En attendant de pouvoir pratiquer leur sport dans un parc de Québec digne de ce nom, Rébecca Filion et Frédéric Poulin se sont construit une rampe de planche à roulettes dans leur maison de Lac-Sergent.

En attendant de pouvoir pratiquer leur sport dans un parc de Québec digne de ce nom, Rébecca Filion et Frédéric Poulin se sont construit une rampe de planche à roulettes dans leur maison de Lac-Sergent.

Maëlle, huit mois et demi, est sans doute plus habituée au frottement des roulettes sur le contreplaqué qu'à la musique de son mobile. Dans les bras de son papa, elle n'a peur de rien. Elle a déjà ses petites chaussures de skater. Et quand elle aura deux ans, elle commencera à rouler sur sa propre planche. Ses parents sont des mordus.

Frédéric fait de la compétition depuis 15 ans. Et Rébecca, sa conjointe, est porte-parole de l'Association québécoise de planche à roulettes, qui milite pour la construction d'un parc public d'envergure en ville. La série de petits parcs à Québec ne vaut pas grand-chose à leurs yeux. «C'est comme des miniputts, comparativement à des terrains de golf», illustre la jeune femme de 29 ans, étudiante au doctorat à l'Institut national de recherche scientifique (INRS).

Leur rampe est aménagée depuis décembre dans une grande pièce au bout du couloir. C'est totalement inusité. En ouvrant la porte, on se croirait dans une célèbre improvisation de la LNI, celle où le défunt Robert Gravel entraînait un ami dans son sous-sol pour lui montrer sa patinoire neuve.

Petite, mais efficace

Avec ses trois mètres sur six, la rampe occupe toute la superficie du plancher. Une légère montée à l'est, une autre à l'ouest : nos rouliplanchistes en ont assez pour garder le rythme et la forme. «Il n'y a tellement rien à Québec que même cette petite rampe nous aide», fait remarquer Rébecca. Frédéric l'a fabriquée lui-même avec du contreplaqué et des barres de métal contre lesquelles s'immobilisent les planches.

Le plan est encadré, juste au-dessus d'une série de planches qui ont beaucoup servi. Sur le mur voisin, deux dizaines d'espadrilles fatiguées témoignent du passe-temps de nos hôtes. Le lac Sergent se profile au-delà de la porte-fenêtre, au bout d'un grand terrain qu'on devine boisé. Pour Maëlle, il n'y a rien de plus normal qu'un papa et une maman qui roulent sur le contreplaqué en faisant beaucoup de bruit. Évidemment, ils ont parfois des invités, tout aussi passionnés qu'eux.

Tous ces gens réclament de Québec un parc en béton, avec un bol et une plaza pleine d'obstacles et de bancs. Et en ville, s'il vous plaît, pour que les jeunes y aient accès facilement. «La Ville a débloqué 500 000 $ dans son dernier budget pour la construction du parc en 2008», se réjouit Rébecca. Reste à savoir où.