À les contempler: nombre de balcons centenaires de Montréal ont été admirablement bien entretenus au fil des ans. Quelques nouveaux, plus modernes, étonnent aussi. >> Balcons de Montréal: voyez des balcons parmi les plus typiques et les plus beaux de la métropole dans le reportage multimédia d'Isabelle Audet.

À les contempler: nombre de balcons centenaires de Montréal ont été admirablement bien entretenus au fil des ans. Quelques nouveaux, plus modernes, étonnent aussi. >> Balcons de Montréal: voyez des balcons parmi les plus typiques et les plus beaux de la métropole dans le reportage multimédia d'Isabelle Audet.

«Nos balcons vieillissent, c’est normal. Il faut cependant résister à la tentation de remplacer les balustrades d’époque par des pièces préfabriquées sans personnalité. On a aujourd’hui des rues entières qui sont ravagées par ce virus!»

 Dinu Bumbaru, le directeur des programmes à Héritage Montréal, ne mâche pas ses mots. Il se désole de voir une partie de l’histoire architecturale de la ville disparaître peu à peu.

Il y a un peu plus d’une centaine d’année, Montréal vivait un véritable boom démographique. Vite, il fallait loger les immigrants et les Québécois venus de la campagne dans de nouveaux édifices plus denses. S’inspirant des habitations du nord de la France, de l’Angleterre et de l’Écosse, nos architectes se sont convertis aux balcons.

 À défaut de profiter d’un espace vert près de la maison, les résidants de ces multiplex prendraient l’air en altitude.

«À la même époque, un nouveau règlement de la Ville forçait les propriétaires à construire leur immeuble en retrait du trottoir, ajoute Dinu Bumbaru. Avec l’espace ainsi libéré, les balcons allaient alors de soi.»

 Le bois tourné et le fer forgé ornemental enjolivent alors ces précieux petits espaces à l’extérieur. De grandes rues colorées naissent, et le soir, les couples veillent en regardant les passants.

Les matériaux de ces balcons ont beau être nobles, ils ne sont pas éternels. Par contre, un entretien régulier repoussera le remplacement de nombreuses années.

 «Même le fer forgé a besoin de soins, explique Jules Auger, architecte et auteur du livre Comprendre et rénover sa maison (Éditions Logiques). Si on l’entretient, il résistera au temps. Il est d’ailleurs déjà passé au travers de dizaines d’années!»

Dès l’apparition d’un peu de rouille, l’architecte suggère de sabler la surface sur fer avec une polisseuse à métal. Après une couche d’apprêt, il précise qu’une seule couche d’émail fera l’affaire. La dilatation du métal au gré des températures ferait craquer une épaisseur trop grande de peinture.

 «Il existe maintenant un fini mat pour la peinture pour le fer forgé, ajoute-t-il. L’effet est très réussi.»

Le bois aux petits soins

 Plus sensible aux intempéries, le bois demande des soins réguliers. Soumis à l’humidité depuis des décennies, les ouvrages en bois tourné de la ville ont tout avantage à être chouchoutés, croit Jules Auger.

«Les balcons du troisième étage sont plus à risque de se détériorer, explique-t-il. Rien ne les protège du soleil, de la pluie et surtout de la neige, qui y demeure tout l’hiver.»

 L’architecte suggère donc aux propriétaires de repeindre ou de reteindre leur plancher de bois chaque année. Pour les balustrades, la besogne peut revenir tous les deux ou trois ans.

L’automne est d’après lui le moment idéal pour sortir le pinceau : la température douce ne fera pas sécher trop vite la peinture.

 Et si la moisissure s’est installée? «Mieux vaut connaître ses limites, lance d’emblée l’architecte. Enlever une balustrade et travailler en altitude n’a rien d’une partie de plaisir. Ça peut devenir ardu, et même dangereux. Il existe des professionnels soucieux du patrimoine qui peuvent faire le travail. Il faut voir ça comme un investissement.»