C'est l'histoire d'une ancienne grange devenue maison de jardin. Avec ses planches grises et son toit de tôle, ses fenêtres à crémone et son trottoir d'anciens madriers, on dirait la maison du Petit Poucet. Une minihabitation pour jouer à la vie d'autrefois, la vie d'il y a 200 ans.

La comédienne Jacynthe René, propriétaire d'une terre agricole sur la Rive-Sud, est bien connue pour sa passion de la vie naturelle et écologique, elle qui n'achète jamais de jouets neufs et qui récupère meubles et matériaux dans les brocantes.

«J'avais un droit acquis pour la présence d'une grange sur la propriété, relate-t-elle. Quand j'ai su qu'un de mes voisins voulait démolir la sienne, je lui ai demandé s'il voulait bien me la céder. Nous l'avons déménagée à la grue et déposée sur des fondations neuves, afin d'éviter que sa base pourrisse davantage. Elle y est restée deux ans, avant qu'on entreprenne la rénovation.»

Pendant ce temps, Jacynthe court les brocantes et déniche, l'une après l'autre, 11 fenêtres patrimoniales, toutes différentes. «J'ai dessiné le croquis des rénovations à partir des fenêtres, rapporte-t-elle. La grange a conservé sa structure et ses dimensions de départ, soient 14 pieds sur 18, et on y a ajouté une partie de 6 pieds de large, ce qui donne une superficie totale de 14 pieds sur 24.» Les murs de l'ajout sont montés en pièce sur pièce, du bois récupéré d'une maison ancestrale de la région. Les joints de cette partie sont en «Jam Log», un produit ancien qu'elle a fait venir de Saint-Tite. Les poutres de grange intérieures ont été finies à la cire à patiner des Anciens ébénistes.

Lumineuse patine blanche

Robert Pomerleau, habile homme à tout faire derrière cette rénovation majeure, n'a pas manqué de débrouillardise pour la finition intérieure. Après avoir réparé et renforcé la structure près du sol, il a confectionné, sur un des murs extérieurs de 14 pieds, un comptoir sur mesure, dont les tiroirs et portes d'armoire proviennent d'un meuble de brocante.

Le bois a été doté d'une lumineuse patine blanche, moyennant quelques couches de peinture au lait.

En homme qui n'a peur de rien, M. Pomerleau a également fabriqué les moustiquaires, avec le bois de grange qui restait. Les crémones et les poignées, en fer, ont été frottées, nettoyées et débarrassées de toute rouille.

Un endroit pour être bien

«Nous passons beaucoup de temps dans notre maison de jardin, c'est tellement reposant, confie Jacynthe René. Le bois ancien, l'abondante lumière, l'absence de matériaux toxiques, le fait d'être tout près du sol, l'absence de télévision, tout cela procure un grand bien-être. On se sent groundé. On a l'impression d'être dehors.»

Après l'école, Louis, aîné de la famille (8 ans), se réfugie dans son «repaire de pirate» à la mezzanine, où il y a d'ailleurs un coffre à deux battants fait d'un tiroir récupéré. «C'est un endroit pour juste être, s'asseoir et jouer avec des bouts de bois. C'est aussi la résidence d'Angèle, la chatte.»

Le reste du bois de pièce sur pièce a été utilisé pour les tables à jardin et le trottoir. «Rien n'a été perdu», affirme la propriétaire.

Jacynthe René raconte l'histoire de la rénovation de sa propriété bicentenaire, y compris grange et brocantes, dans son livre Respirer le bonheur, paru en mars dernier. La comédienne et auteure y parle de récupération, de permaculture, de nettoyage aux produits naturels. Elle partage ses idées pour s'harmoniser avec son environnement. Elle insiste sur le fait qu'on peut se meubler de seconde main et acquérir les jouets d'enfants dans les ventes-débarras.