Dominique Le Borgne a consulté trois designers dans l'idée de refaire sa cuisine. «Je leur donnais pour mandat de maximiser l'espace de rangement et d'avoir une table bien éclairée. Ils répondaient à l'un ou l'autre critère mais jamais aux deux», relate-t-elle. Dans cette maison du début du siècle, à Outremont, la cuisine est carrée, traversée par une diagonale invisible qui passe du salon au corridor.

Insatisfaite des plans en U, des comptoirs en L ou en parallèle, autant que d'un îlot qui fournit du rangement mais qui a pour effet de reléguer la table dans une autre pièce, Dominique décide de trouver des solutions par elle-même. Avec un esprit scientifique, cette ingénieure munie d'un doctorat en ergonomie analyse sa cuisine sous quatre angles: la fonctionnalité, l'accessibilité, l'entretien et l'éclairage. L'esthétique doit aussi être au rendez-vous, pour cette femme entourée d'architectes et de designers dans sa famille.

Microdesign

Pendant deux ans, Dominique, observe ses habitudes, fait le tour des quincailleries, épluche les catalogues, échaffaude mentalement son projet. Et puis, ô bonheur... le plan devient limpide. La cuisine conservera sa forme carrée et sa table près de la fenêtre, mais elle passera à la moulinette d'un rigoureux «microdesign». L'espace de rangement est soigneusement positionné, subdivisé et récupéré même en des endroits généralement abandonnés: sous l'évier, au-dessus du frigo et même dans le corridor, où déborde délicatement une étroite prolongation du comptoir. Le quartz, l'épais stratifié, l'acier inoxydable: tout se nettoie à l'eau et au vinaigre. La fenêtre a doublé de surface, la porte du salon a été éliminée au profit d'une plus grande ouverture.

Photo: François Roy, La Presse

Insatisfaite des plans en U, des comptoirs en L ou en parallèle, autant que d'un îlot qui fournit du rangement mais qui a pour effet de reléguer la table dans une autre pièce, Dominique décide de trouver des solutions par elle-même.

Distance proximale

Tout est à portée de la main, autrement dit à «distance proximale» pour reprendre l'expression chère à l'ingénieure-ergonome. Aucune tablette, dans cette cuisine, ne niche plus haut qu'à 75 pouces du sol, niveau qu'atteint le pouce de Dominique lorsqu'elle tend le bras. «Les mécanismes modernes permettent de manoeuvrer en douceur des portes d'armoire et des tiroirs plus massifs, explique la maîtresse de maison. On élimine ainsi des caissons et des mécanismes, autant d'espace récupéré.»

Outre la largeur de ses portes, le double caisson du vaisselier est atypique à plus d'un titre. Pas plus profond que le diamètre de la plus grande assiette (11 pouces) il est posé plus bas et compte une tablette de plus que la norme pour sa hauteur (30 pouces). «Demandez toujours une tablette de plus et des trous d'ajustement sur toute la hauteur, recommande Dominique. Et il ne faut pas se gêner pour adapter les dimensions.»

Photo: François Roy, La Presse

Ce bloc de huit tiroirs, dont la section de droite se trouve sous la plaque de cuisson, montre six tiroirs ouverts. En largeur (57 pouces), deux tiroirs au lieu de trois. En hauteur: quatre tiroirs qui, de haut en bas, mesurent 5, 5, 10 et 10 pouces. «Au lieu des quatre tiroirs de 7 pouces conventionnels», fait remarquer la propriétaire. Les glissières «pleine extension» découvrent totalement les objets au fond du tiroir. «On récupère 15 à 20% d'espace, par les caissons et les mécanismes en moins, et 20% d'espace proximal avec la pleine extension», résume l'ingénieure-ergonome. Le système à ressort Blue motion (de Blum) procure une fermeture en douceur.

Électroménagers

Le réfrigérateur n'a que 24 pouces de profondeur, au lieu de 30. «Pas de gros objet qui dépasse du comptoir. Et on ne perd pas de vue les aliments placés au fond du frigo.» Avec une tablette supplémentaire (ici aussi!) et un compartiment congélateur à trois tiroirs, le frigo contient autant que les réfrigérateurs réguliers. La plaque de cuisson, dont les commandes sans relief répondent à une pression du doigt, est plus étroite que la norme mais avec les mêmes surfaces de ronds. Un espace de deux millimètres, entre la cuisinière et les tiroirs juste au dessous, suffit pour dissiper la chaleur. La hotte est étroite (un moteur puissant avec une grille au lieu de deux) avec un périmètre en vitre.

