La masse de nouveaux propriétaires de duplex et triplex augmente. Les premiers acheteurs de condos se retrouvent dans des appartements de plus en plus petits. La question des nuisances sonores se pose. Qu'en est-il de cette «insonorisation supérieure» qu'on nous promet un peu partout?

Qu'on soit déjà propriétaire ou en voie de le devenir, on doit savoir distinguer entre bruits aériens et bruits d'impact. Les bruits aériens (indice ITS) sont transmis par la parole, la musique, la télévision, etc. Les bruits d'impact (IIC) sont causés par les talons, les raclements de chaises, les courses frénétiques, les rebonds d'un ballon sur le sol, la tuyauterie...

La distinction est importante, car le Code national de bâtiment du Canada exige un indice minimum de 50 ITS pour les murs et les planchers mitoyens (55 dans le cas d'un appartement). Aucun niveau minimal n'est requis pour les bruits d'impact, mais la recommandation est de l'ordre de 55 IIC.

De plus, les différentes nuisances sonores ne se traitent pas de la même façon. Ainsi: un tapis et un sous-tapis vont étouffer les bruits de pas du voisin du dessus, mais ne règleront rien en ce qui concerne les bruits aériens.

Demander conseil

Pour tout type de logement, on peut faire appel à un acousticien pour des tests. Celui-ci peut nous diriger sur les bonnes méthodes visant à diminuer le bruit.

Denis Raby, propriétaire d'une tour à logements à Sherbrooke, va plus loin. Selon lui, la clientèle devrait exiger les tests d'un acousticien payé par le constructeur si elle a des doutes sur la qualité de l'insonorisation. «C'est le minimum, si on achète un condo, il faut exiger ça», croit-il.

M. Raby a construit son immeuble locatif le Boisé Urbain en tenant compte des bonnes techniques d'insonorisation. «Sherbrooke, c'est un village. Je loue des logements haut de gamme.» À mi-chantier, il a fait faire les tests ITS et IIC. Les résultats sont décevants malgré des dépenses substantielles pour de nouveaux produits soi-disant efficaces et vantés par différentes compagnies. Il doit donc reprendre le travail d'une autre façon. C'est Jean Laporte, d'Acoustika Lab, qui le remet sur le droit chemin.

Selon M. Laporte, c'est l'assemblage des matériaux qui fera toute la différence, avant la qualité. «Les gens lisent de tout sur l'internet. Sur le Sonopan, la barre résiliente, le QuietRock - le gypse plus lourd - ou la laine plus ou moins dense. Mais ils ne comprennent pas leur problème. Nous, on pose un diagnostic et on leur propose des approches qui correspondent à ce qu'ils recherchent.»

Le conseil de Jean Laporte: quand il s'agit d'un nouvel édifice à condos, le constructeur possède des plans. On peut dès lors lui demander quels sont les indices ITS et IIC qu'il a ciblés avant d'acheter. «Quand un constructeur ou un promoteur nous donne 53 comme ITS, c'est supérieur à 50, mais faiblement. Au-dessus de 55, là je serais tenté de dire que c'est une insonorisation supérieure.»

RÉFÉRENCES

À titre indicatif, avec un ITS de 50, une musique forte sera audible, mais étouffée, alors qu'avec un ITS de 55, seules les basses fréquences seront toujours audibles.

www.caa-aca.ca (Association canadienne d'acoustique)

www.acoustikalab.com

Photo fournie par Acoustika Lab

Machine pour tester les bruits d'impacts.