L'émission La Facture a levé le couvercle sur les bactéries ferrugineuses, dont la formation gélatineuse est de nature à créer de sérieux ennuis aux drains de fondation des maisons. Or, dans l'agglomération urbaine de Québec, non seulement il y en a, mais il y en a plus qu'on ne le croit.

L'émission La Facture a levé le couvercle sur les bactéries ferrugineuses, dont la formation gélatineuse est de nature à créer de sérieux ennuis aux drains de fondation des maisons. Or, dans l'agglomération urbaine de Québec, non seulement il y en a, mais il y en a plus qu'on ne le croit.

 Tandis que Bernard Guillot de Drain Secours est surpris d'en voir dans de nouveaux quartiers résidentiels, l'inspecteur en bâtiment Mario Grondines (Habitation Expert-Conseil) constate qu'il y en a souvent dans les vastes lotissements plats. Aussi bien sur la rive nord que sur la rive sud du fleuve.

En fait, la bactérie fréquente les nappes phréatiques. Lorsque l'eau, montant des profondeurs, se meut dans un sol sablonneux ferrugineux, le micro-organisme gobe les infimes particules de fer. Sitôt que la nappe porteuse atteint de drain de fondation, l'air qu'il contient fait grossir les bactéries qui s'agglomèrent pour former une gelée ocre.

«En revanche, dans un sol argileux, les bactéries n'en mènent pas large. Elles sont atones, faute de fer», explique M. Grondines.

 Lorsque les bactéries ferrugineuses sont très actives, elles peuvent coloniser un drain dans le temps de le dire et le boucher en 18 mois. Lorsque leur niveau d'activité est moyen, il leur faut entre 15 et 20 ans. S'il est lent, jusqu'à 30 ans.

Pour venir à bout de tout ça, on nettoie le drain après avoir ouvert un «regard» et introduit une caméra. «On ne pousse pas la pâte visqueuse, on la pompe», insiste Bernard Guillot. C'est la solution la plus abordable. Prix : de 700 $ à 1000 $.

Ou bien on remplace - contre 70 $ à 100 $ le pied linéaire - le drain actuel par un autre plus performant. Son diamètre sera de 4 à 6 po, sa paroi intérieure lisse et ses perforations de plus grande taille. Une inspection périodique n'en demeure pas moins requise.

On peut aussi, suggère-t-il, couvrir la chape de béton du sous-sol d'une membrane qui montera contre les parois. À l'extérieur, une autre membrane sera contrecollée à partir de la semelle et le drain, réaménagé.

Ou bien, à gros prix, on lèvera la maison elle-même de quelques pieds. On montera les murs de fondation d'autant. On couvrira la dalle de béton de gravier sur lequel on en coulera une nouvelle. Le drain, à l'extérieur, sera à son tour relevé. L'objectif, ici, étant de désaccoupler les fondations de la nappe phréatique de sorte qu'elle n'ait pas d'impact sur le drain.

Ceci dit, M. Grondines pense que les constructeurs de maisons neuves devraient profiter de leurs chantiers pour mettre immédiatement en place des «regards» ou cheminées pour vérifications et travaux d'entretien ultérieurs du drain. Ce qui, selon lui, coûte une bagatelle.

Une même rue, deux histoires

Selon l'inspecteur en bâtiment, dans une même rue, il peut y avoir un problème de bactéries ferrugineuses sur une propriété, non sur une autre.

«Les fondations d'un cottage seront de huit pieds et auront la semelle dans l'eau. Celles d'une maison voisine à niveau décalé (split-level) ne s'enfonceront que de quatre pieds dans le sol et se déroberont à la nappe. Aussi bien qu'une autre érigée sur un promontoire», détaille-t-il.

De son côté, Bernard Guillot constate que les assureurs regardent les effets des bactéries ferrugineuses de plus près. Ils commencent à exiger le récurage du drain suivant la périodicité du risque de congestion. Autrement, ils pourraient ne plus couvrir les infiltrations d'eau par les fondations.

Partir à neuf

Mario Grondines croit qu'il serait opportun que les promoteurs fassent analyser soigneusement les sols dans lesquels ils veulent bâtir. S'il s'avère qu'ils sont colonisés par la bactérie ferrugineuse, ils feront en sorte que les fondations échappent à la nappe ou à la montée des eaux souterraines.

Un bon moyen de vérifier si un sol sablonneux est ferrugineux, suggère Bernard Guillot, est de procéder à l'excavation et de laisser le trou béant plusieurs jours d'affilée. Si des traînées (orange) de fer oxydé paraissent, il y a présence de bactéries ferrugineuses. Auquel cas, il faut amorcer la construction plus haut. Encore qu'on puisse plus commodément faire analyser l'eau du sous-sol par un laboratoire.

Inspecter sous le bouchon

Votre maison a moins de 20 ans. Sous l'entrée d'eau au sous-sol, il y a quelques bouchons. L'un d'eux, fait remarquer M. Grondines, permet de voir une partie de l'intérieur du drain de fondation.

Pour ce faire, il faut procéder en deux temps. On soulève un premier bouchon. Puis on en dévisse le second juste dessous. Ce dernier présentera toutefois une certaine résistance, prévient Bernard Guillot. Si le fond est ocre et gluant, joignez immédiatement un spécialiste. Votre drain a certainement besoin d'un grand ménage et d'un examen minutieux des composants de drainage. Ce, en faisant une excavation partielle.

Plan de garantie

Alors que la Régie du bâtiment trouve que les dommages causés par les bactéries ferrugineuses sont susceptibles de réclamations eu égard au Plan de garantie des bâtiments résidentiels neufs, la Garantie des maisons neuves (GMN) de l'APCHQ n'est pas d'accord. Cette dernière est d'avis qu'ils se dérobent à la couverture puisqu'assimilés à des sols contaminés. D'après l'organisme, la réparation des dommages est exclue aussi bien que le «remplacement des sols eux-mêmes».

De son côté, Garantie qualité habitation (GQH) de l'Association de la construction du Québec (ACQ) paraît préoccupée par toute cette conjoncture qui peut remuer l'industrie. Ses administrateurs se seraient rencontrés, cette semaine, afin d'y réfléchir et prendre position.