Peut-on être autosuffisant au coeur du Plateau-Mont-Royal? Un artiste a gagé que oui.

Pour l'artiste Mario Lafrenais, l'autoconstruction était un moyen de satisfaire un désir d'indépendance. «Si jamais on a une autre crise du verglas, je veux pouvoir demeurer chez moi. C'est mon côté «survivor», explique celui qui est aussi à la tête de l'entreprise Moine Urbain. C'est pourquoi j'ai mis beaucoup l'accent sur le chauffage passif.» M. Lafrenais a récupéré l'espace de stationnement à côté de son cottage, dans l'arrondissement du Plateau-Mont-Royal, pour créer une annexe de deux étages, le bas pour un atelier et le haut comme salle de séjour.

Dès le début, M. Lafrenais s'est assuré, avec l'architecte Gabriel Rousseau, qu'il profiterait au maximum de l'astre du jour. «J'ai observé l'ombre d'un bâton, sur le terrain, pendant quelque temps, relate-t-il. Je ne voulais pas perdre le soleil dans ma cour.» Finalement, l'ajout, à la limite du trottoir, occupe 400 pieds carrés de terrain (20 pieds par 20) et laisse une cour de 800 pieds carrés, toujours très présente au-delà des murs totalement vitrés. Ces murs s'ouvrent pleinement grâce à quatre immenses panneaux: un qui pivote individuellement et les trois autres qui se replient en accordéon. À l'étage, le même système de panneaux vitrés est doublé d'un garde-corps, en vitre également.

Panneaux solaires récupérés

Sur le toit, huit panneaux solaires, récupérés d'un ancien immeuble gouvernemental, chauffent le liquide qui court dans la tubulure des planchers radiants, au rez-de-chaussée et à l'étage. Le système, qui chauffe aussi l'eau domestique, est renforcé par une bouilloire électrique, «mais elle n'entre pas en action souvent», affirme le propriétaire. En été, le surplus de chaleur des panneaux solaires sert à chauffer la piscine.

Un poêle à bois à combustion lente - provenant d'une cour de démolition - a été installé comme chauffage d'appoint. (C'était avant le nouveau règlement de la Ville de Montréal, qui interdit, depuis le 27 avril 2009, l'installation de tout appareil à combustible solide, à l'exception des poêles à granules certifiés.)

Ventilation et éclairage

La ventilation naturelle est favorisée par la conception «en mezzanine» de l'étage: le mur intérieur de la façade est à 3 pieds et 7 pouces de la mezzanine. Cette disposition crée un espace intermédiaire qui accentue l'effet de cheminée et permet d'évacuer la chaleur, en été, par un puits de lumière ouvrant sur le toit. Abondamment fenestré, cet espace apporte beaucoup d'éclairage naturel, aux deux paliers. À l'étage, on peut ouvrir près du plancher ou près du plafond les fenêtres donnant sur le sas, ce qui permet d'adapter la ventilation au temps qu'il fait. «Je craignais les surchauffes, en été, mais on n'a vraiment pas besoin de climatiseur, même en pleine canicule», se réjouit M. Lafrenais. En hiver, une partie de l'air chaud est entraînée vers la pièce du haut et une autre est repoussée au rez-de-chaussée par un ventilateur de plafond.