Le pape Benoît XVI, victime d'une spectaculaire agression durant la messe de minuit, est apparu en bonne santé et détendu pour son traditionnel message de Noël délivré vendredi midi depuis le balcon de la basilique Saint-Pierre au Vatican.

Le pape semblait détendu et a souri aux dizaines de milliers de fidèles rassemblés sur la place centrale du Vatican baignée de soleil, avant de prononcer sa bénédiction urbi et orbi (à la ville et au monde). Ceux-ci l'ont acclamé et applaudi avec ferveur et enthousiasme tout au long de son message.

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Benoît XVI avait été jeté à terre par une femme déséquilibrée jeudi soir au début de la messe de minuit, qu'il a ensuite célébrée normalement.

«Face à l'exode de ceux qui émigrent de leur terre et qui sont poussés au loin par la faim, par l'intolérance ou par la dégradation environnementale, l'Eglise est une présence qui appelle à l'accueil», a-t-il déclaré.

Benoît XVI a aussi affirmé que la société est actuellement «profondément marquée par une grave crise économique, mais d'abord encore morale, et par les douloureuses blessures de guerres et de conflits».

Il a fait un tour de toutes les crises que connaît la planète en partant de la Terre sainte, où Jésus, le fils de Dieu, est né selon la tradition chrétienne. Il a une fois de plus appelé à «abandonner toute logique de violence et de vengeance» et à «s'engager» avec «vigueur» et «générosité» sur «le chemin d'une coexistence pacifique».

Par l'intermédiaire des télévisions du monde entier, Benoît XVI a ensuite souhaité une heureuse fête de Noël à tous les peuples et à toutes les nations en 65 langues.

Une femme s'était jetée sur le pape jeudi soir alors qu'il avançait dans la basilique accompagné d'une trentaine de cardinaux. Elle l'avait attrapé par le col et jeté à terre avant d'être immobilisée par les gardes du corps.

Cette Italo-Suisse de 25 ans, Susanna Maiolo, a été interrogée par les gendarmes du Vatican, puis conduite dans un hôpital où elle va subir «un traitement sanitaire obligatoire», a indiqué le père Federico Lombardi, porte-parole du Vatican.

Interrogé sur d'éventuelles poursuites judiciaires, ce dernier a affirmé que la justice du Vatican était «en général très clémente».

Selon le père Lombardi, elle avait déjà tenté le même geste l'an dernier à la fin de la messe de minuit, mais avait été interceptée à temps par la sécurité.

On ne peut pas protéger le pape à 100%, sauf à créer un mur entre lui et les fidèles, ce qui est «impensable», a dit à la presse le père Lombardi.

Lors de l'incident, le cardinal français Roger Etchegaray, vice-doyen du Sacré Collège des cardinaux, 87 ans, est également tombé et s'est cassé le col du fémur. Il a été admis à l'hôpital Gemelli à Rome, où les médecins ont décidé de l'opérer, a précisé le père Lombardi. Son état est satisfaisant, a-t-il ajouté.

Il s'agit de la deuxième agression spectaculaire en deux semaines dans la Péninsule. Le 13 décembre le chef du gouvernement Silvio Berlusconi avait été blessé par un homme soigné depuis dix ans pour troubles mentaux, qui lui avait lancé au visage une reproduction miniature de la cathédrale de Milan. M. Berlusconi avait remercié mercredi Benoît XVI pour son soutien après cette agression.

Ce n'est pas non plus la première agression contre Benoît XVI. Le 6 juin 2007, un jeune Allemand de 27 ans, lui aussi décrit comme «déséquilibré», avait tenté de sauter dans sa voiture découverte place Saint-Pierre. Il avait été aussitôt maîtrisé par la sécurité et interné peu après dans un établissement psychiatrique.

Le pape ne s'était apparemment pas rendu compte de l'incident, qui avait remis en mémoire l'attentat commis dans des circonstances similaires le 13 mai 1981 contre Jean Paul II.