Les architectes de l'agence parisienne Lode architecture ont réalisé un tour de force: réunir une cuisine, un séjour, une salle de bains, une chambre, des rangements et une buanderie dans... 270 pi2!

Surtout, ce loft - format maison de poupée - est à la fois confortable et invitant. Rencontré sur les lieux, dans une petite rue près de la gare Montparnasse, Jérôme Vinçon, architecte associé chez Lode architecture, m'ouvre la porte d'une ancienne loge de gardien habilement optimisée.

Une seule fenêtre

Dès l'entrée, une première chose surprend: il n'y a qu'une fenêtre dans cette habitation appartenant à un couple sans enfant et très occupé à gérer son restaurant.

«Cette unique fenêtre, orientée plein sud, constitue le point de départ du projet, affirme le concepteur. Nous avons tenté de guider la lumière du jour le plus profondément possible afin que la cuisine, le séjour et la douche puissent en profiter.»

Tout en hauteur

Les 270 pi2 (25 m2) de l'endroit se déploient sur quatre niveaux. Même compactée, cette propriété offre un étonnant sentiment d'espace. Astuce? «Nous avons mesuré la hauteur de la cave jusqu'au toit et déterminé combien de fois nous pouvions y loger l'être humain, explique-t-il. Nous nous sommes donc concentrés sur le volume plutôt que la surface. Tous les éléments devaient remplir une ou deux fonctions et rentrer au chausse-pied.»

D'où la bonne idée d'exploiter le palier de l'escalier en y installant la cuisine, à mi-chemin entre le rez-de-chaussée et la chambre au sous-sol. On peut y préparer un repas tout en faisant face à la fenêtre.

Cuisine de pro

Insérée dans un espace d'à peine 32 pi2, cette cuisine se devait d'être efficace et de niveau professionnel en raison du métier des occupants: Michel est chef et Gaëlle, maître d'hôtel.

«Michel avait accès à des spécialistes de l'acier inoxydable qui lui ont permis d'obtenir un îlot sur mesure réalisé avec de l'inox industriel et qui intègre notamment une plaque de cuisson et une cuve profonde», révèle l'architecte. Tout autour, des rangements bien pensés et multifonctionnels ont été aménagés. Exemple? Une fois ouverte, l'une des portes d'armoire se transforme en plan de travail. Sans compter la mise en place de gouttières murales sur lesquelles des casseroles et des accessoires peuvent être suspendus. Touche de luxe: la robinetterie de l'évier comme celle de la salle de bains sont de grande qualité. «Plutôt que d'être dilué sur une grande surface, le luxe est ici concentré», fait remarquer Jérôme Vinçon. Autre choix haut de gamme: les placards sont composés de chêne naturel trois plis, qui résiste mieux à l'eau et qui se déforme moins. Quant au parquet, il est en chêne clair massif.

Une matière, une couleur

Faute d'espace superflu, les concepteurs ont non seulement intégré le mobilier, mais réduit autant que possible la variété des teintes et des matériaux. Ainsi, le gris clair a été privilégié pour les murs. Ce qui participe à illuminer les lieux. Et une seule essence, le chêne, a été sélectionnée. Pourquoi si peu de diversité? «La volumétrie de l'espace et la façon dont les fonctions s'imbriquent sont déjà assez atypiques, il nous semblait inutile de les compliquer davantage. C'est pour cette raison que les couleurs et les matières passent au second plan», résume-t-il.

 

Plaisirs de l'eau

Littéralement suspendue au-dessus de la cuisine, la douche en porte-à-faux est dotée d'une grande paroi translucide permettant d'apercevoir la silhouette de celui ou celle qui l'utilise. Cabine de strip-tease? «C'est un moment de tension légèrement érotique qu'on souhaitait créer entre le séjour et la douche», avoue Jérôme Vinçon. Mieux, cette cabine de douche est pourvue de sources halogènes (avec gradateur) qui la transforment en lanterne, le soir. Évidemment, la partie inférieure de la fenêtre du séjour, située au niveau de la rue, est en verre dépoli. De cette façon, l'intimité des occupants est préservée.

Haut lit!

Nichée au sous-sol, la pièce d'intimité - aux murs aveugles - a été adroitement éclairée. Quant à la buanderie, elle se cache au fond de la penderie et comporte un lave-linge qui fait aussi office de sécheuse.

Enfin, le lit, sous lequel se trouvent des rangements, est particulièrement surélevé. Un atout?

«Oui, répond l'architecte, car s'asseoir sur un lit sans que nos pieds touchent au sol nous ramène à une taille d'enfant et peut devenir un avantage dans un espace bas sous plafond, enchaîne-t-il. Ainsi, nos repères sont brouillés et l'idée de la cave éliminée.»