Un chant en français du XVIe siècle, quelques airs de Noël populaires en Angleterre, un texte en latin chanté dans des orchestrations que ne répudierait pas Philipp Glass, des arrangements celtiques sur une mélodie du compositeur Gustav Holst: ce ne sont là que quelques-uns des très beaux moments qu'on trouve sur le troisième album de Noël - ou plutôt l'album d'hiver - de Loreena McKennitt, dont la magnifique voix pourrait bien être celle de la fée des étoiles...

Quand on regarde les pochettes des trois albums d'hiver de Loreena McKennitt (sur les neuf qu'elle a enregistrés à ce jour), on pourrait croire qu'elle «haguit» pour mourir la saison froide: sur la pochette de To Drive The Cold Winter Away (1987), se trouve une sensuelle jeune femme couronnée de graminées; sur A Winter Garden (1995), on voit des fruits; enfin, sur A Midwinter Night's Dream, lancé il y a deux semaines, des animaux de la forêt semblent bien occupés dans un paysage forestier d'automne: mais oui, ils sont en train de décorer un arbre avec des rubans! «C'est un hasard, puisque j'adore l'hiver, dit en riant Loreena McKennitt, j'aime patiner, j'aime tellement la sérénité des paysages d'hiver, sous la neige, j'aime promener mes chiens dans la neige! C'est vrai que mes pochettes n'en témoignent pas du tout... Peut-être est-ce parce que mes disques voyagent dans le monde et que je voulais surtout souligner tous ces rituels faits dans tous les pays, enneigés ou pas, à cette période de l'année, quand la noirceur s'installe.»

 

C'est vrai que les albums de l'artiste manitobaine sont vendus de par le monde... et que la musique du monde se retrouve sur ses albums. Sur ce disque de Noël, les arrangements orientaux, nord-africains, celtiques se répondent et se marient, ce qui n'exclut pas le chant a cappella, en choeur, le poème mis en musique, trois morceaux instrumentaux, des orchestrations plus épurées et contemporaines... «Dans le cas de ce dernier album, je crois que j'ai voulu aussi évoquer les animaux et les arbres de la forêt du Songe d'une nuit d'été de Shakespeare (le titre de son disque pouvant se traduire par Songe d'une nuit d'hiver), reprend Loreena McKennitt. Et puis, cela évoque tout ce que cette saison a de sensuel: il fait très noir, ce qui souligne encore plus la lumière des fenêtres dans la nuit, les odeurs, les bruits...»

 

Les fidèles de Mme McKennitt constateront que A Midwinter Night's Dream reprend les cinq morceaux qui figuraient sur le mini-album A Winter Garden, auxquels la jolie dame rousse a ajouté pas moins de huit titres inédits: «En fait, A Winter Garden ne devait pas exister au départ, explique-t-elle. En 1995, je travaillais dans les studios de Real World (les studios de Peter Gabriel) et je voulais expérimenter avec des instruments que je ne connaissais pas, en prévision de mon album The Book of Secrets, par exemple le violon égyptien ou la lyre grecque. Nous avons donc fait des auditions avec des musiciens versés dans ces instruments, avec des chansons plutôt connues, les airs associés à Noël... Le résultat était tellement bon que nous avons décidé de l'enregistrer et de faire un mini-album de cinq morceaux. Mais, au fil des ans, j'ai eu envie d'ajouter des morceaux. Et dans deux ans, je vais sans doute enregistrer un autre album d'hiver, cette fois avec des airs venus du Danemark, de la Suède...»

Avec ce disque à la fois chatoyant et contemplatif, qu'on peut écouter facilement à l'année, Loreena McKennitt espère que les gens réaliseront à quel point l'hiver est une période positive, où on réalise ou redécouvre ce qui est essentiel: nos proches, la nature, la lumière, même si elle est plus rare: «Et puis, conclut-elle en riant, après tout, dans un peu plus d'un mois, les jours vont commencer à rallonger!»

Loreena McKennitt

A Midwinter Night's Dream

Quilan Road Music

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