Prenez des émissions culinaires et brassez-les avec des émissions de rénovation: vous obtiendrez des gens qui aiment cuisiner, mais dans un environnement bien adapté. Quitte à faire les travaux eux-mêmes! Depuis les plans jusqu'à l'exécution, plusieurs écueils peuvent se dresser en cours de route. Conseils et mises en garde de pros de la réno.

Sur le site internet d'une grande quincaillerie, un guide détaille en sept étapes la marche à suivre pour installer un dosseret dans sa cuisine en «quelques heures». Dans la section des commentaires de la page, un lecteur y va de ses critiques: pourquoi ne pas avoir indiqué que les carreaux de céramique ne sont pas toujours uniformes? Pourquoi avoir omis de dire comment contourner les «obstacles» que sont les prises de courant? Entre les lignes, on lit presque les jurons qu'il a échappés en tentant de réaliser le travail.

Ce bricoleur en herbe est loin d'être le seul à s'être lancé dans un tel projet: il est dans l'air du temps de rénover des pièces par soi-même, et plus encore de s'attaquer à la cuisine. À l'Association provinciale des constructeurs d'habitations du Québec (APCHQ), on reconnaît une «certaine tendance».

«Les gens sont de plus en plus informés, ont de plus en plus de connaissances techniques pour faire de la rénovation, note le directeur de la bannière Réno-Maître de l'APCHQ, Christian Perron. Mais l'exécution, c'est autre chose!»

Le plan, étape essentielle

Bien des vendeurs d'équipements de cuisine encouragent les clients à faire leurs propres plans. C'est le cas du géant suédois IKEA. En se présentant au rayon des cuisines, environ la moitié des clients arrivent sans plan préparé par un designer ou un architecte, dit Annie Colangelo, porte-parole d'IKEA.

«Les gens n'ont pas peur et sont autonomes, ils veulent le faire eux-mêmes. On encourage ça à 100%, poursuit-elle. Mais on encourage aussi les clients à convertir le plan en 3D, pour voir s'il y a des anomalies dans le plan de base. Avec l'aide du client, on arrive à quelque chose de bien à la fin.»

La designer Anne Tremblay reçoit parfois des coups de fil de bricoleurs qui appellent à l'aide après avoir tenté de redessiner leur cuisine, en vain. «Parfois, les gens ont essayé de faire des plans IKEA, mais ils n'ont pas compris parce qu'ils trouvent ça vraiment compliqué. Souvent, j'arrive à la rescousse au bon moment, quand ce n'est pas encore fait! Ils se sont rendu compte qu'ils ne sont pas capables de le faire.»

Les outils informatiques offerts par les détaillants pour dessiner des cuisines ont des limites, plaide pour sa part Christian Perron, de l'APCHQ.

«Ces plans sont faits en fonction d'espaces bien définis, très carrés. Malheureusement, un coin de mur est rarement très carré!», dit-il.

Dans le pire des cas, il y a ceux qui se lancent dans les rénovations sans plan établi. «C'est l'erreur la plus fréquente, estime Christian Perron. Sans plan, on risque fort de se retrouver avec des problèmes. Parfois, les gens négligent de calculer l'ouverture et le sens des portes. Ils intègrent un lave-vaisselle dans l'îlot et ne peuvent pas l'ouvrir parce qu'il est trop près de l'autre comptoir...»

Gérer le chantier

Signe des temps? L'hiver prochain, Canal Vie mettra en ondes une émission de rénovation qui viendra au secours des propriétaires qui «peinent à terminer les travaux d'une partie de leur maison».

«Les gens peuvent sous-estimer l'ampleur des travaux et le temps requis. Un couple peut vouloir faire de la rénovation et avoir hâte de profiter de sa nouvelle cuisine. Mais quand on travaille à temps plein, c'est difficile de tout faire», juge Christian Perron, de l'APCHQ.

Même pour des armoires à assembler, on peut facilement sous-estimer le temps nécessaire. Quand les professionnels mettront une ou deux journées pour installer une cuisine complète, les novices y passeront sensiblement plus de temps. «Il arrive que les gens décident de le faire en se disant qu'ils vont économiser. Mais parfois, ils auraient été mieux inspirés de payer 1000$», souligne Anne Tremblay.

Toutefois, gérer des rénovations, c'est aussi coordonner l'entrée en jeu des professionnels qui se présentent tour à tour. «Il faut s'assurer de bien planifier ses travaux, que chaque personne soit là à temps, souligne Christian Perron. Gérer des sous-traitants, c'est presque un art!»