Philippe Vincent travaille le jour dans le secteur immobilier et se transforme la nuit en entrepreneur. Depuis cet été, il démolit un cottage de Pointe-Saint-Charles pour le rebâtir en une habitation moderne et claire. Il a le budget pour, mais les dépassements de coûts sont à prévoir.

Dernière étape en date: fermeture des murs et, tout juste avant, prise de décision finale, par exemple sur l'emplacement exact de la télé pour passer tout les fils et surtout tous les petits détails de la cuisine, les prises, la hotte, la distance des caissons, etc. «On est dans les temps pour les délais de construction. Le plus important est de bien coordonner les différents corps de métier pour que tout roule sans arrêt.»

Tout ça, pour Philippe, avait des airs de déjà-vu: il avait déjà rénové deux condos avant aujourd'hui. Mais une grosse «tuile» lui est tombée dessus au moment de la réfection de la brique sur la façade avant. À la hauteur du deuxième étage, la brique «avançait» sur deux pouces. Le hic: la maison avait tellement travaillé que la structure de bois était complètement collée à la brique, ne laissant plus aucun jeu d'air entre les deux parois...

«À l'évidence, il aurait fallu arracher le mur extérieur, consolider la maison avec des poteaux temporaires, défaire les planchers neufs et les divisions...» relate Philippe Vincent. Un cauchemar se profilait à l'horizon. Quand Philippe Vincent a vu ça, il a:

1- Pleuré un bon coup (!)

2- Réfléchi avec le charpentier Mathieu Sénécal à une solution de repli.

«Je n'avais jamais vu ça. C'est rare que le carré suive la brique! C'était dû à des années d'infiltration et de non-entretien», d'expliquer de son côté Mathieu Sénécal, charpentier-menuisier d'Atelier mobile Manitou. Le charpentier avait de l'expérience et quelques rénovations de vieilles maisons derrière la cravate. Heureusement.

Donc, après cogitation, il propose ceci à Philippe: d'abord visser temporairement des équerres en bois pour redresser le mur extérieur. «Ça a marché. On a ensuite commandé des tuyaux en métal. On les a vissés avec des vis géantes - des tire-fonds - à l'intérieur de la maison entre le 1er et le 2e étage», souligne Philippe. Le miracle s'est poursuivi: le mur intérieur se redresse et soulève en même temps le toit. Ces colonnettes en métal de 10 pieds de haut sont posées sur le plancher. Elles sont désormais bien dissimulées derrière les panneaux de gypse. «On a jonglé avec la grosseur du métal. On a pensé à mettre des plaquettes d'un demi-pouce d'épaisseur. Mais je croyais que ce ne serait pas assez solide. Les colonnes qu'on a choisies font de 2 à 4 pouces», de préciser M. Vincent.

Le jeune propriétaire et sa conjointe Catherine Albert n'ont pas acheté le vieux cottage pour faire de la spéculation, tient à dire Philippe Vincent. La maison leur tient à coeur et ils veulent la rénover avec soin et dans le détail. «C'est vraiment la partie qui m'a démoralisé le plus. Depuis, tout me coule sur le dos. Il n'y a plus aucun problème qui me dérange!»

Le conseil de Mathieu: «Les vieilles maisons, c'est du cas par cas. Si on a une vieille maison, mieux vaut engager quelqu'un qui a de l'expérience là-dedans. Un jeune qui aurait juste travaillé sur du neuf aurait eu un gros problème...»