La torréfaction du café est connue universellement. Mais qui a entendu parler de la torréfaction du bois? Largement méconnu, le bois torréfié a fait son apparition dans les pays scandinaves à partir des années 60 et ce n'est que depuis 2001 que ce produit a commencé à être fabriqué au Québec.

La torréfaction du café est connue universellement. Mais qui a entendu parler de la torréfaction du bois? Largement méconnu, le bois torréfié a fait son apparition dans les pays scandinaves à partir des années 60 et ce n'est que depuis 2001 que ce produit a commencé à être fabriqué au Québec.

Le bois torréfié signifie un bois traité à haute température, de 160 °C à 245 °C dans des fours spéciaux, ce qui permet de réduire le taux d'humidité à environ 1 % comparativement à 12 % ou plus pour un bois séché dans des fours conventionnels.

Le principal avantage de cette cuisson à haute température est d'éliminer les éléments nutritifs du bois qui attirent insectes et champignons microscopiques et contribuent au pourrissement. Cela permet d'éviter l'utilisation de produits chimiques de conservation comme on le fait pour le bois traité. De plus, le bois torréfié devient hydrophobe (il ne boit pas l'eau) et on peut lui donner différentes teintes, allant du blond miel au brun foncé, selon la durée de la cuisson.

Cette technique permet aussi d'ennoblir certaines essences comme le tremble et le peuplier dont l'utilisation était réservée à la fabrication du papier. Une fois torréfiés, ces bois mous deviennent aussi durs que le chêne et l'érable.

André Beauchamp, du Groupe Servicom, qui a reçu le mandat de commercialiser le produit par les six fabricants québécois, précise que le bois torréfié perd cependant sa force structurelle et est moins résistant au cisaillement, de sorte qu'il n'est pas recommandé pour ériger les charpentes des bâtiments. Il est aussi beaucoup plus cher, de 25 à 30 %, qu'un bois traité chimiquement ou un matériau synthétique.

Pour la plupart des applications extérieures, des essences comme le tremble, l'épinette, le pin, le hêtre, le mélèze ou la pruche peuvent être utilisées et auront la durabilité et la résistance face aux intempéries et à la moisissure (les manufacturiers offrent une garantie de 25 ans), égales ou supérieures aux essences exotiques telles que le cèdre de l'Ouest. On en fait des pergolas, des meubles de jardin, des quais, des terrasses, etc.

Jacques Bigras, de Terrasses & Cie, utilise le pin séché par torréfaction pour construire des terrasses ou des quais. «À partir d'une recette particulière du procédé de torréfaction, on peut lui donner la couleur du cèdre rouge qui sera aussi durable que cette essence tout en ne décolorant pas. On évite aussi les risques de blessures car le bois torréfié n'éclisse pas. Cependant, comme il a tendance à devenir gris avec le temps, il faut lui appliquer un protecteur à base de latex contre les rayons UV.»

 Richard Lapalme, de Giroux-Maconnex de Saint-Basile-le-Grand, distributeur d'essences de bois torréfié, précise qu'on peut l'utiliser comme boiseries d'intérieur ou pour la confection de meubles, comme cela a été expérimenté avec succès à la maison Lefort des terrains Angus à Montréal ou encore par les Constructions F. Pichette, de Blainville, pour sa maison de type zen.

Bois Francs Brandon, entreprise pionnière du bois torréfié, fabrique aussi des moulures, des planchers, des lambris, etc. Selon son président, Paul Bécotte, la demande encore restreinte explique que l'on ne retrouve pas le produit dans les grandes surfaces comme Rona ou Réno-Dépôt.

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Pour informations, Groupe Servicom : 450-963-3171.

Photo Martin Tremblay, La Presse

Le tremble torréfié donne du style aux moulures et aux éléments décoratifs à l'intérieur de la maison de type «zen» des Constructions Pichette et Fils de Blainville.