À quoi sert d'avoir une grande maison si on n'en occupe qu'une petite partie? «On a tendance à construire trop grand en Amérique du Nord, affirme l'architecte Pierre Thibault. Pourtant, nos ancêtres, au XIXe siècle, étaient très efficaces. Beaucoup de leurs maisons auraient mérité une certification écologique LEED Or.»

M. Thibault a donné une conférence samedi dernier au Projet Écosphère, foire de l'environnement et de l'habitation saine, qui s'est déroulée à Brome en fin de semaine dernière.

L'architecte a démontré comment on peut construire un milieu de vie meilleur tout en utilisant les ressources de façon maximale. Il a décrit certaines de ses réalisations, notamment des résidences lumineuses, efficaces énergétiquement et intentionnellement très petites. Il a également discuté d'un projet d'habitation collective en cours, Cohabitat Québec. Dans cet ensemble multigénérationnel de 40 unités, la mise en commun d'espaces et d'équipements va de pair avec des logements plus petits - moins de matériaux et moins de chauffage -, une grande cour commune dotée d'un potager et un étang collecteur d'eau de pluie. La salle de jeu commune permet des échanges de gardiennage; les résidants ont accès à un petit atelier de menuiserie, à une bibliothèque commune, à une salle de lavage et... à des chambres d'amis.

Parmi les quelque 30 conférenciers du week-end, l'ingénieur Patrick Jetté, coprésident d'Habitation Kyo, a exposé les avantages et les pièges de différentes situations: choisir un plan modèle et le modifier, acheter une maison usinée, se faire dessiner une habitation sur mesure, confier la réalisation à un entrepreneur ou construire avec la famille et les amis. M. Jetté a aussi animé des visites d'une maison Kyo. Habitation Kyo se caractérise par l'utilisation maximale de la préfabrication et par une précision d'ébénisterie, «au 1/16 de pouce», soutient M. Jetté.

 

Photo: Habitation Kyo

Détail de la charpente Habitation Kyo. L'assemblage se fait par tenons et mortaises. On voit ici des goujons qui dépassent.

André Fauteux, éditeur du magazine La Maison du 21e siècle, a expliqué quelles seraient ses priorités, aujourd'hui, sur les plans des techniques et des matériaux, s'il devait construire une maison saine et écologique.

Un autre conférencier, Michel Renaud, qui conçoit des écosystèmes depuis 30 ans, a proposé d'utiliser le jardin comme porte d'entrée vers une nouvelle perception de son être intérieur. Influencé par la lecture des physiciens contemporains, qui affirment que la réalité est composée par l'observateur, ce biologiste, depuis deux ans, crée des jardins pour favoriser «une syntonie avec la nature».

D'autres noms du monde de l'habitat durable se sont fait entendre, parmi lesquels: Benoît Lavigueur («Comment entamer votre projet de maison écologique»), Gabriel Gauthier («La construction en chanvre»), François Nsenga («Le roseau commun pour une toiture de chaume»), Stéphane Bélainsky («Que penser de la pollution électromagnétique?»), Martin Malenfant («Chauffage solaire et planchers radiants») et Christian Petit («Urbanisme et changements climatiques»).

Pour conclure, la comédienne Sabine Karsenti, porte-parole d'Écosphère avec le comédien Emmanuel Bilodeau, ont fait observer: «Construire de façon écologique est un geste éthique qui, je l'espère, fera bientôt partie de nos habitudes au même titre que le recyclage.»

Mme Karsenti confie que l'arrivée d'un enfant a généré, chez son compagnon et elle, beaucoup de prises de conscience relatives à la qualité du milieu de vie. Le couple fait actuellement construire une maison à Montréal, «au-delà de la certification LEED». Les jeunes parents ont l'intention de rendre accessibles au public, notamment sur un site web, les façons de faire et les noms des fournisseurs à connaître lorsqu'on construit une maison saine et durable.