Dominique Le Borgne travaille comme ergonome dans les entreprises. Elle accepte des contrats de particuliers, qu'elle exécute avec sa partenaire architecte habituelle ou avec le professionnel du client. Sa compagnie: Ergev, www.ergev.ca

Photo: François Roy, La Presse

Cinq sections encadrent le réfrigérateur, autant de petites dépenses pas plus profondes qu'une boîte de céréales (10 pouces à l'intérieur). «Avec trois fois moins de volume qu'avant, j'ai beaucoup plus de place», se réjouit la maîtresse des lieux.

Les deux lourdes portes d'armoire, chacune de 43 pouces de largeur, se replient vers le haut en un léger coup de poignet, grâce à penture Aventos HF (compagnie Blum). Au bas du caisson, une bordure de deux pouces (au lieu d'un pouce) fait office de pare-lumière. Les luminaires dissimulés éclairent le comptoir et leur lumière rebondit sur le dosseret de céramique pâle, relativement haut, 18 pouces, pour des raisons d'esthétique et d'entretien. Une cornière de métal a été ajoutée sur les angles, pour éviter les marques.

Ce bloc de huit tiroirs, dont la section de droite se trouve sous la plaque de cuisson, montre six tiroirs ouverts. En largeur (57 pouces), deux tiroirs au lieu de trois. En hauteur: quatre tiroirs qui, de haut en bas, mesurent 5, 5, 10 et 10 pouces. «Au lieu des quatre tiroirs de 7 pouces conventionnels», fait remarquer la propriétaire. Les glissières «pleine extension» découvrent totalement les objets au fond du tiroir. «On récupère 15 à 20% d'espace, par les caissons et les mécanismes en moins, et 20% d'espace proximal avec la pleine extension», résume l'ingénieure-ergonome. Le système à ressort Blue motion (de Blum) procure une fermeture en douceur.

Les séparateurs (ici de marque Blum), rendent aisé l'usage des contenants. Sur la droite, un fil électrique alimente deux prises de courant installées dans le tiroir.

La zone des aliments. Cinq sections encadrent le réfrigérateur, autant de petites dépenses pas plus profondes qu'une boîte de céréales (10 pouces à l'intérieur). «Avec trois fois moins de volume qu'avant, j'ai beaucoup plus de place», se réjouit la maîtresse des lieux.

Photo: François Roy, La Presse

Les deux lourdes portes d'armoire, chacune de 43 pouces de largeur, se replient vers le haut en un léger coup de poignet, grâce à la penture Aventos HF. Au bas du caisson, une bordure de deux pouces (au lieu d'un pouce) fait office de pare-lumière. Les luminaires dissimulés éclairent le comptoir et leur lumière rebondit sur le dosseret de céramique pâle, relativement haut, 18 pouces, pour des raisons d'esthétique et d'entretien. Une cornière de métal a été ajoutée sur les angles, pour éviter les marques.

Évier ingénieux

«Imaginez le bonheur de laver un bébé ici!» lance Mme Le Borgne. Cet évier industriel, plus profond (10 pouces) que les éviers habituels, est doté d'un drain au fond à gauche au lieu du centre. Conséquence: le syphon loge dans l'épaisseur du mur, ce qui libère d'espace sous l'évier. Le robinet sans fioriture se nettoie d'un coup de chiffon. Le même savon doux sert pour les mains et pour la vaisselle.

Les ustensiles passent allègrement du lave-vaisselle au tiroir sous la cuisinière.

La zone des rebuts, sous l'étroit comptoir de 111/2 pouces aménagé dans le début du corridor. On voit ici deux tiroirs ouverts à pleine extension, contenant des poubelles d'hôtellerie Slim Jim (Rubbermaid), coupées à bonne hauteur (24 pouces) pour contenir un sac vert au rebord parfaitement rabattu. La première poubelle recueille les restes de légumes tombant de la planche à découper, et la seconde les objets destinés à la récupération. Plus à droite: deux tiroirs, celui du haut pour les journaux et cartons plats et celui du bas pour les bouteilles consignées.

La table en bois de teck se vendait comme mobilier extérieur, de même que les chaises légèrement basculantes, pour lesquelles Mme Le Borgne a pris les roulettes en option. Les pattes excentrées de la table permettent à six convives de se sentir à l'aise. «J'ai coupé la bordure pour que les bras de la chaise puissent passer dessous. C'est ici que nous passons des heures à refaire le monde! Je lis mon journal ici, j'y fais mes comptes. La cuisine est devenu l'espace le plus habité de la maison.»

Photo: François Roy, La Presse

Le mécanisme d'ouverture Aventos HF de Blum.