Les bâtisseurs de maisons Leed ont toujours quelque exploit à raconter, sur les défis à surmonter pour atteindre cette haute certification écologique. À l'opposé, voici des autoconstructeurs qui se font plutôt chantres de la simplicité, et proposent un exemple d'habitation «Leed accessible», sans coup d'éclat et sans coût excessif.

«J'ai toujours été passionnée par l'aménagement des espaces», affirme d'emblée Nathalie Caron, designer et copropriétaire, avec Michel Descoteaux, de la nouvelle maison Leed platine de l'Éco-village Des Coteaux du Lac, à Orford.

Nathalie et son compagnon, Gilles Faucher, sont tombés amoureux de ce domaine de 20 lots en lisant sa charte écologique. «Pas de véhicule à moteur, pas de tondeuse, des sentiers et un quai en commun pour l'accès au lac», relate Nathalie. Sans oublier la proximité du parc du Mont-Orford et du mont Chauve. «Nous sommes des gens de plein air.»

Le couple a acheté un terrain mais n'est pas prêt à faire construire, car Gilles en a pour des années encore à travailler à Montréal.

Cependant, Nathalie brûlait de réaliser une maison-exemple, une maison qui inspire monsieur et madame Tout-le-Monde. Au point de se lancer, en partenariat avec Michel Descoteaux, fondateur de l'écovillage, dans l'autoconstruction d'une habitation de niveau Leed platine. «Je venais de vendre ma maison et pouvais me payer cette folie, expose la designer. Pour voir et expérimenter, pour me faire plaisir, comme d'autres prennent une année sabbatique.»

Nathalie voulait une maison saine, parfaitement orientée en fonction du soleil, supérieurement isolée, pourvue d'une masse thermique et d'une taille raisonnable. «Un espace relativement petit nous garde proche de la fenêtre, donc proche de la nature, soutient-elle. Avec de grandes ouvertures côté sud, on ne se sent pas étouffé.»

La maison fait 1670 pieds carrés. On trouve au rez-de-chaussée les pièces de vie et une salle de bain avec douche et toilette. Le rez-de-jardin contient les trois chambres à coucher, chacune munie d'une porte-fenêtre, une salle d'eau avec bain, douche et toilette, la salle mécanique et un corridor d'entrée donnant sur un cagibi pouvant contenir quatre vélos.

Matériaux accessibles

Le projet se voulait sobre. «Pas de géothermie ou de panneaux solaires, bien que la maison soit prête à les recevoir, précise Nathalie. Juste des mesures de gros bon sens.» Pour ménager temps et argent, les matériaux sont achetés chez Rona: le bois certifié FSC, l'éclairage Energy Star (aux DEL ou aux ampoules fluocompactes), la robinetterie certifiée WaterSense, la peinture sans COV, la laine de roche dans les murs... On est toutefois allé chez IKEA pour les caissons d'armoires sans émission de formaldéhyde.

Le facteur d'isolation des murs est de R-40 et celui du toit de R-50, ce qui se compare avantageusement aux standards Novoclimat, de respectivement R-24,5 et R-41. Au rez-de-chaussée, les murs contiennent deux épaisseurs de laine de roche. Au rez-de-jardin, du côté nord et du côté ouest, on a posé des coeurs de portes de part et d'autre des murs de béton. (Les coeurs de portes, très isolants, sont les pièces enlevées aux portes d'acier pour y poser une fenêtre.) D'autres coeurs de portes ont été placés dessous et dessus la semelle et sous la dalle. Toutes les conduites d'eau sont isolées.