Au coeur du Plateau Mont-Royal, l'architecte Paul Bernier a métamorphosé le terrain jouxtant sa résidence en un petit éden où se côtoient plantes et galets de rivière. Cette cour intérieure reste fraîche tout l'été, et sa végétation assourdit la clameur urbaine.

Au coeur du Plateau Mont-Royal, l'architecte Paul Bernier a métamorphosé le terrain jouxtant sa résidence en un petit éden où se côtoient plantes et galets de rivière. Cette cour intérieure reste fraîche tout l'été, et sa végétation assourdit la clameur urbaine.

 L'endroit aux allures de sous-bois est délimité par une clôture et trois bâtiments: la résidence familiale, l'immeuble voisin et la salle de jeu, un agrandissement naturellement climatisé, car surmonté d'un toit de fougères. Exploit: l'érable existant a été sauvegardé grâce à une alcôve vitrée aménagée dans la pièce des enfants. Haut de plus de 18 m, le feuillu fait office de brise-soleil, évitant ainsi la surchauffe à l'intérieur de la résidence familiale.

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 En 1993, Paul Bernier déniche un cottage jouxtant un terrain de 82 mètres carrés (880 pieds carrés) au coeur du Plateau Mont-Royal. «La maison était plutôt banale», admet-il.

De fait, l'architecte n'avait d'yeux que pour la cour intérieure des lieux. «Cette cour avait beaucoup de potentiel, explique-t-il. Il fallait toutefois créer des liens entre l'habitation et la cour, car seule une petite porte au rez-de-chaussée permettait d'y accéder. Il n'y avait même pas de fenêtres à l'étage pour l'admirer», résume Paul Bernier.

Aujourd'hui, le cottage a été complètement rénové. Surtout, le jardin est visible de la plupart des pièces de la maison. De grandes fenêtres on été installées à l'étage et dans la salle à manger, là où se trouve maintenant une porte vitrée.

«L'été, notre cour devient littéralement une pièce supplémentaire, dit-il. On y mange le plus souvent possible, car elle est fraîche. Parfois, il peut y faire jusqu'à quatre ou cinq degrés de moins que dans la rue», soutient l'architecte.

Dans la foulée des rénovations, deux agrandissements ont été réalisés: un espace de travail pour les parents construit sur le toit et une salle de jeu largement vitrée, au fond du jardin. Parfaitement aménagée, la cour intérieure s'est transformée en îlot de fraîcheur: plusieurs plantes indigènes (carex, pigamon, fougère) et la pétasite (vivace en région montréalaise) y côtoient des galets de rivière. Ces derniers absorbent l'humidité tout en offrant une surface douce pour les pieds. En prime, de la vigne verdit le crépi des bâtiments. «On désirait recréer une atmosphère de sous-bois», précise le propriétaire.

Surmontée d'un toit végétalisé où règnent les fougères (Onoclea sensibilis), la salle de jeu est «naturellement» climatisée. Une large porte-fenêtre permet aux enfants de «couper» à travers la cour pour atteindre la salle à manger. Ils peuvent aussi emprunter un petit sentier d'ardoise qui mène à une future douche extérieure. «Ce sera parfait pour se rafraîchir et ce sera moins inquiétant qu'une piscine», précise Paul Bernier. 

Salle de jeu rêvée

Les enfants de l'architecte et de sa conjointe Joëlle Thibault peuvent se targuer d'avoir l'une des plus belles salles de jeux en ville! Victor, 22 mois, et Édouard, 5 ans, profitent à plein de leur jardin urbain pendant l'été. En hiver, un arbre de Noël y brille sur un tapis blanc.

Tour de force: l'érable des lieux a survécu à la construction de la pièce des enfants (25 mètres carrés). Construite sur pilotis, elle n'a aucunement abîmé les racines de l'arbre. Autre astuce: le mur arrière de la salle de jeu «contourne» l'érable argenté grâce à l'aménagement d'une alcôve inclinée et vitrée à l'intérieur. L'arbre peut ainsi grandir et osciller par grands vents.

«Cet érable nous a permis de poser de larges fenêtres en coin au deuxième étage, précise l'architecte. En été, les feuilles tamisent la lumière et évitent la surchauffe. En hiver, c'est tout le contraire et c'est tant mieux: le soleil réchauffe la maison.»

Enfin, côté rue, une clôture faite d'acier et de planches de cèdre de l'Est préserve l'intimité de la cour. Trois colonnes d'acier structurales évitent que la palissade ne s'incline. Quant à la poutre métallique posée au sommet de l'enceinte, elle soutient le rail de la porte coulissante. «Je laisse l'acier s'oxyder naturellement, et curieusement, il prend la même teinte que celle du cèdre teint», observe Paul Bernier qui d'une façon imagée compare sa cour intérieure à un coin de campagne en format réduit.

 

 

Photo fournie par Paul Bernier architecte