À 46 ans, Casse-Noisette occupe une place à part dans la vie des danseurs des Grands Ballets canadiens comme dans celle de la centaine de jeunes enfants qui, chaque année, y participent. Depuis sa création par Fernand Nault en 1964, le succès de ce ballet ne se dément pas.

Derrière la féerie et la poésie de Casse-Noisette, une réalité: le ballet est une mégaproduction pour l'institution québécoise. Chaque année, les Grands Ballets investissent environ 150 000$ dans les décors ou les costumes de Casse-Noisette. «C'est une grosse production, c'est très exigeant, confirme IsaBelle Paquette, qui interprète la reine des Neiges. Mais il y a l'excitation, les danseurs aiment être ensemble. Chaque fois, c'est un peu spécial.»

IsaBelle Paquette a fait ses débuts sur scène avec Casse-Noisette alors qu'elle était encore étudiante à l'École supérieure de ballet contemporain de Montréal. «Pour moi, c'était un but à atteindre: c'était spécial de faire partie de Casse-Noisette, être sur scène chaque soir avec de grands danseurs», se souvient-elle.

Cette première expérience est fondatrice dans la vie d'un danseur de ballet, croit-elle. «Casse-Noisette nous montre la vie qu'on choisit, et étant petit, tu découvres si tu aimes ça ou pas. Moi, ça m'a vraiment démontré que mon choix était le bon. Casse-Noisette a été décisif.»

Depuis trois ans, Camille Pilon Marquez est l'interprète de la jeune et innocente Clara. «Cela me donne une expérience en plus, et cela me fait voir comment se passent les spectacles», dit la fillette. Sent-elle, grâce à Casse-Noisette, sa vocation se confirmer?

«Parfois, j'ai des doutes. Beaucoup de mes amis arrêtent l'école. Mais quand je fais Clara, je trouve ça incroyable: ça me pousse à m'améliorer», explique Camille Pilon Marquez, qui a commencé le ballet à l'âge de 4 ans et avait déjà assisté à une représentation de Casse-Noisette avant d'y participer.

Entre danseurs professionnels et enfants, l'entente cordiale règne. «Quand j'étais dans les Orientales, les danseurs venaient nous voir, nous rassurer», rappelle IsaBelle Paquette.

«Je leur pose beaucoup de questions, et parfois aussi on se parle pendant le spectacle», dit Camille Pilon Marquez.

«Pour moi, c'est important que les jeunes se sentent engagés, dit IsaBelle Paquette. C'est ça la danse: c'est une transmission. Le ballet aurait pu se perdre, mais ça reste grâce à la transmission. Je pense que cet échange est décisif.»

Présenté jusqu'au 30 décembre, Casse-Noisette reste un succès populaire du temps des Fêtes. «C'est une tradition pour beaucoup de familles, et j'aimerais que cela le devienne encore plus: c'est important de faire venir un public jeune», poursuit IsaBelle Paquette.

Enfin, parce qu'il est populaire et indissociable de la période de Noël, Casse-Noisette amène aussi aux Grands Ballets un public inhabituel: plus jeune et plus réactif. «Ce n'est pas comme pour un programme moins connu. Cela bouge beaucoup dans la salle et cela nous remet, comme danseur, face à un public très vivant», croit IsaBelle Paquette.

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Casse-Noisette, des Grands Ballets canadiens, est présenté jusqu'au 30 décembre à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts.