L'une est une vedette de la déco et des transformations, à l'antenne de Canal Vie. L'autre est une designer d'intérieur reconnue, que l'on voit aussi à la télé et qui anime un blogue pendant ses travaux. Toutes les deux nous racontent leur histoire de réno et nous livrent, dans la foulée, leurs conseils avisés.

Thérapie de couple

Saskia Thuot, bien sûr, est l'animatrice au sourire lumineux de l'émission Décore ta vie. Mais elle est aussi blogueuse, auteure et amoureuse de la déco. L'an dernier, pour l'émission Comment rénover... sans trop se chicaner!, elle entreprit des travaux avec son amoureux, le comédien Pierre-Alexandre Fortin. Elle nous résume les principales tribulations de son histoire de rénovation «à deux».

«C'était à la fin du mois d'août 2013. On venait d'acheter un condo en Floride et on avait déjà nos billets pour s'y rendre pour nos travaux lorsque la maison de production Zone 3 a décidé de nous suivre.», raconte Saskia Thuot, 41 ans, qui a, jusqu'à maintenant, réalisé quatre projets de rénovation avec son conjoint.

«On arrache tout»

Le condo du couple se trouve dans un complexe des années 60, à Lauderdale-By-The-Sea. Selon Saskia, l'aménagement intérieur n'avait probablement pas été retouché depuis une quarantaine d'années. «Il y avait des miroirs partout et du tapis sur les plinthes. C'était assez kitsch, esprit 70. Tout ce qu'on a gardé, ce sont les murs de division, mis à part ceux de la cuisine, que nous avons agrandie. Et, avec ma tête de cochon, j'ai insisté auprès de mon entrepreneur pour que les travaux soient terminés quelques jours avant Noël. On a travaillé comme des fous!»

Un budget et des imprévus

Le budget initial était d'environ 50 000$. «Et il n'y a eu aucune commandite dans l'émission. En fin de compte, nous avons dépensé 98 000$, payés de notre poche», tient-elle à préciser. Le double du coût estimé? «Des imprévus. Et j'ai fait quelques erreurs dans mon évaluation, reconnaît-elle. Par exemple, j'avais estimé le coût de la céramique à 2$ le pied carré, alors que celle que j'ai choisie valait 7$ le pied carré. Mais le pire, ce sont les imprévus.»

4000$ de plus dès le départ 

Dès le début des travaux, il a fallu régler une facture inattendue d'environ 4000$. «À peine les travaux commencés, notre entrepreneur, un Québécois qui habite la Floride, nous a appelés pour nous dire que la climatisation ne fonctionnait pas et qu'il fallait la changer. Mais c'est notre faute, dit-elle. On connaissait ce complexe en copropriété et on savait qu'il était bien entretenu. On n'a donc pas cru bon faire inspecter notre appartement avant de l'acheter.»

Sans compter les fenêtres 

«Au début, on ne voulait pas changer les fenêtres de la véranda (Florida Room), qui est ouverte sur notre salon. Mais pendant les travaux, on s'est dit qu'il vaudrait mieux les renouveler. Elles étaient en mauvais état et notre climatisation était neuve... Aussi, elles auraient détonné dans notre nouveau décor. Total: 15 000$!»

L'argent et la chicane 

«L'argent et les dépassements de coûts nous ont extrêmement stressés, confie l'animatrice. D'où l'importance de planifier. Mais malgré une bonne planification, il y a toujours des imprévus. Et tu t'emballes dans le feu de l'action. Alors, pourquoi ne pas prévoir une somme pour les régler? Je dirais un minimum de 20% de la valeur du projet.»

Mais encore faut-il parler des «vrais» chiffres? «J'avoue qu'il m'est arrivé de diminuer volontairement le coût des produits pour que Pierre (qui a tendance à dire non à tout) dise oui! Mais, c'est une erreur à ne pas répéter», admet-elle.

Le stress 

Outre les dépassements de coûts, la fatigue arrive en tête de la liste des sources de stress d'un chantier, croit Saskia. La fatigue et l'impatience peuvent miner l'ambiance et provoquer des prises de bec. «Pendant l'émission, nous avons eu de petites disputes, mais une fois, une grosse chicane a éclaté. J'ai alors demandé au caméraman d'arrêter. Il faut dire qu'on tournait toute la journée dans un environnement déprimant, rempli de poussière. Nos deux enfants étaient au Québec. Rénover peut être difficile émotivement. Bref, on était à bout! Mais aujourd'hui, on est super contents du résultat et, sincèrement, ça s'est bien passé!»

La clé? 

«Planifier et communiquer, rappelle Saskia. Bref, il faut respirer par le nez et éviter de s'y prendre à la dernière minute. Aussi, planifiez votre budget et vos travaux pendant un moment où vous vous sentez bien», suggère celle qui n'hésiterait pas à se lancer dans un autre projet de rénovation... «C'est plus fort que moi, j'adore ça!» termine-t-elle.

Photo fournie par Saskia Thuot

Le condo du couple, en Floride, avant les rénovations. 

Photo fournie par Saskia Thuot

La magnifique véranda de l'appartement en copropriété, après les travaux. 

