Les Laflamme habitaient en condo et cherchaient une maison depuis quelques années. En consultant les données MLS de l'industrie immobilière, madame tombe sur cette maison dans l'arrondissement de Saint-Laurent, grande, noble, patrimoniale... «Nous avons fait une offre d'achat le jour même, relate l'heureuse propriétaire. J'avais le coup de coeur. J'ai grandi à Outremont dans une maison qui ressemble à celle-ci.»

En mars 2007, la petite famille, formée de l'architecte Stéphane Laflamme, de sa compagne, de Xavier (18 ans), de Christophe (bientôt 16 ans) et du labrador Florence, emménage dans sa nouvelle demeure. L'intérieur avait été rénové... mais l'extérieur «avait sérieusement besoin d'amour», commente le nouveau propriétaire. Trois ans plus tard, la maison transformée reçoit un prix émérite de l'Opération patrimoine architectural de Montréal 2010.

M. Laflamme, qui a hérité de son père d'un certain talent d'ébéniste, s'est patiemment mis au grattoir, au pinceau et au plateau de sciage. Il a remis en état, remplaçant les morceaux qui devaient l'être, le bois du balcon à l'étage et de la vaste galerie du rez-de-chaussée. «Il me disait: "J'ai fait une fleur aujourd'hui", relate sa compagne. Ça voulait dire qu'il avait remplacé un motif.»

«Les voisins me disaient de ne pas lâcher, signale Stéphane Laflamme. Ils savaient toujours où me trouver!» Le balcon du haut, «tellement agréable pour prendre l'apéro», souligne sa compagne, a été couvert de dalles de bois traité sur le plancher.

Photo: Alain Roberge, La Presse

Les planches de la galerie ont presque toutes été réparées à leur extrémité, mais la plupart des lattes ont été conservées.

«J'ai arraché le vieux contreplaqué, explique M. Laflamme, enlevé la rouille de la plaque de métal, posé une membrane étanche et, finalement, les dalles de bois.»

La fibre «durable »

La fibre «construction durable» très développée - il a été un des premiers professionnels agréés LEED au Québec  -, Stéphane Laflamme conserve les matériaux autant que possible. On le constate sans peine sur la galerie: du côté opposé au mur, plus exposé aux intempéries, les extrémités présentent presque toutes un nouveau segment d'environ un pied, le reste de la latte étant demeuré intact.

La corniche de métal, faite par des artisans de l'époque et brune depuis longtemps, a été grattée et repeinte de couleur blanc cassé. «On voit maintenant beaucoup mieux les détails», fait valoir M. Laflamme. La porte de la façade a été repeinte en noir.

Photo: Alain Roberge, La Presse

Le balcon de l'étage: des garde-corps comme neufs et un plancher de dalles de bois traité.

«On a gratté et repeint grosso modo tout le bois et le métal extérieur, résume la dame de la maison: la galerie, la corniche, les colonnes, les tours carrées qui tiennent les garde-corps, le toit en baguettes au-dessus du grand balcon, qui a retrouvé sa couleur argentée d'origine.»

«Je suis assez fier du résultat, confie M. Laflamme. Une vieille maison demande qu'on soit à l'écoute de ses symptômes. Il faut aimer prendre soin de son patrimoine.»

D'autres projets?

L'étape suivante, encore à venir: la maçonnerie extérieure, bientôt prête pour un rejointoiement en règle. D'autres projets? «Peut-être un toit vert au-dessus de la cuisine, répond M. Laflamme. Il faudra voir si la structure est assez solide pour le supporter. Éventuellement, changer les fenêtres.»

Par ailleurs, la maison participe à un projet pilote de l'arrondissement, qui a fourni des bacs à récupération d'eau de pluie.

Photo: Alain Roberge, La Presse

Toujours sur le balcon du haut: coup d'oeil sur la toiture de tôle, repeinte de couleur argentée.