Réunions de famille, soupers à 14 services, conversations imposées ou débats enflammés, le cocktail des Fêtes est tout indiqué pour la crise de foie, et la crise... tout court. Pourquoi nous en imposons-nous autant? Surtout: est-ce possible de traverser Noël sans y laisser sa peau, entre la dinde, la bûche et la belle-mère? Oui. Bien sûr que si. Et c'est tant mieux. Guide de survie des Fêtes en famille, à consommer sans modération.

Diane Pacom n'en revient toujours pas. Alors qu'on prédisait la fin de la famille il y a 30 ans à peine, la sociologue observe quotidiennement un retour en force des valeurs familiales, notamment parmi les jeunes de la génération Y, en manque de traditions. D'où le sempiternel retour, chaque Noël, des dîners et autres retrouvailles, pas toujours heureuses, et surtout jamais simples.

«Oui, c'est laborieux, les Fêtes! fait valoir la sociologue. Car il y a plein d'aspects problématiques: il faut désormais jongler avec toutes sortes de réalités déconstruites et reconstruites à tort et à travers.»

Si jadis on fêtait avec la famille immédiate, en suivant un menu et des rituels prédéfinis («On mangeait les mêmes choses et on chantait les mêmes cantiques»), de nos jours, non seulement il faut réunir des beaux-parents, demi-frères et autres cousins toujours plus éloignés («Et ça n'est pas naturel, dans le contexte!»), mais en plus, il faut réinventer les rituels. Car, faut-il le rappeler, «on vit dans une société qui a évacué la religion; or Noël, c'est une fête religieuse!»

D'où la lourdeur des Fêtes, tranche la sociologue: «Bien sûr que c'est un poids: vouloir traîner une tradition qui, dans les faits, n'a plus aucune raison d'être, c'est lourd...»

Pourtant, à voir certains afficher leur bonheur devant toutes les célébrations qui s'en viennent, il est clair qu'il n'en est pas ainsi pour tous. Depuis plus de 10 ans, Ricardo nous en met plein la vue avec ses préparatifs festifs de Noël. Comment fait-il? «Il est arrivé que certaines années, j'avais moins le goût, confie le chef vedette. Notamment quand ma conjointe, Brigitte, était malade. Mais ça te raccroche aussi. Ça prouve que la vie continue. Et ça n'a rien à voir avec le fait que ce soit mon métier dans la vie. C'est le rituel. Il y a quelque chose d'important dans le rituel, c'est sécurisant!» Il le suggère d'ailleurs à tous: «Inventez-vous un rituel, tenez-y tous les ans, c'est important! Et puis cela va devenir un bonheur «attendu».»

Ainsi, chez Ricardo, les préparatifs, la veillée et le jour de Noël se font religieusement selon un même moule, année après année. «C'est important pour les enfants, dit-il, mais aussi pour les parents: un coup qu'on est embarqués, on est tout le temps contents!»

D'autres ont trouvé leur truc pour survivre à ce «rituel» qui, il faut bien l'avouer, est parfois plus imposé que désiré: l'humour. Dans un petit guide fort sympathique (et non moins pratique), Petit guide pour survivre à la famille, publié chez Marcel Didier, l'auteur et père de famille Pascal Henrard y va de quelques suggestions de sujets de conversation à garder en tête avant une réunion de famille, ou carrément des répliques marrantes pour se débarrasser de la visite.

Selon lui, si les Fêtes en famille se sont imposées comme sujet humoristique à exploiter, c'est à cause de leur aspect «obligatoire» et «astreignant». «On se retrouve avec un paquet de monde qu'on ne fréquente pas nécessairement, qu'on n'aurait peut-être pas invité à un BBQ au mois de juillet, dit-il. Et puis, c'est si compliqué!»

Entre le mononcle qui se croit drôle, la grand-mère sourde et la petite dernière qui vient d'attraper la gastro, l'auteur a choisi sa voie: «Non, je ne suis pas fou de Noël, concède-t-il. Mais comme on ne peut pas fuir, mieux vaut en rire!»

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CINQ TRUCS POUR RESPIRER PAR LE NEZ

Marie Claude Lamarche est psychologue, spécialiste de santé psychologique, bref, du bien-être. Nous avons pensé qu'elle était la personne tout indiquée pour nous suggérer quelques trucs pour respirer par le nez pendant les Fêtes cette année. Voici ses réflexions.

1. Penser à soi

«Pendant les Fêtes, il y a beaucoup de pression de toutes parts et de tous les côtés. Alors il faut se demander: moi, qu'est-ce que je veux?» En un mot: voulez-vous vous reposer ou voir toute votre famille aux quatre coins de la province? À chacun sa réponse. Bien personnelle. Prenez deux minutes pour y penser. Faire le point et surtout...

2. On s'assume

Assumez! Si vous tenez à vous reposer, alors soyez cohérent et refusez certaines invitations.

3. On met ses limites

Tout le monde a des attentes pendant Noël: vous, le conjoint, les enfants, la famille. «Mais on ne peut pas plaire à tout le monde, rappelle la psychologue. Surtout à ce temps-ci de l'année, où tout le monde a la queue entre les jambes.» Alors à nouveau, pensez à vous, assumez-vous, et déterminez ce que vous êtes prêts à faire, organiser, animer, bricoler... ou pas!

4. On met de l'eau dans son vin

Cela étant dit, il ne faut pas non plus oublier que les réunions de famille sont aussi, souvent, un beau prétexte, notamment pour les enfants, de passer des moments privilégiés avec leurs grands-parents et autres cousins éloignés. «Alors même s'il y a des conflits, on peut les mettre de côté pendant les Fêtes, conseille la psychologue, si on en est capable...»

5. Tout en restant authentiques

«Mais quoi qu'on fasse, souligne-t-elle, on reste authentique. Si on n'a vraiment pas le goût d'aller à une réunion de famille, on n'y va pas. On fait des choix, une année oui, une année non. On a le droit d'oublier les autres, de se centrer sur soi et de faire fi des conventions.»