Construits à la fin du 19e siècle pour des raisons pratiques (ils permettaient un gain appréciable d'espace), les escaliers et balcons de fer ornemental donnent à Montréal une des facettes les plus remarquables de sa personnalité.

Construits à la fin du 19e siècle pour des raisons pratiques (ils permettaient un gain appréciable d'espace), les escaliers et balcons de fer ornemental donnent à Montréal une des facettes les plus remarquables de sa personnalité.

 En les construisant à l'extérieur, on ajoutait une pièce, voire deux, à l'habitation, à une époque où les familles étaient nombreuses. De plus, le balcon devenait par beau temps une pièce supplémentaire.

Amorti sur une longue période, un escalier et son entretien sont relativement peu coûteux: moins de 200 $ par année. Mieux vaut prévenir que guérir, donc. Un escalier négligé devra être remplacé au bout de cinq ou sept ans alors que, bien entretenu, il durera de 25 à 30 ans. Au-delà, le climat si typiquement canadien de Montréal aura eu raison du métal ouvré et il faudra songer à le remplacer.

Une inspection s'impose lorsque l'escalier présente des signes de vieillissement comme l'accumulation de rouille et une solidité de moins en moins fiable. On vérifie d'abord la base ancrée dans le ciment, ensuite le poteau ou la quille, qui supporte l'escalier, et les limons, qui sont la base sur laquelle reposent les marches.

Si la rouille, cet ennemi séculaire du fer, s'est attaquée à l'un de ces points stratégiques mais ne l'a pas percé, un bon grattage pourra sauver l'escalier. Mais si le fer est percé, le verdict est sans appel et il faudra tout remplacer. En règle générale, il n'y a pas beaucoup de demi-mesure lorsqu'il est temps de prendre une décision. Un escalier, il faut le garder ou le changer. À 130 $ de l'heure pour deux ouvriers, ne remplacer que les morceaux atteints par la rouille, disons le limon de droite, serait plus onéreux que d'acheter un nouvel escalier.

De 3000 $ à 5000 $

Un escalier neuf, installation et main-d'oeuvre comprises, peut coûter entre 3000 $ et 5000 $, selon la complexité du travail. Un escalier droit est évidemment moins cher qu'un escalier en colimaçon. Et un escalier galvanisé, c'est-à-dire immergé dans une solution de zinc afin de le rendre plus résistant, coûtera 35 % de plus. Les escaliers arrières, de leur côté, sont standards et coûtent environ 1500 $ pour un duplex et 3000 $ pour un triplex. Les entrepreneurs ont fait de bonnes affaires dans les années 80 lorsque les vieilles remises, dangereuses en raison des risques d'incendie, ont fait place aux escaliers, qui ont augmenté la luminosité des logements.

Le prix des balcons varie quant à lui selon leur forme et leurs dimensions, mais il faut compter plus de 1000 $ si on remplace la base et de 300 $ à 400 $ si on ne remplace que la rampe en fer.

En général, on choisit un modèle identique à celui qui est remplacé. Changer ce que le jargon du fer ornemental appelle la course (forme) de l'escalier nécessite un permis de la Ville, et il faut soumettre un plan dessiné par un architecte ou par l'entreprise qui réalisera les travaux. Il faut prévoir des coûts supplémentaires d'environ 200 $. Un escalier neuf aura été construit en atelier et monté en (grosses) pièces détachées sur place.

Il n'y a pas que la forme et la couleur qui font un bel escalier. Un escalier parfait est celui dont les contremarches sont égales. Quoi qu'il en soit, la meilleure protection c'est la peinture antirouille et il ne faut pas lésiner lorsqu'on l'applique sur le fer. Il faut au moins deux bonnes couches par-dessus la peinture d'apprêt. Il est recommandé de repeindre tous les deux ans au minimum, sinon la rouille grugera le fer. Un escalier en fer galvanisé nécessite peu d'entretien les premières années, mais après sept ou huit ans, il lui faut le même traitement que les escaliers non galvanisés.

Pour protéger les marches, par ailleurs, il faut appliquer de la peinture (antidérapante de préférence) tous les deux ans. L'hiver venu, il faut éviter d'installer des tapis qui collent trop à la marche, du style imitation de gazon. Ils ne font qu'attirer l'humidité et écourtent la durée de vie des marches. Il faut opter pour des tapis en fibre de coco, qui permettront au bois de respirer. Ce n'est pas compliqué, mais le respect de ces conseils prolongera sensiblement la durée de vie des escaliers et des balcons de fer ornemental.

La protection patrimoniale

Il est difficile d'imaginer Montréal sans ses escaliers et balcons si typiques, aux formes joyeusement anarchiques. Il s'agit d'un des trésors patrimoniaux de la ville, et pourtant ils ne sont pas protégés- ou si peu. La réglementation actuelle est sujette à interprétation et est le résultat d'une refonte de la réglementation de l'ancienne Ville et de ses nouveaux arrondissements. Ce règlement s'applique à l'ensemble du territoire montréalais, alors que les escaliers de fer ornemental se trouvent principalement dans le centre.

Seuls les immeubles désignés significatifs «à critères», c'est-à-dire qui doivent se soumettre à des règles précises, et situés dans les grands axes, comme la rue Saint-Denis, doivent respecter les directives du conseil d'urbanisme. Autrement, rien n'empêche un propriétaire de remplacer son escalier en fer forgé par un escalier en aluminium blanc ou d'un autre matériau de son choix. Ce qu'on exige des propriétaires, c'est qu'ils maintiennent en bon état l'ensemble des saillies (escaliers, corniches, etc.) des immeubles.