Vous êtes sur le point de vous entendre avec un couvreur pour le remplacement du revêtement de votre toit. Si vous voyez, dans le projet de contrat, une disposition selon laquelle des travaux autres que ceux qui y sont précisés peuvent s'ajouter en cours de chantier, soyez sur vos gardes.

Pressez le couvreur de questions afin de savoir dans quoi vous vous embarquez.

Au bas du contrat, par exemple, vous pourriez y trouver cet énoncé : «Extra pour la réparation du pontage (*), si nécessaire». Ou, plus lourd de conséquence : «La vérification du pontage de bois, l'isolation et la ventilation seront faites lors de l'exécution des travaux. Ils pourraient donner lieu à d'autres travaux, lesquels ne sont pas inclus dans le présent contrat.»

«Interrogez le couvreur. Exigez des explications claires. Demandez-lui sur quoi il fonde ses appréhensions et combien tout ça pourrait coûter», suggère un conseiller en bâtiment de la région de Québec qui a voulu que son nom soit tu.

L'usage veut que certains établissent leurs devis ou leurs projets de contrat d'après un examen approximatif du toit sans même jeter un coup d'oeil dans l'entretoit.

«Pourtant, des grillages de ventilation [situés sous les débords du toit] obstrués, des têtes de clous rouillés, des cernes, un pontage moite ou ondulant en disent long sur la condition même de la toiture et sur l'opportunité d'exécuter ou non des travaux de réfection, hormis le changement de revêtement», continue-t-il. L'entretoit peut donc révéler pas mal de choses.

Même s'il y a des zones internes qui se dérobent au toucher et au regard, reprend-il, un couvreur d'expérience saura deviner, par sa compréhension de la juxtaposition des éléments de toiture, les problèmes et annoncer déjà, avec une certaine précision, leur nature, leur superficie, la façon de les corriger et à quel prix. Soit, par exemple, 2,60 $ par pied carré pour une superficie de moins de 32 pieds carrés et 1,50 $ par pied carré si le support doit être entièrement remplacé. De la sorte, le propriétaire aura une idée, assez proche de la réalité, des «extras» et de leur coût.

Si l'entretoit est inaccessible parce que l'entrée a été condamnée ou qu'il s'agit d'un toit plat sans accès, il faut tout de même voir dedans afin d'en juger. Dans le premier cas, on descellera. Dans le second, on percera des ouvertures à deux ou trois endroits, avec l'aide d'un professionnel toutefois.

«Pris en otage»

Un couvreur qui ne voit pas la nécessité d'inspecter l'entretoit et réserve son diagnostic quant aux «extras», afin de le poser lors de l'arrachage des premiers rangs de bardeau, une fois les échafaudages installés et le chantier commencé, est à craindre.

«Il aura le contrôle entier des extras. Il pourrait les déterminer à son gré et sans appel, au motif qu'il ne pourra garantir son travail. Et le fera, de surcroît, à son prix, qui serait sans doute exorbitant. S'il n'arrive pas à infléchir le propriétaire, pris en quelque sorte en otage, il pourrait ramasser ses outils, s'en aller et laisser derrière lui un chantier inachevé et des gens désespérés», met en garde l'inspecteur.

Si les clients ont l'obligation de bien lire leur contrat, afin de n'être pas pris dans une souricière, les entrepreneurs, pense-t-il, ont l'obligation de leur communiquer toutes les informations utiles après une inspection raisonnable des lieux et avant la signature du contrat. Ce faisant, ils appréhenderont, avec eux, les conséquences objectives et financières des «impondérables» ou «extras».

Chose certaine, selon le Code civil (art. 2102), tout «entrepreneur ou prestataire de services est tenu, avant la conclusion du contrat, de fournir au client, dans la mesure où les circonstances le permettent, toute information utile relativement à la nature de la tâche qu'il s'engage à effectuer ainsi qu'aux biens et au temps nécessaires à cette fin».

(*) Pontage : support de la couverture. Il est d'ordinaire en planche ou en contreplaqué. Plus précisément, il relie les fermes de toit, sert de surface de clouage ou de couchage du revêtement.