«Écolo ? Mais qui me le prouve?» Déjà songeur devant les étalages de tomates «bio «, le consommateur est maintenant confronté aux allégations vertes jusque dans la cour à bois. Comment se prémunir contre l'écoblanchiment (greenwashing)

«Il n'y a pas de vaccin contre l'écoblanchiment, répond Pascal Morel, directeur de Archibio. Il faut vérifier les étiquettes et les logos, comme pour les aliments. Dans le doute: on s'informe, par exemple à La Ruche (voir les ressources).»

Bio, écolo, durable... les mots sont utilisés à toutes les sauces, «car il n'y a pas de réglementation pour cette terminologie», commente Emmanuel Cosgrove, d' Écohabitation.

Voici quelques exemples d'écoblanchiment, sources d'humour féroce pour les écolos à l'oeil averti.

Une compagnie vante son bois soi-disant «écologique et durable», sur l'image d'une terrasse en pleine forêt (il a fallu couper des arbres), surmontée d'un spa, «ce qui signifie 50% de coûts de chauffage de plus par année», ironise Emmanuel Cosgrove.

Une étiquette de meuble indique: «contient 6% de matériau recyclé». «Ça n'est pas significatif», soutient M. Cosgrove.

Pour André Fauteux, éditeur du magazine La maison du 21e siècle, un cas flagrant d'écoblanchiment se trouve dans les produits parfumés «laissant entendre qu'ils rafraîchissent l'air alors qu'ils le polluent».

Peinture

S'il est un domaine qui demande du jugement, c'est bien celui de la peinture, nous mettent en garde les esprits exercés. «Certains fabricants soulignent leurs faibles émissions de COV, mais ils utilisent encore des ingrédients toxiques comme les éthers de glycol, dénonce André Fauteux. Il faut lire les fiches signalétiques sur les sites des fabricants.»

«Dans la peinture, ajoute Emmanuel Cosgrove, même un excellent label comme ÉcoLogo peut devenir désuet avec les années. Les pratiques évoluent. Ceux qui font les normes et décernent des labels apprennent, eux aussi.»

Un rénovateur qui fait valoir un toit vert ou un plancher de bambou, sans améliorer aussi l'enveloppe du bâtiment, jette de la poudre aux yeux, selon l'architecte Rob Miners: «S'il n'y a pas un effort global au plan matériaux et des économies d'énergie et d'eau, c'est trompeur!»

«Dans les salons de l'habitation, on entend souvent: «mon matériau est LEED»», rapporte Normand Roy, d' Équiterre. C'est trop facilement envoyé. Il se peut qu'il existe un autre matériau plus écologique qui ne donne pas de points LEED.»

M. Roy estime que l'analyse du cycle de vie est un outil précieux pour voir plus clair dans les allégations.