Lorsque la Commission d'urbanisme et de conservation de Québec (CUCQ) dévoile des permis de construction, elle ne se limite pas à l'application stricte et mathématique des règlements. Ses décisions sont basées sur des critères objectifs et des analyses qui donnent plus de latitude à la dizaine de membres de l'organisme visant la conservation et la mise en valeur architecturale des bâtiments.

Par exemple, si une maison de 1790 a été construite en planches de bois et qu'à côté il y a un édifice de logements datant de 1960 en brique américaine, explique Yves Couture, secrétaire de la CUCQ, «on ne peut pas dire par règlement que ce sera uniquement tel type de revêtement qui peut être utilisé. Il faut donc qu'il y ait une préoccupation de conserver le cachet ancien des bâtiments. Le comité d'experts prendra les décisions en conséquence pour les deux bâtiments en tenant compte des différences».

La CUCQ existe depuis 1925. Lorsque l'automobile est arrivée dans le Vieux-Québec, elle a provoqué des changements de paysages avec les démolitions, l'élargissement de certaines rues, la construction de l'édifice Price. Ces nombreux remous de modernisme ont amené le gouvernement du Québec à créer la Commission pour protéger le caractère de la vieille ville.

Jusque dans les années 90, Québec était une des seules villes ayant une commission du genre, avec des pouvoirs aussi étendus en ce qui a trait à l'apparence des bâtiments.

Depuis 2009, il y a eu des modifications et des ajustements à la juridiction de l'organisme, qui se concentre maintenant dans les secteurs construits avant 1950. Elle touche seulement 8 % du territoire maintenant, mais 20 % des bâtiments.

Dans certains secteurs, comme Saint-Roch, il y a eu des démolitions, des incendies, et des parcelles de terrains sont convoitées pour ériger de nouveaux édifices. La Commission s'assure donc que l'intégration des édifices soit cohérente avec le reste du quartier.

«L'idée générale, explique M. Couture, lorsqu'on construit un bâtiment neuf, [c'est qu'] on essaie de montrer qu'il s'agit d'une construction moderne. On ne veut pas avoir de faux vieux bâtiments. Il faut faire en sorte que la nouvelle construction accompagne bien le bâti existant et qu'elle respecte le cachet et les singularités du quartier. Il faut que l'on comprenne du premier coup d'oeil qu'il s'agit d'un bâtiment neuf avec des clins d'oeil au niveau des matériaux et des couleurs en rappel de ce qui existe autour.»

Arrondissements historiques

Dans les arrondissements historiques, les seules interventions autorisées sur les bâtiments sont l'entretien, la restauration et la réfection, mais pas la rénovation prise dans le sens de remettre à neuf.

Un propriétaire dans ces secteurs doit demander la permission au bureau d'arrondissement pour la plupart des travaux, sauf pour l'entretien léger. Il y a toute une différence entre repeindre deux ou trois barreaux du balcon après l'hiver et tout repeindre, même avec la couleur existante.

«Il n'est pas question de choisir la couleur à la place des propriétaires, souligne M. Couture, mais de donner des paramètres. Une couleur d'il y a 30 ou 40 ans ne correspond pas nécessairement aux critères du code des origines du bâtiment. Si les règles sont plus strictes dans les secteurs historiques, les propriétaires peuvent bénéficier de subventions pour faire les travaux dans le respect des traditions.»

Les subventions peuvent être de l'ordre de 40 %. Les fenêtres traditionnelles en bois coûtent plus cher que celle en PVC, et remplacer une toiture de tôle à la canadienne ou en tôle à baguette coûte pas mal plus cher que de la refaire en bardeaux d'asphalte, mais la première durera une centaine d'années.

Préserver le cachet

Dans les autres secteurs de l'arrondissement de La Cité-Limoilou, l'approche architecturale est plus souple. «Dans Saint-Jean-Baptiste, où certains bâtiments ressemblent à ceux du Vieux-Québec, on permettra le remplacement des fenêtres par des produits en PVC, mais on demandera que le modèle de fenêtre à installer respecte l'architecture du bâtiment.»

Toutefois, M. Couture souligne qu'il y a parfois plus de débats autour du revêtement extérieur pour maintenir la maçonnerie, car la Ville et la Commission souhaitent fortement le remplacement par des produits semblables. En général, les propriétaires occupants des quartiers centraux sont fiers de leur maison et de leur quartier, de sorte qu'ils conservent les murs de maçonnerie. Cependant, certains ne regardant que le côté économique, la tentation est grande de vouloir remplacer le mur de briques par un déclin ou un autre parement moins cher.

«Dans des situations où il faut défaire le mur de briques pour le reconstruire, ajoute M. Couture, les gens ont tendance à enlever la corniche de toit et les ornementations. Il faut convaincre les propriétaires de garder le cachet de la propriété comme à l'origine. Les grands enjeux sont de conserver la maçonnerie, qui, en plus d'être un matériau de qualité, demeure une question d'identité.»

C'est le cas dans le quartier Montcalm, par exemple. Accepter des produits d'imitation changerait complètement l'allure du quartier, amène-t-il. Dans Saint-Jean-Baptiste, ce sont les toits de tôle et, dans Limoilou, ce sont les escaliers tournants ou de fer ornemental.

Avant de signer un contrat pour des travaux, de s'engager pour quelques milliers de dollars, avant de démolir un mur ou, dans certains cas, de planter un clou, les propriétaires ont tout intérêt à s'informer auprès des fonctionnaires municipaux de leur arrondissement. Il existe plusieurs guides pour les propriétaires, que ce soit sur les quartiers centraux, les arrondissements historiques ou les sites patrimoniaux. Ils sont disponibles dans les bureaux d'arrondissement et ils devraient se trouver prochainement sur le site Web de la Ville de Québec.



Vinyle et CanExel ont la cote

Le parement de vinyle et le bois d'ingénierie comme le CanExel sont les revêtements les plus populaires lors de travaux de rénovation à cause des faibles coûts d'achat des produits, indiquent les préposés rencontrés dans quelques centres de rénovation que Le Soleil a visités. L'autre matériau qui a la faveur populaire est le fibrociment.

Les coûts du parement de vinyle sont en général peu élevés et varient de 1 $ à 1,85 $ le pied carré. Il y a aussi des produits bas de gamme à moins de 1 $ le pied carré.

Le prix du CanExel se situe entre 1,50 $ et 3 $ le pied carré, alors que le déclin de fibrociment vaut dans les mêmes prix, à quelques cents près.

Les matériaux les plus chers sont la brique et la pierre, dont les prix varient énormément, coûtant au bas mot dans les 20 $ du pied carré.

Ces prix, à titre indicatif, ne comprennent pas l'installation ni l'enlèvement du revêtement existant.

Chose étonnante, les gens rencontrés dans les centres de rénovation n'étaient visiblement pas au courant des règles municipales sur les types de matériaux permis et les marges latérales. Un seul a conseillé au journaliste de s'informer au bureau de la municipalité avant de mettre le chantier en branle. Yves Therrien

Photo Steve Deschênes, Le Soleil

Revêtement en bardeaux de polymère Novik.