Les précipitations fréquentes, mais généralement modérées, de ces derniers mois n'ont pas fait grand dommage à nos maisons. Le sol les absorbait sans mal. Mais les orages récents, avec vents violents, ont changé le cours des choses. L'eau s'est engagée dans des fissures que, souvent, on ne soupçonnait pas ou qu'on avait tout simplement oubliées.

À tel point que des entreprises de colmatage telle Drains Secours de Lévis et Québec, qui n'avaient pas cessé leurs activités durant les vacances de la construction, ne savaient où donner de la tête. Et ça continue.

 

«Les drains agricoles, eux, n'ont pas souffert», constate Jean Deschênes, de la firme Les Pros du drainage, boulevard Louis-XIV, qui en fait spécialité.

Il trouve néanmoins qu'il faut être vigilant et regarder sa maison de près. Une visite au sous-sol, en tout cas, est de rigueur. Pour le cas, par exemple, où des traînées d'humidité se seraient formées à la rencontre de la chape de béton et des murs. Ce qui serait symptomatique d'un dysfonctionnement du drain. Si le sous-sol est aménagé, il faut exercer son nez pour flairer les moisissures qui induisent des eaux dormantes.

Pluie battante

«Les problèmes, actuellement, ne sont pas reliés au drain agricole, c'est vrai. Ils sont plutôt attribuables aux pluies torrentielles battues par le vent contre les parties vulnérables de la maison», déclare Bernard Guillot, directeur technique chez Drains Secours.

Un solin de cheminée ou d'évent de toit négligé, un pourtour de châssis ajouré et une fissure qu'on jugeait sans gravité sont autant de chemins par lesquels l'eau s'introduit.

Une margelle embourbée est une autre cause d'infiltration. «La végétation ou les feuilles mortes qui tapissent le fond empêchent l'eau de passer. Elle reste un temps, au lieu de ruisseler. Alors elle force la fenêtre et s'engage dans le sous-sol», détaille M. Guillot. Par ailleurs, si la margelle n'a pas de drain, comme cela se faisait autrefois, et si le terrain s'incline vers la maison, le problème peut être suraigu.

La pluie, sous l'action du vent, peut même s'insinuer par la bordure du tuyau de l'entrée électrique, à son passage dans le mur, s'il n'est pas garni d'un joint d'étanchéité ou si celui-ci est partiellement désuni.

«Un drain agricole est sous terre. Il est invisible. S'il est défectueux, on peut comprendre qu'on ne s'en aperçoive pas sur-le-champ. Mais un solin, un châssis, une margelle, une fissure et une pente négative du terrain, c'est une autre paire de manches. Ça se voit», trouve Bernard Guillot.

Il faut donc réparer ou faire réparer avant que l'eau n'entre. Car dès qu'on s'en rend compte, le confort s'en va. On ne se sent plus bien. Même si le lieu qu'on habite est somptueux.

Sans effet

«L'épaisseur normale d'une fissure de fondation équivaut à la superposition de deux ou trois cartes de crédit», continue le porte-parole de Drains Secours. Il faut se hâter de remédier à ça.

Par l'intérieur, au moyen d'uréthanne injecté sous pression. Ou par l'extérieur, après avoir creusé, par la pose d'une membrane élastomère hydrofuge.

«Il ne faut pas attendre l'automne, toutefois. Car à une température de 5 °C et moins, la colle de la membrane est sans effet», prévient-il.

Autrement, s'il survient un redoux l'hiver, que de l'eau se loge dans la fissure et qu'elle glace par la suite, l'ouverture grandira.

Vous découvrez une fissure dans les fondations qui descend jusqu'à la rencontre du sol, enlevez une motte de terre pour voir si elle va plus loin. En revanche, voyez dans le sous-sol si elle n'a pas traversé la masse entière de béton. Auquel cas, ne laissez surtout pas les choses ainsi.

D'un autre côté, il n'est pas impossible qu'une infiltration, par la lisse de contour de la maison, juste au-dessus des fondations, origine de la toiture. La pluie peut s'introduire par un solin, suivre un chemin erratique, atteindre un mur extérieur et descendre ainsi jusqu'à la lisse.

Par ailleurs, pour le propriétaire d'Imperméabilisation Orsainville de Beauport, Benoît Gosselin, il faut s'affranchir de cette habitude de ne prendre égard à la toiture, aussi bien qu'aux fissures, que lorsque l'eau entre. Il faut agir avant.

Il estime que 80 % des maisons ont des fissures. Lorsque le sol est bien drainé, heureusement, l'eau passe souvent tout droit.

En revanche, on ne doit pas trop se formaliser de lézardes dans lesquelles même une feuille de papier ne pourrait se loger. Elles résultent souvent du retrait du béton lors de son séchage au temps de la construction. On ne doit pas moins les surveiller pour le cas où elles s'aggraveraient.

En fait, conclut pour sa part Bernard Guillot, il est vraisemblable que les infiltrations qui nous affligent actuellement, nous les connaissions déjà. Elles se sont sans doute manifestées il y a plusieurs années. Comme elles ont été passagères et qu'elles ne se produisaient plus, on a cru bon les oublier.

Enfin, les gouttières gorgées de terre ou de feuilles en décomposition sont aussi des causes d'infiltration. L'eau, en effet, peut revenir sous les bardeaux de toit ou s'abattre sur le sol, y entrer et vagabonder près des fondations.