Quand une designer rénove

Karyne Beauregard est une designer d'intérieur de plus en plus en demande. En plus de son bureau de design Entre 4 murs, elle offre ses trucs et conseils à la télé (CASA) et dans plusieurs publications. L'automne dernier, elle s'est lancée dans la rénovation de sa propre maison, une aventure «avec ses hauts et ses bas» qu'elle partage sur son blogue Karyne & ses rénos.

Propriétaire, avec son conjoint, d'une maison jumelée en copropriété, à Montréal, Karyne Beauregard, 39 ans, avoue: «Des rénos, ce sont des rénos, et ce n'est pas plus rose chez une designer», déclare-t-elle sur son blogue. Vraiment?

«J'ai dû composer avec un imprévu avant même d'entreprendre les travaux, a-t-elle admis lors de notre rencontre (dans sa cuisine en chantier).

«On voulait les commencer au mois d'août. Mais on a dû attendre jusqu'à la mi-octobre. En raison de l'agrandissement de la mezzanine, notre demande de permis a été soumise à l'analyse du comité consultatif d'urbanisme (CCU) de Rosemont - La Petite-Patrie, ce qui a retardé le début des rénovations, explique-t-elle. Cela a eu des conséquences sur les travaux extérieurs. Par exemple, les maçons ont accéléré la cadence avant l'arrivée du temps froid.»

On déménage! 

Plutôt que de vivre dans le chantier, Karyne et son conjoint ont décidé de louer l'appartement d'un ami, à proximité. «Tout le monde stressait un peu, les enfants avaient commencé l'école... On s'est dit qu'il valait mieux déménager et entreposer le mobilier. Une bonne décision, finalement, car l'entrepreneur peut travailler librement et plus efficacement. Sans compter que l'équipe arrive vers 5h30 le matin!»

Le secret? 

«Planifier, répond Karyne. Pour une rénovation majeure, il faut s'y prendre de six mois à un an d'avance. Sans compter qu'un designer n'est pas forcément prêt lorsque vous l'êtes. Chaque élément doit être prévu, calculé. Et imaginez le nombre de détails dans une cuisine, par exemple. Combien de fois on voit des gens rénover sans plan précis, puis se retrouver dans une cuisine où l'espace est insuffisant entre l'îlot et le comptoir? Résultat, on ne peut pas ouvrir complètement le lave-vaisselle! Et rien ne sert d'avoir des plans détaillés s'ils ne sont pas soigneusement suivis par votre entrepreneur.»

Besoin d'un entrepreneur général?

«Oui, dès que les travaux demandent l'intervention de plusieurs corps de métier. C'est un investissement (il faut prévoir environ 75$ l'heure), mais un entrepreneur général s'assure d'une bonne coordination des travaux. J'ai d'ailleurs un entrepreneur général pour mes rénovations. Chaque matin, je discute avec lui sur le chantier. J'assure un suivi du choix et de la livraison des matériaux, entre autres choses. Nous entretenons une bonne communication.»

Des écureuils sous le balcon

«Même avec des plans précis, des imprévus peuvent survenir. On avait remarqué que des écureuils s'étaient réfugiés sous la terrasse qui surplombe la chambre de l'un de nos deux garçons. Mais on ne croyait pas qu'ils avaient endommagé la structure de la terrasse. Conséquence: de l'eau s'était infiltrée et on a dû refaire une partie du mur de brique. Ce faisant, on a découvert que les fenêtres avaient été isolées avec... des sacs de plastique!»

L'erreur est humaine 

«Parmi les erreurs à éviter pendant un chantier, il y a les changements d'avis à la dernière minute. Il importe aussi de vérifier si tous les détails, y compris les accessoires, sont clairement indiqués sur les plans. Euh... de fait, à cause de l'effervescence des travaux, j'ai oublié de préciser qu'un robinet mural devait être installé dans la salle de bains du sous-sol. Je ne sais pas pourquoi, car il avait déjà été acheté. On a donc enlevé une partie de la céramique du mur pour installer le bon modèle.»

Il y a toujours des solutions 

Malgré tout, la rénovation, ce n'est pas forcément que des ennuis, non? «Au contraire! Il suffit d'être bien préparé et de s'assurer d'avoir une bonne communication, autant avec son conjoint qu'avec son entrepreneur. D'ailleurs, l'important est qu'une seule personne fournisse les indications à l'entrepreneur, lui fasse part des décisions prises au préalable avec le conjoint. Autrement, les informations risquent de se contredire et des erreurs (et des disputes) peuvent survenir. Même si c'est un stress, la réno, c'est un beau projet familial, car tout le monde participe. Mes enfants donnent leur opinion sur le design de leur chambre, en particulier. Et mon conjoint, qui est ingénieur, s'assure que tout soit non seulement beau, mais fonctionnel. Impossible d'y échapper: il y a toujours des imprévus pendant des travaux. Il faut alors réagir sans paniquer. Et de toute façon, si on travaille en équipe, on arrive toujours à trouver des solutions.»

Photo Robert Skinner, La Presse

La designer d'intérieur Karyne Beauregard s'est lancée dans une aventure familiale: la remise à neuf de toutes les pièces de la maison! On la voit en compagnie de son conjoint, Éric, et de leurs enfants, Zénon, 9 ans, et Thomas, 12 ans. 

Photo Robert Skinner, La Presse

La cuisine sera plus spacieuse, car une cloison a été abattue. Aussi, un grand îlot constituera l'élément central de la pièce.