Le PVC, ou chlorure de polyvinyle, est un des produits les plus mal aimés des environnementalistes du monde. Ils le jugent cancérigène et redoutent ses effets dans la chaîne des déchets.

Le PVC, ou chlorure de polyvinyle, est un des produits les plus mal aimés des environnementalistes du monde. Ils le jugent cancérigène et redoutent ses effets dans la chaîne des déchets.

 À domicile, on le trouve surtout sous forme de cadres de fenêtres, de meubles de jardin et de revêtement de plancher en vinyle dur et souple.

 Dans son édition du samedi 12 janvier, le cahier Maison du Soleil portait le regard sur les couvre-planchers en PVC reproduisant, visuellement mais de façon très persuasive, les parquets en planches de bois, en carreaux de céramique ou en pierre. Tout en soulignant leur consistance moelleuse et leur propriété isolante.

 Des lectrices et lecteurs, de Matane au Massachusetts en passant par Québec, ont écrit au Soleil pour lui faire part de leurs doutes, de leur scepticisme ou de leur désaccord.

 Dans son édition du printemps 2005, le magazine La Maison du 21e siècle rappelait que le chlore représente «plus de la moitié» du poids du PVC. Alors que les phtalates, un plastifiant assouplissant dont les émanations peuvent être nocives, entrent dans la composition des vinyles souples.

 Se fondant sur une publication (Environnemental Health Perspectives, octobre 2004) de l'Agence américaine de la santé, le directeur du magazine, André Fauteux, dit qu'un lien peut être établi entre les phtalates et l'apparition des symptomes d'asthme et d'allergie chez les enfants. En effet, plus de traces «causales» auraient été trouvées dans leurs chambres.

 Récemment encore, les phtalates ont fait parler d'eux dans les médias. Santé Canada s'inquiète à son tour, de leurs effets sur les enfants, puisqu'une étude américaine signale que les shampoings, lotions et poudres pour bébés contenant des phtalates peuvent leur être préjudiciables. Jusqu'à causer, à plus long terme, des problèmes de reproduction.

 Prudence de mise

 Les composants du PVC et du vinyle souple en particulier sont, par essence, dangereux, croit le Dr Avi Friedman, de la faculté d'architecture de l'Université McGill, qui fait profession de maisons à coûts abordables, évolutives, de communautés viables et de développement durable. Ces composants peuvent bien être stabilisés dans la masse, ils peuvent être pernicieux.

 Mais tout en s'interdisant de prendre la défense des matériaux en PVC, il constate qu'il n'y a pas d'études prouvant hors de tout doute qu'ils sont cancérigènes. L'impact économique de ce matériau est toutefois gigantesque. La demande est forte et les prix, abordables. De plus, il est sans entretien. Du moins pour les cadres de fenêtres.

 Le Dr Friedman croit, par analogie, qu'il n'existe nulle preuve qu'une ligne d'électricité de haute tension puisse provoquer le cancer chez les occupants de maisons situées dessous ou à proximité.

 Dans pareil cas, d'après lui, il y a une école de pensée, selon laquelle la prudence est de mise. Si on le peut et si on a le choix, il est préférable d'aller vivre ailleurs.

 Quant au PVC, qui, comme sous-produit du pétrole, n'entre pas dans le sillage du développement durable, on peut, pour se garder de tout risque, préférer, à l'intérieur, des revêtements de plancher de bois avec huile écologique, le linoléum ou les carreaux de céramique.

 La Société canadienne d'hypothèques et de logements (SCHL), pour sa part, ne se prononce pas sur la pertinence ou non de se procurer des matériaux en PVC.

 «Aux particuliers d'exercer leur libre choix. Bien que nous recommandons aux personnes très sensibles à l'environnement et à ses contaminants d'être très vigilantes quant aux produits qu'elles emploient dans la maison», met en garde Virginia Salares, recherchiste principale à la Direction politique et recherche de la SCHL.

 Le PVC, contenu dans le plastique, les rideaux de douche, les coussins et le couvre-plancher est, pour ces personnes, à prendre en garde.

 Moindre mal à l'extérieur

 Dehors, trouve l'architecte de bâtiments sains David Leslie, de Québec, le PVC est un moindre mal. Dedans, un système de ventilation très efficace peut contribuer à chasser au moins une part des émanations.

 Les assureurs de dommages, quant à eux, n'ont pas d'opinion quant à l'innocuité ou non du PVC. «Il s'agit d'un produit en vente libre que les particuliers doivent employer selon les recommandations des manufacturiers», fait part le conseiller en affaires publiques du Bureau d'assurance du Canada, Alexandre Royer.

 À l'Institut national de santé publique du Québec, on dit ne pas faire d'analyses fondamentales de pareils produits pour en tirer des conclusions touchant la santé publique. «Ce n'est pas du ressort de l'Institut», fait-on savoir.

 Enfin, le directeur des services techniques de l'Association provinciale des constructeurs d'habitations du Québec (APCHQ), André Gagné, est d'avis qu'il n'y a pas lieu de dramatiser les effets du PVC.

 «Nous sommes exposés, dedans et dehors, à une multitude de produits potentiellement cancérigènes. Le tout est question de concentration ou de temps d'exposition», plaide-t-il.

 Les fabricants, d'après M. Gagné, sont plus conscients de la nécessité de produire des matériaux sains. «Plusieurs, dans les panneaux de particules, n'emploient plus de colle phénol ou à dégagement de formaldéhyde», donne-t-il en exemple. Les mentalités, comme les produits, évoluent.