Ces hausses ont eu une répercussion sur le prix des matériaux de construction qui ont grimpé de 22 à 25 % en deux ans. Bien sûr, le lien n'est pas toujours direct et immédiat.

Ces hausses ont eu une répercussion sur le prix des matériaux de construction qui ont grimpé de 22 à 25 % en deux ans. Bien sûr, le lien n'est pas toujours direct et immédiat.

«Ça dépend des stocks. Les marchands essaient d'accumuler des stocks avant que les prix n'augmentent, afin de contrebalancer la hausse et d'atténuer les fluctuations. Il peut y avoir un décalage de plusieurs mois entre la hausse de la matière première et l'augmentation des produits sur les tablettes», explique Normand Dumont, premier vice-président commercialisation chez Rona.

Des surprises

Il n'en reste pas moins que ce printemps, les bricoleurs auront des surprises en arrivant au tiroir-caisse des magasins de rénovation. «Depuis un an, le prix des panneaux à copeaux orientés (OSB) a doublé. Il est passé de 8 ou 9 $ à 17 $. Les prix fluctuent énormément d'un mois à l'autre, parfois jusqu'à 10-15 %. Il faut vérifier constamment la liste de prix», rapporte Pierre Perreault, de Construction Fernand Perreault.

Les prix du contre-plaqué ont aussi bondi. «Une feuille de 4 par 8 coûtait environ 20 $ il y a trois ans. Le prix a grimpé à près de 38 $, puis il est redescendu à environ 29 $ aujourd'hui», dit Robert Gamache, de Construction Robert Gamache.

Cela est dû à la consolidation dans ce secteur. «Il y a 10 ans, on trouvait une dizaine de fournisseurs au Québec, alors qu'il y en a maintenant trois ou quatre. Il y a eu beaucoup de fermeture d'usines», explique Donald O'Hara, président de l'Association des détaillants de matériaux de construction du Québec (ADMCQ).

Le prix du bois traité, utilisé pour la construction de clôtures ou de patios, a aussi augmenté de 5 à 10 % depuis 12 mois, estime M. Dumont.

Le secteur de l'ébénisterie n'échappe pas à la hausse. «Il y a beaucoup de demande. C'est devenu très dispendieux. Pour avoir une belle cuisine en bois massif, il faut mettre au moins 400 ou 500 $ du pied linéaire, sans compter l'installation. Il y a cinq ans, on trouvait la même chose à seulement 300 ou 350 $», évalue M. Gamache.

Pas coulés dans le béton

Exclusion faite du bois, quatre autres matériaux sont responsables d'environ 80 % des coûts de construction, explique M. Dumont. Il s'agit du bardeau, du gypse, de la laine isolante et des panneaux d'isolant rigide. Or, les prix de ses quatre éléments ne sont pas restés coulés dans le béton.

Les prix du bardeau et du gypse ont grimpé de 8 % et 12 % respectivement en 2004, et sont restés stables en 2005, rapporte M. Dumont.

Cependant, le bardeau se trouve souvent en solde. «Bien des marchands s'en servent comme produit d'appel (lost leader) pour attirer les consommateurs», dit M. O'Hara.

Le prix des feuilles de placoplâtre est à la hausse à cause d'une dynamique particulière. «La demande de constructions neuves a explosé. L'industrie avait sous-estimé la production nécessaire. À cause de fermetures d'usines, on s'est retrouvé en rupture de stock, avec des délais de livraison plus long», explique M. O'Hara. Mais ce sont les isolants qui ont le plus augmenté. Le prix de la laine minérale a bondi de 36 % en 2004 et de 6 % en 2005, avance M. Dumont.

Un détaillant comme Rona avait accumulé des stocks, alors la hausse des prix au détail a été limitée à 20 % sur 12 mois. Quant aux prix des panneaux d'isolant rigide, ils ont grimpé de 17 % en 2004 et de 5 % en 2005, indique Normand Dumont.

Électricité et plomberie

Les prix du matériel d'électricité et de plomberie ont pour leur part augmenté d'environ 30 %. En seulement 12 mois, le prix du filage de cuivre pour l'électricité a progressé de 10 à 14 %. Pas étonnant puisque le prix de la matière première, le cuivre, a augmenté de 21 % depuis un an.

Les plombiers utilisent de leur côté soit des tuyaux de cuivre, soit de la tubulure de plastique. Or, le prix des tuyaux de plastique a grimpé presque autant que celui des tuyaux de cuivre à cause de la hausse du prix du pétrole, qui entre dans la fabrication du plastique.

«Il n'y a pas si longtemps, en plomberie, le coût du matériel représentait le quart du coût de la main-d'oeuvre. Maintenant, c'est 50 %», précise M. Gamache. L'augmentation du prix du pétrole a une influence sur une foule de produits et services. Ainsi, les travaux d'excavation coûtent environ 15 % plus cher, à cause de la hausse du prix du carburant et donc, du coût de fonctionnement des équipements, explique M. Perreault.

L'augmentation du prix du pétrole a même un effet sur le coût des publipostages que les marchands de matériaux de construction utilisent pour faire leur publicité! Coût de transport oblige. Évidemment, cette facture est refilée indirectement aux consommateurs.

La Chine qui fait fondre les prix

Certains matériaux, par contre, sont vendus de moins en moins cher. La concurrence de producteurs étrangers, notamment de la Chine, a fait fondre les prix.

Par exemple, Donald O'Hara rapporte qu'on peut dénicher présentement du bois franc de qualité «rustique» (inférieur à la première qualité) en merisier entre 2,49 $ et 3,19 $ le pied carré, presque la moitié du prix affiché il y a 18 mois à peine (4,50 $ à 4,99 $).

Les prix du plancher flottant sont aussi en forte baisse. On trouve du plancher à 98 cents le pied carré, par rapport à 2,29 $ il y a trois ans, note M. Dumont.

Le plancher flottant est un produit relativement nouveau, une solution économique devenue très à la mode. Comme pour n'importe quelle innovation à succès, de nouveaux producteurs sont apparus et les méthodes de production se sont raffinées pour devenir moins coûteuses.

En outre, la concurrence chinoise a énormément contribué à la baisse des prix des luminaires. Aussi, on trouve désormais des outils à très bas prix. Par exemple, on peut se procurer une perceuse sans fil à 39 $, alors qu'on devait dépenser entre 150 et 300 $ il n'y a pas si longtemps encore. Mais les outils bas de gamme fabriqués en Chine ne se comparent pas à ceux des grandes marques, avertissent les connaisseurs.

Toutefois, Normand Dumont assure que les exportations de la Chine ne constituent pas plus de 5 % des produits offerts chez Rona, par exemple, et ils sont principalement concentrés dans les rayons saisonniers, comme les meubles de jardin ou les décorations de Noël.