi adaptées au théâtre, nous apprennent que le Très Haut est un enfoiré! Ce spectacle divinement iconoclaste se joue à la Comédie de la Contrescarpe.

Autre pied de nez potache, le Petit traité de philosophie charcutière (Keribus éditions/ Le Rouergue) prend le contre-pied... de cochon d'une pensée trop étriquée qui diabolise les plaisirs de la table et prône les régimes. Sébastien Demorand (scénario) et Vincent Sorel (dessin) sont aux fourneaux de cet essai dessiné blagueur, qui se dévore comme du saucisson.

Anar, joyeux et anonyme, le malicieux Epistolaire de rien (Editions du Pilon) donne la parole à de prestigieux et incongrus épistoliers. L'auteur et son complice dessinateur compilent des lettres de Dieu à Darwin, de Napoléon aux Bretons ou encore de Judas à Eric Besson.

Quant à Nono, prof de philo et caricaturiste, il se lance dans une histoire illustrée de la philosophie dans Dessine-moi la philo (éditions-dialogues) en croquant avec espièglerie et humour les grands penseurs.

Côté politique, le Petit dictionnaire des injures politiques (L'Editeur), sous la direction de Bruno Fuglini, égrène un florilège drôle, ridicule et souvent féroce de ce que les hommes politiques français ont dit et écrit de leurs adversaires, de la naissance de la République à nos jours.

Le journaliste italien Alberto Toscano pointe lui dans Ces gaffeurs qui nous gouvernent (Fayard) les faux pas des politiques. Berlusconi y tient une place de choix, mais les Français, comme Rachida Dati qui confond «inflation» et «fellation», ne sont pas en reste.

Et Toscano de conclure affligé: «Nous sommes arrivés à un point où, pour finir au journal télévisé, il faut dire des conneries.»